samedi 21 novembre 2015

Jean-Marie Bigard "Nous les femmes"

Les Folies Bergère
32, rue Richer
75009 Paris
Tel : 08 92 68 16 50
Métro : Grands Boulevards / Cadet

Seul(e) en scène écrit par Jean-Marie Bigard, Fabien Delettres, Jérôme Barou

Présentation : L’humoriste fête comme il se doit son dixième spectacle. Pour l’occasion, il donne la parole à la gent féminine. Il endosse donc un costume de femme et fait son premier one woman show… Les hommes vont en prendre pour leur grade, et lui le premier !

Mon avis : Nous les femmes, le dixième spectacle de Jean-Marie Bigard est, en fait, un deux en un car, pour le prix d’un billet, vous avez droit à deux artistes sur la scène des Folies Bergère.
En première partie est en effet programmée une « artiste » qui effectue à plus de 60 ans ses premiers pas dans l’univers du one woman show. Je pense que le prénom qu’elle nous propose est un pseudo. En réalité, j’ai l’intime conviction que cette brave dame n’est autre que Jeanne-Marie la sœur jumelle cachée de Jean-Marie Bigard… Cela n’engage que moi bien sûr, mais il y a trop d’éléments qui m’ont amené à le subodorer. Leur gémellité est autant comportementale que verbale. Sous la robe d’un rouge éclatant qui fait mal aux yeux, se cache une matrone de fer au langage fleuri, forte en gueule et en indignations. Une authentique virago, quoi (Petit Larousse : femme d’allure masculine, autoritaire et criarde) !


Après nous avoir raconté ses trois mariages, tout en prodiguant quelques « sages » conseils à sa nièce de 18 ans, elle commence à régler ses comptes avec la gent masculine. Bien que néophyte dans le métier, elle frise visiblement l’orgasme quand elle se fait huer par le public masculin. Ne mâchant pas ses mots, pleine de bon sens et se réfugiant derrière une logique irréfutable, elle évoque les nombreux sujets de conflit opposant les deux sexes. Et, lorsqu’elle va jusqu’à aborder le problème de la sodomie, ce n’est pas sans fondement…
Pourtant, en dépit de ces propos gaillards, elle laisse parfois filtrer une vraie tendresse, particulièrement à l’adresse de feu son troisième mari.
Vous l’aurez compris, pour un coup d’essai, cette artiste débutante a réussi un coup de maîtresse (femme). Et elle mérite amplement les applaudissements nourris qui accompagnent son départ en coulisses.


Pour la deuxième partie, c’est Jean-Marie himself qui reprend la main. Fort de cette transposition (du missionnaire), il s’appuie sur les propos de sa devancière pour énoncer une sorte de mea culpa plus ou moins sincère quant à son attitude parfois un peu abrupte vis-à-vis des femmes. Mais, passé ce court moment de faiblesse, le mâle se rengorge de nouveau du jabot, et le naturel reprend le dessus. Bigard fait du Bigard. Même s’il consacre un long chapitre à sa double paternité, son langage, imagé et vert, est toujours aussi peu châtié. Notre chevalier paillard repart à l’assaut de toutes les barrières érigées par la bienséance. On retrouve tous les mots de son glossaire si personnel, ces mots qu’il est le seul à se permettre de proférer sur scène. En fait, il fait ce que son public attend de lui. Il faut entendre les réactions pâmées et les apostrophes enamourées des plus virulents de ses bigardolâtres.
En fin de spectacle, Jean-Marie se réapproprie un registre dans lequel il excelle, celui des analyses de proverbes et d’expressions.
Voilà. Nous les femmes est un spectacle 100% Bigard. Jean-Marie reste un extraordinaire et truculent conteur. C’est pour ces qualités orales hors pair qu’il restera dans les annales…


Gilbert « Critikator » Jouin

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