vendredi 14 août 2015

Christelle Chollet "Comic-Hall"

Grand Point Virgule
8bis, rue de l’Arrivée
75015 Paris
Tel : 01 42 78 67 03
Métro : Montparnasse-Bienvenue

Ecrit et mis en scène par Rémy Caccia
Lumières d’Erwan Champigné
Chorégraphies d’Odile Bastien
Musiciens : Raphaël Alazraki (guitare), Pascal Miconnet, Jérémie Jougniaux (piano)

Présentation : Au début de sa carrière, Christelle Chollet rêvait de faire de la comédie musicale. Elle a passé des dizaines d’auditions, mais n’a jamais été engagée : trop déjantée, trop blonde, trop drôle, trop musclée, trop rebelle, trop décolletée bref, trop, trop…
Pour son troisième one woman show, elle réalise son rêve en créant sa propre comédie musicale : très déjantée, très blonde, très drôle, très musclée, très rebelle, très décolletée bref, très, très…
Comic-Hall, c’est tout Broadway dans 1 m 60 et 48 kilos !

Mon avis : Le tandem Rémy Caccia et Christelle Chollet a encore frappé. Et frappé fort, très fort… Rémy dans l’ombre et la plume à la main ; Christelle dans la lumière et la plume… Et bien non ! La blonde hypertonique a délaissé short, blouson, boa et fanfreluches pour une très élégante queue-de-pie. LA CLASSE…
On se demandait, après ses deux précédents spectacles à succès, dans quel univers elle allait cette fois nous emmener. Elle nous l’apprend dès son entrée en scène. Frustrée de s’être faite bouler aux nombreux castings de comédies musicales auxquels elle s’était présentée, et bien et a décidé de se l’offrir toute seule SA comédie musicale. Toutes frisettes dehors, elle ne nous laisse pas languir. Elle attaque carrément par un gros morceau : New York, New York. Ça lui permet de nous prouver d’emblée qu’elle possède un organe hors du commun en poussant la note à des hauteurs à faire pâlir Liza Minnelli herself. Après cela, la barre vocale ayant été placée tout en haut, elle n’a plus besoin de verser dans la démonstration ou de chercher la performance à tout prix. Cueillis à froid, les spectateurs connaissent le grand frisson dès les préliminaires. Ils sont conquis, ils sont acquis. La Chollet peut désormais s’amuser avec eux et les emmener là où elle veut.

Entourée de deux musiciens héroï-comics, elle va nous raconter sa vie pendant près de deux heures. Pas très autobiographique sa vie. Elle mélange avec ses expériences personnelles avec quelques destinées célèbres. Elle se permet quelques petites licences en inventant une sorte de conte fantastique. Telle le Petit Poucet dans les bois, elle nous balade en semant ça et là une kyrielle de petits détails qui sont pour nous autant de facétieux repères. Des figures familières surgissent au détour d’un arbre. Certaines appartiennent à notre patrimoine enfantin, d’autres sont tout à fait contemporaines. Chaque chemin emprunté possède son tableau d’affichage, sa thématique. C’est après qu’elle emprunte moult sentiers de traverse. Vous, sentiers ? J’en suis fort aise. Et bien chantez maintenant ! Et elle chante. Elle chante en explorant les genres. Comme elle excelle dans tous les registres, elle nous fournit un programme très éclectique. Personnellement, je ne la trouve jamais aussi bonne que dans le répertoire jazzy-swing et dans les ballades. Là, elle me fait toucher le ciel. Pourtant, elle s’avère tout aussi efficace en confrontant plusieurs générations de rappeurs ou dans la bonne vieille chanson française. Mais elle n’aime rien tant que de dénaturer, de s’aventurer là où on n’oserait pas l’attendre. Faire du Guy Béhard rock par exemple… Ou d’hispaniser Mylène Farmer.

Christelle Chollet et Rémy Caccia
Le texte de Rémy Caccia est très intelligent, très malin, truffé de bonnes idées. Il fait montre d’un sens de l’observation très aigu, satyrique, impertinent, et même vanneur. Et toujours drôle. Christelle sait le mettre en valeur avec ses dons de comédienne, son sans de la rupture, son œil qui, comme son cheveu, frise, son sourire tour à tour mutin et enjôleur. Christelle Chollet est une fille facile. Dans le sens noble du terme. Facile en ce sens où elle sait tout faire en donnant l’impression que c’est naturel. Et pourtant, il y en a du travail en amont ! Le terme « bête de scène » est hélas tellement galvaudé, c’est cependant le plus précis que l’on puisse employer pour qualifier sa performance. Tant sur le plan physique que vocal.

Elle est parvenue à un stade où il est temps désormais d’envisager de métamorphoser son nom en « Christelle Showllet ». L’aspect show est tellement évident, confondant, jouissif. Comic-Hall est un spectacle total. Tout le monde, toutes générations confondues, y trouve son compte ; et son conte aussi.
Je ne veux pas en dévoiler plus. Sachez que Christelle peut passer sans transition d’un grand moment de folie pure à une plage d’émotion intense. Dans le premier cas, on se poile, dans le second, on les a grave, les poils…
Je me refuse à être complaisant. J’ai toujours essayé d’être honnête, objectif et sincère dans mes jugements. Mais ça fait belle lurette que je suis devenu un inconditionnel de cette jeune femme pétulante, touchante, généreuse, infiniment drôle et monstrueusement talentueuse. Elle me surprend et me ravit à chaque spectacle. Et pourtant, je la cherche la petite bête. Là, une fois encore, je n’ai trouvé qu’une formidable bête de scène…


Gilbert « Critikator » Jouin

Aucun commentaire: