samedi 30 novembre 2013

Anne Bernex "Dans l'air du temps"

Le Temple
18, rue du Faubourg du Temple
75011 Paris
Tel : 01 43 38 23 26
Métro : République

Ecrit par Anne Bernex
Mis en scène par Alex Goude
Musiques d’Adella Gerstenhaber
Chorégraphies de Johan Nus
Costumes de Matthieu Camblor

Présentation : A l’heure où la mode est au « prêt à enlever » et au « prêt à consommer », cette splendide créature, bien décidée à trouver l’âme sœur, va tout tenter.
Tiraillée entre le bien et le mâle, entre sa moitié séductrice, sa moitié hilarante et… sa moitié blonde aussi, Anne Bernex vous emmène à coup sûr dans un tourbillon jubilatoire.
Entre sketchs inoubliables et parodies hystériques de chansons, Anne vous invite à un spectacle sans la moindre fausse note.

Mon avis : Tout, ou presque est dit dans la présentation. Eh oui, Anne Bernex cherche désespérément l’âme sœur. Mais elle ne vit pas sa solitude comme une Anne en peine, au contraire. Elle fait de sa disette affective une tribune, prend le public à témoin. Anne chasseresse a la « bredouillitude » partageuse et, paradoxalement, joviale. Aucune amertume chez elle, au contraire. Elle ne se morfond pas, ne s’apitoie pas sur son cas, elle déborde d’énergie et de vitalité. Cette petite cylindrée carbure au super, elle tourne à plein régime, elle ne s’économise pas une seconde. Tout passe par son corps et son visage. Son spectacle est très visuel. Elle danse (très bien d’ailleurs), fait des grimaces, fait des incursions dans la salle, change fréquemment de tenue, elle parodie Britney Spears, fait des claquettes en chaussons... Elle donne, elle donne, elle donne…
Sur le plan de la générosité, on lui attribue une note maximale. Elle finit complètement vidée… et heureuse. Rien à se reprocher : elle a tout donné.


Dans le spectacle d’Anne Bernex, il y a à voir et à changer. Il y a beaucoup à voir, et un peu à changer. La proportion joue en sa faveur. C’est une excellente comédienne, elle chante et danse admirablement. Son show est émaillé de jolies trouvailles. Dans le rayon bonus, je range une remarquable bande-son, cette métaphore on ne peut plus explicite avec sa chatte « Moumouille », sa tentative d’expérience saphique (toutes les goudous sont dans la nature), j’ai beaucoup apprécié le passage dans lequel elle met en opposition la raison et le désir, son clin d’œil très réussi à L’Exorciste, la rencontre entre Golum et Blanche Neige, sa truculente composition de pétasse-gourdasse avec tous les accessoires, un bon rappel, ses imitations de Piaf et Lady Gaga…

Les parodies… C’est là où, pour moi, le bât blesse. Autant je les ai trouvées superbement interprétées, autant je les ai trouvées approximativement écrites. Quel dommage ! Même si cette faiblesse est, comme je l’ai dit, largement compensée par le jeu, les textes eussent mérité un peu plus de soin et de rigueur. Mes oreilles ont frémi en entendant des « e » muets très appuyés à la fin des mots « réfléchir » et « veste en cuir ». Ce n’est vraiment pas beau à entendre… C’est, avec quelques petites vannes égrillardes un peu faciles, le seul reproche que je formule sur ce spectacle très abouti.


Anne Bernex a du tonus à revendre, elle est visiblement heureuse sur scène et elle aime son public (ce soir-là, elle a même fait preuve de beaucoup de patience et de bienveillance envers une crétine du premier rang au rire aigu systématique très perturbant). Elle est dans son élément, elle ne triche pas. Elle mérite amplement les nombreux rires qui ponctuent ses extravagances orales et physiques, et les longs applaudissements qui saluent sa performance. Car c’en est véritablement une.

vendredi 22 novembre 2013

Nora Hamzawi

Théâtre du Gymnase
38, boulevard Bonne Nouvelle
75010 Paris
Tel : 01 42 46 79 79
Métro : Bonne Nouvelle

One woman show écrit et interprété par Nora Hamzawi

Présentation : Reine de la mauvaise foi, Nora dresse un portrait acide d’une femme d’aujourd’hui, en un peu plus ballonnée.
C’est avec un sens du détail obsessionnel qu’elle décortique son quotidien. Cachée derrière ses lunettes, elle scrute ses névroses et taquine celles de son public. Anxieuse et parano, elle est la girl next door qu’il vaut mieux croiser sur scène que sur son palier.

Mon avis : Jeudi soir. Salle comble. Plus un seul strapontin. Public composé essentiellement de jeunes de 20 à 30 ans. Deux-tiers de filles… dont beaucoup à lunettes. On a l’impression d’une soirée entre copines avec l’une d’entre elles qui serait monté sur scène pour synthétiser leur quotidien.
Le spectacle de Nora Hamzawi est résolument générationnel. Elle parle de ce qu’elle vit, de ce qu’elle connaît. Très décontractée, elle est en connexion directe avec son public. Nora, c’est surtout un sacré tempérament. Son énergie et son débit sont impressionnants. Tout le temps en mouvement, elle se livre à un stand-up tonique et effréné. Il faut la suivre la Nora dans ses délires. Très expressive, elle émaille son discours de descriptions très imagées. C’est une championne de la métaphore imparable et de la comparaison qui fait mouche.


Sa thématique est très simple : elle raconte sa vie de jeune femme de 28 ans, ses états d’âme, ses doutes, ses relations avec les mecs. On voit qu’elle vient de la pub et de la communication. Elle a à la fois le sens de la formule et le talent pour la faire passer. Et puis il faut voir comme elle bouge et comme elle danse ! Elle est vraiment faite pour la scène.
Nora décrypte l’ambiance des soirées où elle se rend, elle décrit l’attitude des filles, elle avoue sans détour sa recherche du soutien de l’alcool, son meilleur désinhibant, mais aussi son meilleur ennemi. Elle égratigne les mecs avec gourmandise et va même jusqu’à aborder un sujet plutôt tabou dans la bouche d’une jeune femme, la sodomie. Mais elle le fait avec une telle finesse qu’elle en désamorce l’audace, tout en donnant au mot oculaire un sens que la phonétique rend soudain plus explicite.


Consciente de la crudité de certains de ses propos, elle nous livre elle-même le jugement que nous ressentons tous : « ça passe bien avec son petit minois ! ». C’est vrai, elle se montre tellement heureuse d’être sur scène et de partager ses tribulations avec des gens qui vivent les mêmes qu’on accepte tout d’elle. Cette fille est lumineuse, elle rayonne.


Très sincèrement, elle n’a pas besoin que l’on écrive de critiques sur elle. Le bouche à oreilles devrait lui suffire amplement car elle touche un cœur de cible particulièrement dynamique et friand de ce genre de propos, celui des 20-30 ans... Mais quel que soit son âge, on rit vraiment beaucoup.

Gilbert "Critikator" Jouin

jeudi 21 novembre 2013

Elie Semoun "Je grandirai plus tard"

Je grandirai plus tard
Flammarion
320 pages
19,90 €

Présentation : Pour la première fois, Elie Semoun se raconte à la première personne et revient sur son enfance, la disparition brutale de sa mère, sa rencontre avec Dieudonné, la naissance de son fils, le décès de son frère…
Au fil de ces rendez-vous avec lui-même, l’humoriste dresse un bilaan à la fois drôle et émouvant de cette vie à double tranchant, et nous fait rencontrer l’enfant qu’il n’a jamais cessé d’être.

Mon avis : Je crois connaître bien Elie Semoun. Je l’ai interviewé une dizaine de fois, seul et en compagnie de Dieudonné. Dans cet ouvrage autobiographique, je l’ai retrouvé tel que je l’avais perçu, c’est-à-dire, un garçon extrêmement sensible qui a trouvé dans l’humour une façon à la fois de se protéger et d’exister.
Sa personnalité s’est cristallisée à l’âge de 11 ans, à la disparition de sa mère. Ne l’ayant vue qu’à l’hôpital, encore vivante, son père ne lui apprenant son décès qu’après les obsèques, Elie n’a jamais pu réaliser ce départ. Il n’est resté qu’un terrible manque et une folle envie de le compenser en introduisant dans sa vie une grande part de fiction. Et, surtout, il a fait sien l’adage affirmant que l’humour était la politesse du désespoir. C’est d’autant plus troublant et assumé que cette citation est de Boris Vian, un auteur qu’il adule particulièrement…


Très tôt, Elie Semoun a été un adepte des plaisirs solitaires : la lecture, l’écriture, la chanson (Brassens, Ferré…), la musique (le jazz, l’opéra) et, plus tard, le jardinage. Toujours pour fuir sans doute la triste réalité, il est devenu un hyperactif. Se dépenser pour ne pas penser, se disperser sans compter…
Elie ne sera jamais épanoui. Ou alors très tard, quand il sera devenu vieux sans avoir été adulte (merci Jacques Brel). Il aura toujours en lui la hantise de l’abandon et de la trahison, un besoin viscéral de reconnaissance, il sera toujours perclus de doutes, il cherchera toujours où est sa véritable place… Mais de tous ces handicaps, il a fait une force. C’est ce qui le fait avancer. C’est ce qui le propulse sur scène. Les rires et les applaudissements qu’il reçoit agissent sur son âme inquiète comme le plus doux des baumes… S’il n’a peut-être pas encore réalisé l’étendue de sa réussite, de son succès, c’est parce qu’il possède l’orgueil des timides. Il devrait en être satisfait, mais il en veut toujours plus.

Il ressort à la lecture de cet ouvrage, dont il faut saluer la justesse d’un titre qui en dit long, une rencontre avec un personnage formidablement attachant. Elie Semoun se raconte avec une totale sincérité, sans faux-fuyants, sans compromission.

Dans sa vie, les larmes ont sans cesse côtoyé le rire. Il en faut du caractère pour accepter les drames qui l’ont jalonnée. Touchant de tact et d’humilité, il s’en excuserait presque. Il nous en parle parce qu’ils ont bien eu lieu, mais ça le gêne visiblement. Pourtant, il s’est véritablement construit avec cette adversité. Elie a su se partager entre l’ombre et la lumière, entre la discrétion et l’exposition, entre la solitude et la ferveur du public. Pas facile de gérer toutes ces contradictions quand on est un grand sentimental…

mercredi 20 novembre 2013

Lamine Lezghad "Déjà ?"


Le Temple
18, rue du Faubourg du Temple
75011 Paris
Tel : 01 43 38 23 26
Métro : République

Ecrit par Lamine Lezghad et Jimmy Lévy

Présentation : Toujours aussi élégant et subtil dans sa manière de jongler avec l’humour des limites et les limites de l’humour, Lamine Lezghad se fait l’avocat du diable avec une mauvaise foi cinglante et hilarante. Dans cette nouvelle inspiration, qui représente aussi un virage radical dans sa carrière, il se sert outrageusement de son apparence de « bogosse » lisse et propre sur lui pour nous prendre à contrepied par sa noirceur et la jubilation de ses saillies cruellement drôles. Lamine réveille en nous notre capacité à rire de l’horreur. C’est transgressif et salutaire…

Mon avis : Lamine Lezghad a considérablement évolué par rapport au spectacle auquel j’avais assisté il y a dix-huit mois. Il a abandonné la formule des sketchs au profit du stand-up ce qui lui donne visiblement une plus grande liberté d’expression. Et cette liberté lui permet de repousser beaucoup plus loin le curseur de l’impertinence.
Aujourd’hui, Lamine fait partie de ces humoristes qui s’autorisent à soulever le couvercle de la marmite du politiquement correct pour laisser s’échapper le fumet acide de l’irrévérence absolue. Il était grand temps. Finis les tabous et l’hypocrisie.
Son discours offre un contraste saisissant avec son élégance vestimentaire, son maintien et sa belle gueule. En même temps, cette classe naturelle et son sourire craquant lui permettent de le faire mieux passer. Parce qu’il va loin, le bougre ! C’est Lamine… à fragmentation. Quand il explose, personne n’est épargné. Arabes, cons, handicapés, Juifs, Noirs, Parisiens, provinciaux, racistes, suicidaires… sans compter un running gag s’apparentant à du Roumanoff Bashing. Bref, il dégomme tout à l’insolence-flamme.


Comme toujours, il adore chambrer le public, flattant certains, égratignant d’autres. Mieux vaut ne pas être susceptible. A mes côtés, une dame à la tête enfoulardée a fait la gueule toute la soirée. On l’avait sans doute mal renseignée. Elle devait se sentir bien seule au milieu de tous ces éclats de rire qui fusaient de partout.
Le one man de Lamine est à la fois bien écrit et bien structuré. Il excelle dans les métaphores les plus osées mais qui en deviennent d’autant plus explicites. C’est aussi très varié. Il peut passer d’un échantillonnage de rires ou d’une séquence de détournement de grands classiques à un slam fort bien troussé. Très à l’aise, facile même, il est aussi un sacrément bon comédien. Et, surtout, il s’amuse beaucoup avec lui-même. Il adore se vautrer autant dans un narcissisme complaisant (sa fameuse « bogossitude ») que dans une mauvaise foi assumée : « Je pratique un humour incisif et couille-molle ». Mais quand on analyse la totalité du contenu de son spectacle, il y a 90% d’« incisif » pour 10% de « couille-molle ». Il est vraiment très gonflé. Il nous fait une réjouissante démonstration que l’on peut rire absolument de tout. Vu son métissage, dont il peut être fier à juste titre, on ne peut vraiment pas le taxer de prosélytisme. Il sait de quoi il parle, il sait jusqu’où il peut aller et tant pis (ou tant mieux) si c’est un peu cruel à entendre. Il y a toujours un fond de vérité.

A l’image de sa tenue de scène, son humour est noir. C’est décapant et salvateur comme une grosse goulée d’oxygène prise au sortir d’un long moment en apnée.

Gilbert "Critikator" Jouin

mardi 19 novembre 2013

Montreux Comedy Festival


Hier, à Bobino, sous le parrainage d’Arnaud Tsamère, a eu lieu la finale française du Montreux Comedy Casting 2013. Dix candidats étaient en lice. Un jury de professionnels avait la charge de qualifier les cinq meilleurs pour la grande finale disputée le 4 décembre en ouverture du Festival.
Très honnêtement, j’ai passé une excellente soirée car le niveau général était plutôt bon, voire très bon pour certains. Les cinq heureux élus ont été David Azancot, Vincent Dedienne, Julie Gallibert, Olivia Moore et Lucas Véran.
Personnellement, j’ai été vraiment emballé par la prestation de David Azancot qui pratique un humour noir assez ravageur. En deuxième position, j’aurais voté pour Gérémy Crédeville, dit "G", très à l’aise lui aussi dans un certain cynisme. Il est vrai que chacun reçoit l’humour différemment, c’est le charme de cette discipline exigeante et c’est la raison pour laquelle fleurissent autant d’humoristes.

Cette soirée très ludique a donc en quelque sorte servi de rampe de lancement à la 24ème édition du Montreux Comedy Festival qui se tiendra du 4 au 10 décembre. Une fois encore la programmation en est aussi riche qu’éclectique. En voici le programme :

Mercredi 4 décembre
-          Constance, avec son one woman show Les mères de famille se cachent pour mourir.
-          Finale du Montreux Comedy Casting

Jeudi 5 décembre
-          Gala d’ouverture, Adopte-un-Français.com. Avec, entre autres, Antonia, Constance, Cuche et Barbezat Marie-Thérès Porchet, Vérino…

Vendredi 6 décembre
-          Stand Up Africa (Show in English)
-          Studio Bagel

Samedi 7 décembre
-          Best of Web
-          Castings
-          Montreux Comedy Club
-          Stand Up Africa
-          Carte blanche à Michael Grégorio. Avec Eric Antoine, Guillaume Bats, Stéphane de Groot, Joséphine Drai, Arié Elmaleh, Fills Monkey, Bérengère Krief, Jonathan Lambert, Nawell Madani, Rédouane Marjane, Thomas VDB.
-          Montreux Comedy Club


Dimanche 8 décembre
-          Journée spéciale Cédric Klapisch
-          Garnier et Sentou
-          Comedy Contest (Show in English)
-          Yann Lambiel, Les 4 sans voix
-          Montreux Comedy Awards

Lundi 9 décembre
-          Montreux Comedy Club

-          Gala de clôture, Deux fois plus drôle. Avec Les Chevaliers du Fiel, Dau et Catella, Les Décaféinés, Jérémy Ferrari et Guillaume Bats, Charlotte Gabris et Mustapha El Atrassi, Garnier et Sentou, Michael Grégorio et Elisabeth Buffet, Les Lascars Gays, Denis Maréchal, Steeven et Christopher, Patrice Thibaud et Philippe Leygnac, Arnaud Tsamère et Ben.

mercredi 13 novembre 2013

La Générale

La Générale
Ecole du Théâtre et de l’Image
11, rue Rabelais
93100 Montreuil
Métro : Mairie de Montreuil

Je voudrais saluer la courageuse et estimable du comédien Patrick Fierry qui vient de créer aux portes de Paris une Ecole du Théâtre et de l’Image.
Une ancienne usine de 1500 m2 a totalement été aménagée pour devenir un centre de formation professionnelle au concept unique car ce sont des disciplines on ne peut plus complémentaires qui vont y être proposées : comédie, réalisation et mise en scène, costumes.

1000 heures de cours pour chaque discipline y seront données tout au long de l’année par de prestigieux professeurs qui seront renouvelés tous les deux mois… En dehors des heures de cours, l’école restera ouverte pour que les élèves puissent continuer à travailler, à échanger, sur différents projets comme la création de web séries, de courts métrages, d’adaptations théâtrales…
En plus, tout au long de l’année, une salle de spectacle de 165 places accueillera des pièces de théâtres, des concerts, des expositions (photos, peinture…) et toutes sortes de réalisations artistiques.


Jusqu’à aujourd’hui, une telle forme de pédagogie regroupant différents corps de métier n’existait pas.
Les premiers cours de comédie seront dispensés dès janvier 2014. On peut y accueillir sur deux ans jusqu’à 120 élèves. Il y aura en outre des classes pour les enfants et pour les ados.
Quant aux ateliers de réalisation et de costumes, ils pourront recevoir chacun une quinzaine d’élèves.
Enfin, « cherry on the cake », tous les cours seront bilingues car La Générale a également pour but de préparer aux concours britanniques.

Renseignements :
Sabrina Zielinski 01 48 58 66 07
Site Internet : www.lagenerale.fr


Patrick Fierry
Artiste, musicien, interprète, professeur, fondateur de l’école La Générale.


Patrick Fierry a joué dans une vingtaine de films, une trentaine de téléfilms et une dizaine de pièces de théâtre 

Sacha Judaszko "Chauffe la salle"

Petit Palais des Glaces
37, rue du Faubourg du Temple
75010 Paris
Tel : 01 48 03 11 36
Métro ; République / Goncourt

One man show écrit et interprété par Sacha Judaszko

Présentation : Dans son nouveau spectacle, Sacha Judaszko chauffe la salle jusqu’à l’ébullition et met le feu à la morosité ambiante. Normal, chauffeur de salle, ce fut son job avant de passer la rampe pour se mettre en lumière.
En plus d’être la révélation la plus chauve de l’émission On n’ demande qu’à en rire sur France 2, Sacha est sans doute l’un des artistes les plus roux de sa génération. Chauve et roux, est-ce vraiment le cocktail idéal pour séduire les femmes ? Est-ce le CV parfait pour décrocher les premiers rôles ? Est-ce le profil rêvé pour se faire des amis, pour garder ses parents, pour prétendre à une allocation handicapé ? Si on y ajoute ses origines suspectes, pour ne pas dire sémites, et une propension déraisonnable à être de bonne humeur malgré toutes ses tares, on peut dire que Sacha a tout pour réussir… à nous faire rire !

Mon avis : Sacha Judaszko est un peu l’enfant qu’auraient pu avoir Patrick Timsit et Elisabeth Buffet ! Un enfant roux, bien sûr, mais surtout un vrai sale gosse qui ferait rien qu’à se moquer de tous et de tout. Du premier il aurait hérité le cynisme de façade et de la seconde le parti pris d’appeler un chat un chat.
Lorsqu’il annonce sur l’affiche qu’il « chauffe la salle », il tient parole. Au propre comme au figuré. Non seulement, il apparaît très humblement comme le personnage chargé de « chauffer » le public avant l’arrivée de l’artiste, mais ce message induit également que le spectacle de va pas être tiède.


Ce spectacle est très personnel. Il fourmille de détails autobiographiques. En fait, Sacha se raconte pendant plus d’une heure. Et quand Judaszko narre, Judaszko casse. Il se moque d’abord de lui-même. Il évoque sa singularité à avoir été un enfant roux. Un véritable handicap dont il se rit aujourd’hui mais qui a dû salement le complexer. Des quolibets qu’il a essuyés, il en a fait un mot : le roussisme. Seulement, il n’existe pas de SOS Roussisme, alors il faut bien apprendre à gérer, partant du principe que ce qui ne pue pas nous rend plus fort… En tout cas, on a l’impression que sa « chauvitude » précoce l’a bien arrangé.

Sacha Judaszko est un véritable chamboule-tout. Il bombarde à tout-va jusqu’à ce qu’il ne reste vraiment plus rien sur l’étagère : les handicapés, les Noirs, les Juifs, les Arabes, les Roms, les mendiants… Tout le monde y passe. Même la mort. Il réussit à nous faire rire avec la mort ! L’œil rigolard, il nous tire son irrévérence. Plus il choque, plus il est heureux. Et il y réussit pleinement car on n’arrête pas d’entendre des petits cris offusqués, pour la plupart féminins. Ce doit être très jouissif pour l’excellent auteur qu’il est.


Sacha est également le champion du rebondissement. C’est Monsieur Plus. On croit qu’il a fini sa phrase, mais non, il y ajoute la réflexion ou la saillie qui tuent. Il est en outre un remarquable comédien et il bouge vraiment bien (nous en avons eu pour preuve cette séquence hilarante consacrée à la danse). Il établit d’emblée un super contact avec le public. On sent qu’il a besoin de cet échange tout en sachant que ce sera toujours lui qui aura le dernier mot ; voire le dernier gros mot car le bougre ne dédaigne pas la scatologie. Il excelle itou dans l’humour noir, parfois très noir. Et puis, il ne faut pas oublier que dans Judaszko, il y a « Judas ». Il n’hésite pas à trahir le secret familial, à nous révéler des choses très intimes. Ses parents prennent grave ! Il nous le fait d’abord, et de façon très convaincante, à l’émotion. On est vraiment touché. Le silence est total et respectueux. Et puis, hop, la pirouette et le sourire qui tuent… Comme je le mentionnais plus haut, Sacha a toujours gardé en lui son côté sale gosse qui cherche sans cesse à accomplir les pires blagues. Il n’hésite pas non plus à élever le mauvais goût à l’état d’institution.
Mais c’est tellement bien fait. Tout cela est joué et dit avec tant de jubilation qu’on lui pardonne tout. On est faits pour s’entendre. Il adore provoquer et nous on est venus pour être un peu bousculés. C’est ce registre-là qu’on est venu chercher : un Sacha chassant choquer. Il fait l’éclatante démonstration qu’on peut rire de tout quand on sent que ce n’est qu’un jeu et que le fond est bon.


Bref, Sacha Judaszko fait partie du petit peloton de formidables humoristes, auteurs et acteurs que l’émission de Laurent Ruquier, On n’ demande qu’à en rire, a révélés. Il est indéniable qu’une belle carrière l’attend et je ne serais pas surpris de le retrouver bientôt au cinéma ou dans une pièce de théâtre. Il en a le talent et le physique.