samedi 2 janvier 2021

 


Cherche Midi

170 pages

16,80 €

 

Mon avis : Antoine Duléry est un imitateur né. Il a découvert ce don dès l’âge de 10 ans. Evidemment, très vite, il est devenu la coqueluche de son entourage. Lorsqu’on dispose d’un artiste en herbe dans une famille, on n’a de cesse que de le solliciter. Dès lors combien de fois s’est-il soumis de bonne grâce à cette exhortation : « Antoine ! Une imitation ! »… Il a tout de suite pris énormément de plaisir au vedettariat. Se donner en spectacle équivalait pour lui à prodiguer du bonheur à ses auditeurs. Et puis, conséquence non négligeable pour un ado pas très hardi, quel outil de séduction !... Le premier personnage célèbre qui lui a valu un franc succès a longtemps été le seul, l’unique Jean-Paul Belmondo. Il apprenait par cœur des tirades entières qu’il se plaisait à déclamer avec la gestuelle de « L’incorrigible ». Le mimétisme était total et l’effet, garanti.

Animé par le désir de plaire, d’être « aimé de tous », stimulé par un irrépressible besoin de public, il a commencé à ajouter d’autres comédiens à son répertoire. Michel Serrault d’abord, puis toutes les têtes d’affiche de la scène ou du cinéma français.


Dans Imitacteur, Antoine Duléry raconte son parcours, un parcours qu’il résume en une phrase qui le définit totalement : « Admirer aura été la grande affaire de ma vie ».

Quelle satisfaction, quelle réussite pour lui que d’en être arrivé à rencontrer et à côtoyer ses idoles de jeunesse. En même temps, ce destin, il se l’est agencé de toutes pièces (au sens propre comme au sens théâtral). En devenant lui-même comédien, il est entré dans le sérail. Sa convivialité naturelle, son sens aigu de la camaraderie et son humour ont fait le reste.

Cet ouvrage est plaisant car il est très « show off ». Il nous entraîne derrière le décor, là où nos vedettes préférées ne sont plus en représentation ; elles sont elles-mêmes. Ce livre, qui regorge d’anecdotes savoureuses, est aussi une ode au métier d’acteur ainsi qu’une fine analyse psychologique de ces artistes qui se consacrent corps et âme à leur sacerdoce au détriment de tout le reste y compris de leur vie de famille.


 Antoine Duléry décrit ses plus belles rencontres (Jean Marais, Arletty, Charles Aznavour…), brosse de jolis portraits (Pierre Richard, Gérard Depardieu, Jean Dujardin…), rend un hommage appuyé à Claude Lelouch. Il s’attarde aussi sur les deux personnages qui lui ont apporté la plus noble des récompenses pour un comédien, la popularité : l’un au cinéma, Paul Gatineau, dans Camping ; l’autre à la télévision, le commissaire Larosière, dans Les petits meurtres d’Agatha Christie.

 D’aucuns pourront estimer qu’Antoine Duléry se laisse parfois aller à un certain contentement de soi… Mais comment pourrait-il en être autrement lorsqu’on réussit à réaliser ses plus absolus rêves de rencontres avec ceux qu’il nomme affectueusement ses « monstres sacrés » (« sacré » dans son sens religieux), à savoir Jean-Paul Belmondo, Michel Serrault et Johnny Hallyday ? Non seulement, il les a fréquentés, mais il s’en est fait des amis.

La boucle est ainsi bouclée, « L’Imitacteur » s’est métamorphosé en « Amitateur »…

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