vendredi 31 juillet 2009

Neuilly sa mère !


Un film de Gabriel Julien-Laferrière
D’après une histoire de Djamel Bensalah
Avec Samy Seghir (Sami), Jérémy Denisty (Charles), Rachida Brakni (Djamila), Denis Podalydès (Stanislas de Chazelle), Joséphine Japy (Marie), Mathieu Spinosi (Guilain), Chloé Coulloud (Caroline), Josiane Balasko (la directrice du collège), Valérie Lemercier (la mère de Charles), Booder (Chef Picasso), Ramzy (Aziz), Armelle (madame Blanchet), Olivier Baroux (M. Boulègue), François-Xavier Demaison (Le père Dinaro), Julien Courbey (Le prof de sport), Pierre Ménès (Le père de Jason), Elie Semoun (L’huissier)…
Sortie le 12 août 2009.

Ma note : 6/10

L’histoire : Sami Benboudaoud, 14 ans, vivait heureux avec ses copains dans sa cité de Chalon-sur-Saône. Un jour, hélas, le destin l’arrache à son paradis et le propulse dans l’enfer de… Neuilly-sur-Seine !
Là, il est confié à sa tante Djamila qu’il rencontre pour la première fois. C’est une jeune et belle avocate qui a épousé Stanislas de Chazelle, héritier d’une vieille famille française, un peu rigide sur les bonnes manières. Dans leut hôtel particulier de Neuilly, Sami va devoir partager le quotidien de Charles, son cousin du même âge, plein de préjugés et obsédé par son ambition de devenir un jour… Président de la République ! Une attitude heureusement contrebalancée par celle de sa cousine Caroline, passionaria altermondialiste bientôt majeure, révoltée contre son milieu et surtout contre son père.
Au très chic collège Saint-Exupéry, Sami se voit confronté à la bande de Guilain, des adolescents des beaux quartiers qui font tout pour ressembler à des rappeurs "gangsta » et méprisent le petit Beur provincial de Chalon…

Mon avis : Lorsque je relis mes notes prises au fur et à mesure pendant la projection de ce film, leur contenu est édifiant.
J’ai d’abord écrit « un gamin génial » en parlant de Samy Seghir, qui tient le rôle principal, celui de Sami, « le seul Rebeu qui déteste Zidane » (vous comprendrez qu’il a de bonnes raisons pour cela)… Ensuite, j’ai noté « très bons dialogues ». ce qui est vrai tout du long. Puis « nombreux clins d’œil sur l’actualité », ce qui est très plaisant pour leur aspect satirique et impertinent. Plus loin, je trouve plutôt bien réussi le parallèle entre ces deux mondes aux antipodes l’un de l’autre que sont une cité de Chalon-sur-Saône et un quartier huppé de Neuilly-sur Seine. Puis je mets en avant la remarquable prestation de Jérémy Denisty, qui compose un ado bouffi de suffisances et de certitudes, une super tête-à-claques. Je mets alors en exergue une savoureuse scène entre Denis Podalydès et son ex-épouse de fiction, Valérie Lemercier, ainsi que le très bon numéro de politicien effectué par Michel Galabru.…
Nous sommes à peu près à la moitié du film et j’écris : « Une super comédie »…

Et puis arrivent les épisodes du collège, la vie dans Neuilly, les « racailles » locales… Et là, ce qui était une satire sociale vraiment réussie fait peu à peu place à des séquences de plus en plus caricaturales. Trop de caricature tue la caricature ! Le film tombe dans les incohérences, dans une absence de crédibilité. Si les dialogues continuent à être bien enlevés, la plupart des situations s’engluent dans l’irréalité.
Ce qui est à mes yeux le plus difficile à admettre, c’est le flagrant écart d’âge existant entre Sami et ses condisciples de Saint-Exupéry. Il fait tout juste ses 14 ans, ils en font manifestement au moins 18. On a du mal à croire qu’ils se retrouvent dans la même classe… Idem pour l’amourette qui se noue entre Sami et Marie, l’artiste inaccessible du collège. Il lui faudrait visiblement un petit banc pour lui rouler un patin. Et que dire de ces pseudo racailles emmenées par le pittoresque Booder ? Comment peut-on admettre qu’ils terrifient ces grands garçons arrogants et bien bâtis ?
Tout ceci fait que nos excellentes dispositions de la première moitié se délitent en peau de chagrin et on de moins en moins de plaisir parce que tout devient trop gros, trop excessif. Qu’est devenue l’agréable fraîcheur du début ?

Alors voilà l’exemple-type du film qui ne tient pas ses promesses jusqu’au bout. Un manque de rigueur évident et une volonté manifeste de mettre la loupe sur le décalage des cultures font que ce film d’abord enlevé et léger devient lourd et poussif. C’est regrettable car il y a là une brochette d’acteurs épatants emmenés par les très prometteurs jeunes, Samy Seghir et Jérémy Denisty. Rachida Brakni est belle et sensible. Podalydès est parfait dans un rôle limite burlesque. Balasko est égale à elle-même, donc juste. Ramzy est véritablement touchant dans son rôle météorique mais crucial…
Ah, s’ils étaient allés au bout de leurs (bonnes) intentions du début, on aurait eu à l’arrivée un très bon film. Il ne reste hélas qu’un aimable divertissement qui peut toutefois atteindre sans trop de mal la cible des jeunes et des ados.

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