samedi 24 février 2007

La danse de l'albatros


Théâtre Montparnasse
31, rue de la Gaîté 75014 Paris
Tel : 01 43 22 77 74
Métro : Gaîté ou Edgar Quinet

Une pièce de Gérald Sibleyras
Avec Martin Lamotte, Jean-Michel Dupuis, Christine Gagnieux, Alexia Barlier
Mise en scène de Patrice Kerbrat

L'histoire : Suite à un malaise cardiaque, Thierry (Martin Lamotte), 45 ans, est parti se "reposer" dans la maison de campagne qu'il vient d'acquérir. Zoologiste, il est sur le point de sortir un ouvrage sur les espèces en voie de disparition. Sa soeur Françoise (Christine Gagnieux) et leur vieux copain Gilles (Jean-Michel Dupuis) sont venus le rejoindre. Thierry ne supporte pas que l'on évoque son problème de santé. Il ne supporte pas grand chose d'ailleurs. Survolté et atrabilaire, il explose pour un rien. D'autant que sa soeur ne cesse de critiquer son idylle avec la jolie Judith, une toute jeune femme de 22 ans, une relation qui n'est pas faite a priori pour lui apporter beaucoup de repos. Si Françoise se montre aussi vindicative avec son frère c'est qu'elle vient, elle, de décider de divorcer. On sent que Thierry et Françoise s'adorent, mais qu'ils ont pris l'habitude chronique de se chamailler pour un oui ou pour un non. Quant à Gilles, un personnage un peu falot et foncièrement pacifique qui leur sert le plus souvent de souffre-douleur, il vit une relation toute platonique avec une collègue de bureau. Or, à l'occasion d'un colloque dans les Vosges, Thierry a retrouvé Laurence, une ex, et il n'est pas resté insensible à ses charmes et à son âge plus en harmonie avec le sien. Notre albatros va-t-il se laisser mazouter ou prendre un nouvel envol ?
Mon avis : Un signe qui ne trompe pas : on est surpris quand les comédiens viennent saluer. Déjà ? Le rythme de cette pièce est tellement enlevé que l'on n'a pas vu passer le temps.
Dans un décor minimaliste mais fort ingénieux, les trois personnages principaux rivalisent de saillies, de répliques assassines, de lieux communs avec le couple pour thème principal. C'est un véritable ping-pong verbal, nourri de phrases mordantes, de déclarations péremptoires, de vacheries gratuites, de réflexions cinglantes. Ils nous sont sympathiques, ces quadras bobos, parce que l'on se retrouve forcément en eux. Ils ont les mêmes problèmes sentimentaux, les mêmes petites lâchetés comportementales, les mêmes velléités de bonheur.
L'alabatros est un rôle en or massif pour Martin Lamotte. Ronchon, coléreux, adepte de la mauvaise foi, il est monté sur ressorts, il parcourt la scène de long en large à petites enjambées nerveuses et saccadées. Dès qu'on touche à son pré carré, il a la défensive outrancière. Sa parodie de la danse de séduction du palmipède est un grand moment de drôlerie. Et puis il y a sa voix ; haut perchée, avec un débit de mitraillette. Il est comme un poisson dans l'eau ; une sacrée gageure pour quelqu'un chargé d'incarner un drôle d'oiseau...
Jean-Michel Dupuis est remarquable de jeu tout en retenue. Il ne veut froisser personne, il veut faire plaisir à tout le monde. C'est un vrai gentil, aimable et discret. Même ses indignations sont édulcorées. Son calme et sa réserve sont en totale opposition avec les fulgurances explosives de Martin Lamotte, ce qui les rend d'autant plus spectaculaires.
Christine Gagnieux est excellente dans ce personnage tour à tour sentencieux, quand elle admoneste son frère, et désemparé, quand elle doit évoquer son désir de divorce. Il n'y a qu'elle qui croit qu'elle est une rebelle. Et elle possède une fort jolie voix de théâtre qui part très agréablement dans le grave.
Quant à Alexia Barlier, elle fait à la perfection ce pour quoi elle est là : elle est très jolie, très juvénile. Ce qui ne l'empêche pas de nous sortir une touchante scène d'émotion. Elle est très prometteuse.

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