dimanche 28 mars 2010
Un couple parfait... enfin presque
La Grande Comédie
40, rue de Clichy
75009 Paris
Tel : 01 48 74 03 65
Métro : Trinité d’Estienne d’Orves
Une pièce d’Alil Vardar
Avec Alil Vardar (Alec) et Nathalie Marquay-Pernaut (Lisa)
Mise en scène d’Eric Carrière
Ma note : 6,5/10
L’argument : Alec dit « oui » à Lisa et Lisa dit « oui » à Alec. Le bonheur, quoi !
C’est sûr que sur papier, ils ont tout pour être heureux. Mais combien de temps va durer ce bonheur ? Peut-il être éternel ?
Pourquoi faut-il absolument être en couple, est-ce nous qui voulons ça ? Ou est-ce la société, la bonne morale, qui nous conditionnent pour vivre en couple ?
La durée de vie s’allonge. En 1800, l’espérance de vie moyenne était de 37 ans. Aujourd’hui elle est de 76 ans. On vit plus du double que nos ancêtres.
En 1800, les droits des femmes n’existaient pas. Elles faisaient ce qu’on leur disait, et leur avis… Aujourd’hui, elles sont ministres, PDG, présentatrices du journal télé, avocates, notaires, médecins… Le couple peut-il tenir ce choc ? Le monde a changé et on voudrait que le couple échappe à la règle…
Nous allons pendant 80 minutes devenir des voyeurs et regarder ce couple parfait, en 15 scènes de leur vie et, dans le fond, en y regardant bien, leur vie… c’est un peu la nôtre.
Mon avis : L’idée de suivre un couple à travers les étapes essentielles de sa vie, depuis le jour de sa rencontre jusqu’aux feux de leur couchant, est suffisamment originale pour qu’on lui prête de l’intérêt. Comment la relation entre ces deux personnages va-t-elle évoluer ? D’autant qu’elle ne démarre pas sous les meilleurs auspices entre Elle et Lui ;
Lui, c’est une espèce de balourd, plutôt content de lui, qui ne doute pratiquement pas et qui est assuré de son irrésistible pouvoir de séduction… Elle, débordante de féminité, plastique irréprochable, un peu midinette mais qui ne veut pas le montrer et se protège en jouant la fille à qui on ne la fait pas.
Les deux profils psychologiques étant ainsi établis, on n’a plus qu’à suivre nos deux tourtereaux dans les différents moments-clé de leur vie de couple.
Ce qui est bien, c’est que l’histoire n’est pas linéaire. L’auteur – Alil Vardar – a su saupoudrer l’action avec des éléments déclencheurs, comme par exemple le quiproquo du début avec la confusion dans les textos échangés, ou l’inversion des rôles au restaurant. Si, parfois certaines vannes sont faciles, voire éculées (la différence entre un 69 et un chalet suisse), d’autres en revanche ne manquent vraiment pas de sel (Lisa : « Il faut exciter le taureau sans réveiller le cochon »). On n’évite pas non plus les clichés (Alec : « On n’est pas fait comme vous »), mais il y a un tel débit, une telle quantité de saillies (normales de la part d’un taureau) en cascades qu’on ne peut qu’être indulgent. Tous les domaines sont visités : l’humour vache, l’humour noir, la mauvaise foi (pratiquement également répartie), le comique de situation, les grimaces et les clins d’œil avec le public (surtout de la part d’Alil), les lieux communs (la relation belle-mère/bru), les ressorts attendus (l’adultère, la jalousie), les références à l’actualité et même quelques glissements verts le burlesque (les déplacements d’Alil, la scène de la séduction, le strip-tease) et, utilisation subtile de la private joke avec l’intrusion de la télévision dans la pièce (à découvrir)…
Il y a tellement à boire et à manger qu’il est impossible de rester sur notre faim. Parfois on sourit gentiment, parfois on hoche la tête devant une blague trop facile, et la plupart du temps, on rit de bon cœur. Certes, ce n’est pas comédie du siècle, mais on y prend un certain plaisir. D’abord parce qu’on se sent souvent concerné par certaines scènes que l’on peut soi-même avoir vécues, et ensuite parce que les deux comédiens sont tellement dans leur jeu qu’on les prend vite en sympathie.
On peut parler de révélation à propos de Nathalie Marquay-Pernaut. Elle joue sacrément juste. Certes, on ne lui demande pas non plus des choses extravagantes, mais tout ce qu’elle fait et sa façon de s’exprimer, c’est réellement convaincant. En plus, elle est très agréable à regarder, sensuelle sans en rajouter. Elle peut envisager sans crainte de se lancer dans la carrière. Surtout quand on sait que le plus difficile pour un comédien, c’est tout de même de faire rire. Elle y parvient avec beaucoup de finesse. Et elle a l’air tellement heureuse d’être sur scène !
Quant à Alil Vardar, il en fait des tonnes, c’est un clown-né. Il aborde goulûment tous les registres, ne recule jamais devant le ridicule, prenant même parfois un malin plaisir à s’y vautrer, il a le sens de la mimique expressive et du geste drôle et, surtout, il excelle dans l’usage de la mauvaise foi bien masculine. On dirait une seconde nature. Bien sûr, dans ce maelström, il lui arrive de grossir un peu le trait, mais il reste une comédie plutôt réussie où l’on ne s’ennuie pas une seconde. Cette pièce devrait connaître un joli succès public car on a actuellement trop besoin de se distraire tout simplement sans se prendre le chou.
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