mercredi 7 novembre 2012

Raphaël


Super Welter
(Virgin/EMI)

Jusqu’à présent, je n’étais pas trop « raphaëlite ». Dans ses précédents albums, il n’y avait guère que deux ou trois chansons qui me séduisaient. Cette fois, avec Super Welter, son nouvel opus, il m’a plutôt agréablement surpris. En tout cas, il m’ vraiment titillé l’oreille.
C’est un album homogène à tous les niveaux. Tant au niveau des textes que de son climat musical général. Je l’ai entièrement perçu en noir et blanc avec une forte prédominance de gris sale. On est loin de l’image lumineuse et angélique du jeune homme.
Je l’ai passé plusieurs fois. Et plus je l’écoutais, plus j’y percevais un certain plaisir. J’aime bien cette ambiance désenchantée, avec ses images cinématographiques. En conclusion, j’ai plus été charmé par l’atmosphère très personnelle, un peu morbide de cet album que par les paroles des chansons. C’est un album « climatique » porteur de gros nuages lourds. Comme si notre « Super Welter » voyait la vie avec un œil au beurre noir…
Pour paraphraser Christophe, Raphaël a commis là un album « beau bizarre »

Manager
Ambiance originale. Interprétation véhémente, limite essoufflée, comme quelqu’un qui s’’entraîne, cogne et tourne autour d’un sac de frappe. On le sent prêt à l’affrontement. Mais son combat tient plus du shadow boxing contre un adversaire particulièrement insaisissable et imprévisible : l’amour.

Déjà vu
Une voix aérienne, éthérée, accompagnée d’étranges bruits de machines et de sons métalliques. L’effet est bizarre, mais il a son charme. Sans qu’on en comprenne bien les paroles, le résultat est intéressant. En l’écoutant, j’ai pensé que cette chanson aurait pu illustrer musicalement Les Temps modernes de Chaplin.

Peut-être
Dans ce CD, Raphaël s’est vraiment amusé avec sa voix. Cette fois, il va dans les tons graves, ce qui s’accommode parfaitement à ce titre sombre et crépusculaire. Sans doute une des plus belles chansons de l’album.

Mariachi Blues
Ma préférée. Rappelle l’atmosphère martelée de Déjà vu. Mais l’interprétation en diffère totalement. Raphaël nous distille pratiquement un slam en hommage au « bon vieux rock’n’roll », avec références aux « fantômes » d’Elvis Presley, Gene Vincent et… Edith Piaf, qui se termine carrément en fanfare. Petit refrain sympa avec, en leitmotiv, « fallait-il qu’on l’aime » cette sacrée musique.

Asphalte
Ce titre lancinant, qui fait furieusement penser à Alain Bashung, suinte la solitude, la quête de l’autre et la recherche de soi-même. Il se termine de façon totalement inattendue avec l’irruption de chœurs légers.

Noire Sérénade
Je ne sais pas pourquoi, à l’écoute de ce titre, j’ai entendu un mélange de Chacun fait c’ qui lui plaît de Chagrin d’amour et de A bout de souffle de Nougaro. Peut-être parce qu’il est à moitié parlé ? La prépondérance des cordes apporte justement la touche « noire » annoncée.

Quand j’aimais vraiment
Là encore, Raphaël a pris tous les risques. Pas facile chanter faux volontairement. Quoique la mélodie, désaccordée, a dû l’y aider. Mais ce ton désinvolte amène une sorte de sincérité dans l'abandon et le dépouillement de soi.

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