jeudi 7 novembre 2013

Alexiane Broque

Sentier des Halles
50, rue d’Aboukir
75002 Paris
Tel : 0892 68 36 22
Métro : Sentier

Prochaines dates : 20 novembre / 18 décembre

Mon avis : Une belle découverte hier soir au Sentier des Halles avec le tour de chant d’Alexiane Broque. Cette jolie brunette de 21 ans au large sourire inscrit dans une parenthèse de fossettes, dégage déjà une sacrée personnalité, un caractère visiblement trempé et un tempérament de feu. Entourée de quatre musiciens complices (basse, batterie, guitare, clavier), elle est très à l’aise sur scène et d’autant plus convaincante qu’elle chante ses propres chansons. En plus, elle fait un peu ce qu’elle veut avec sa voix ce qui l’autorise à des variations de registre très larges en fonction des thèmes abordés et de mélodies parfois déstructurées.

Alexiane Broque est une fille qui chante des chansons de fille. De fille parce qu’elle vit les problèmes et les états d’âme inhérents à son sexe ; et de fille aussi dans le sens filial du terme quand elle exprime sa vision du monde des adultes.
Alexiane est fragile mais pas vulnérable car elle possède à la fois une extrême lucidité et un sens de l’humour très développé, je dirais même chronique. Ce qui est salvateur et apporte un certain recul sur les choses. Surtout quand elle parle d’amour et qu’elle évoque les relations avec les mecs.
Son récital commence d’ailleurs par une chanson très ironique dans laquelle elle casse une espèce de lourdaud (un ex ?) en parodiant Marquise le poème de Thomas Corneille mis en musique par Georges Brassens ; son « Je suis jeune et belle et je t’emmerde » rejoint en effet le « J’ai 26 ans mon vieux Corneille et je t’emmerde en attendant » … Comme quoi il y a une vraie pérennité chez les drôlesses !

Alexiane alterne habilement les chansons toniques, les mid tempo et les ballades. Personnellement, c’est dans ce dernier registre que je la préfère. D’abord parce que l’on profite pleinement des textes et que la douceur, voire la mélancolie, lui vont bien. Le seul regret que j’ai eu avec les chansons plus rock, c’est que les paroles étaient souvent couvertes par la musique. Je crains par exemple d’être passé à coté d’un petit bijou apparemment intitulé Mylène, dans lequel il est question de chaussettes dont les tribulations étaient hélas noyées dans les décibels.

Mes quatre chansons préférées sont J’aime pas les filles (ça commence piano-voix pour exposer les rivalités entre filles pour exploser en un cri du cœur. La ballade se mue soudain en un tango musclé du meilleur effet, la voix se fait ténue. C’est superbe). J’disais pas (très beau texte empreint de mélancolie dans lequel il est question de « se taire pour ne pas crier », où la haine peut être un moteur pour avancer et où elle exprime son dégoût pour un certain monde. C’est fort, très fort). J’ai été également très touché par cette comptine qui parle d’une fillette ou d’une ado perturbée et traumatisée par la mésentente de ses parents, qui ne sait pas où est sa place et qui, par souci de protection, refuse de grandir et d’intégrer le monde des adultes pour ne pas vivre les mêmes conflits qu’eux. Autobiographique ? Même si ce n’est pas le cas il reste une analyse profonde remarquablement écrite). Et puis j’ai apprécié cette chanson qui est une sorte d’hymne véhément à la volonté. Il faut se bouger, croire en soi et les choses viendront d’elles mêmes si on va les chercher)

L’intégralité du tour de chant tient remarquablement la route. Alexiane adopte une gestuelle sobre. Chez elle, tout est dans le regard, dans les sourires et, surtout, dans l’interprétation. Comme elle n’a pas de souci avec sa voix, elle peut vivre ses chansons à fond. Et nous emmener avec elle dans un univers qui lui est très personnel. Très conviviale, faisant preuve d’un métier déjà affirmé, elle établit d’emblée une communication chaleureuse avec le public…
Alexiane Broque… Retenez ce nom.

Gilbert "Critikator" Jouin

mercredi 6 novembre 2013

Arturo Brachetti & Friends "Comedy Majik Cho"

Théâtre du Gymnase
38, boulevard de Bonne Nouvelle
75010 Paris
Tel : 01 42 46 79 79
Métro : Bonne Nouvelle

Spectacle conçu par Arturo Brachetti
Avec Arturo Brachetti, Luca & Tino, Théo Dari, Darcy Oake, Vincent C, Alain Choquette, Luca Bono

Présentation : Arturo Brachetti, le célèbre transformiste, revient avec un spectacle d’un genre totalement nouveau : Le Magic Comedy. Ce genre, venu tout droit des Etats-Unis, célèbre la rencontre entre l’humour et la magie.
En maître de cérémonie déjanté, entouré d’illusionnistes talentueux venus du monde entier, Arturo Brachetti nous offre un show à drôle et poétique, absurde et décalé.
Dans un univers rappelant les ambiances de Tim Burton ou celle d’Alice au Pays des Merveilles, Comedy Majik Cho nous transporte dans un monde merveilleux aux allures de cabaret festif et moderne.
Burlesque, fantastique et émouvant, Comedy Majik Cho est un spectacle de magie qui rit de la magie. Mieux encore, c’est LA comédie qui vous fera aimer la magie !

Mon avis : En plus de ses multiples tenues dont il change à la vitesse de la lumière, Arturo Brachetti endosse celle de maître de cérémonie pour présenter un spectacle étonnant et détonnant sur la magie.
Le show commence avec les duettistes Luca et Tino qui, outre leurs facéties, installent une ambiance italienne tant dans la musique que dans la tchatche. Tenant en quelque sorte le rôle de chauffeurs de salle, ils donnent le ton et annoncent la suite. Ils réapparaîtront ensuite au long du spectacle en guise de fil rouge. Devant leur drôlerie, nous sommes illico presto dans les meilleures dispositions.

Arrive alors Arturo Brachetti, toujours aussi élégant, aussi jovial. Il est visiblement heureux de partager la scène avec ses huit camarades et, surtout, de se livrer lui aussi à quelques numéros de magie. On découvre bien vite que le Comedy Majik Cho est scénarisé. Il va consister en fait au parcours initiatique d’un magicien en herbe, Luca Bono. A lui de s’inspirer de ce que vont lui montrer des artistes bien aguerris pour pouvoir acquérir à son tour le statut d’illusionniste professionnel. Mais, en attendant, il va subir une sorte de bizutage, particulièrement de la part du sale gosse de service, Vincent C., un Québécois brut de décoffrage, à l’humour trash, mais dont la bonne humeur force la sympathie.


Entre les tours de magie, Arturo revient pour notre plus grand bonheur à ses premières amours, le travestissement-éclair. C’est toujours aussi surprenant et étourdissant de virtuosité. Ça dépasse l’entendement, il y a quelque chose de surnaturel dans ses métamorphoses instantanées qui nous font perdre tout rationalisme… Mais il ne tire jamais la couverture à lui. Il profite même d’un moment où il se retrouve habillé en femme pour se livrer à un savoureux exercice de traduction simultanée de l’anglais au français pour présenter une prouesse impressionnante de l’illusionniste américain Darcy Oake… Entre temps, on aura assisté un très esthétique numéro de domptage de… rayons laser, de la part de Théo Dari, présenté comme le maître de la géométrie visuelle… Après lui, nous sommes sollicités par le mentaliste québécois Alain Choquette. Il nous roule dans la farine avec un tour de cartes interactif des plus bluffants qui a le don de nous mettre véritablement en joie. Grand moment de convivialité… et d’incompréhension totale.


Bref, Le Comedy Majik Cho est un spectacle que l’on vit, quel que soir son âge, avec un regard d’enfant. C’est varié, coloré, merveilleux (dans le sens moyenâgeux du terme) et, surtout, à l’image de son Monsieur Loyal d’un soir, Arturo Brachetti,  plein d’humour et de poésie. On ne voit pas le temps passer et on en prend plain les mirettes.

Ma seule réserve – mais elle est très personnelle – j’aurais aimé assister à un peu plus de numéros de transformistes de la part d’Arturo, ses spectacles en solo m’ayant laissé un souvenir tellement fort…

mercredi 30 octobre 2013

Mimie Mathy "Je (re)papote avec vous"

Théâtre de la Porte Saint-Martin
18, boulevard Saint-Martin
75010 Paris
Tel : 01 42 08 00 32
Métro : Strasbourg Saint-Denis

Spectacle écrit par Mimie Mathy
Avec la collaboration de Muriel Robin et Philippe Lemonnier
Mis en scène par Roger Louret

Le propos : Mimie Mathy était célibataire et grosso modo épanouie dans son célibat. Elle revient sur scène mariée et belle-mère de famille nombreuse. Un mari, ses casseroles, le bonheur, les petits soucis, les grands soucis, la vie à deux, quatre beaux enfants, les crises d’ados, les tournages de Joséphine, une maison à la campagne avec un compost, son enterrement… Rien de grave, elle vous expliquera… Les voyages, un aller-retour au paradis, la chirurgie esthétique… Elle a hâte de re-papoter avec son public pour faire le point sur ces dix dernière années.

Mon avis : Tout est dans le titre : après dix ans d’absence sur scène, Mimie Mathy est de retour pour (re)papoter » avec nous. Pendant précisément une heure trente-deux (clin d’œil subliminal à sa taille ?), elle nous narre par le menu tout ce qui s’est passé dans son existence de plus ou moins important au cours de cette longue parenthèse. Tout de suite, on voit bien que cette mise à jour correspondait à un besoin très fort de partager, ses yeux dans nos yeux. Cette décennie a été jalonnée d’événements qui comptent dans une vie de femme.

Avec son art consommé de la comédie, cette conteuse hors pair se livre sans concession et sans pudeur à une sorte de chronique existentielle. En un raccourci troublant, elle commence sur la musique de la Marche Nuptiale en robe de mariée (avec une traîne de sept mètres !) pour terminer, vêtue de noir, avec son enterrement. Il y a là une sacrée symbolique. Mais même lorsqu’elle imagine son décès, elle déforme tout avec le prisme de l’humour et, surtout, une belle dose d’autodérision. Les ironistes de tout poil n’ont plus qu’à se taire, Dupe de rien, Mimie se moque d’elle toute seule. Ainsi se met-elle à l’abri.


Avec une belle énergie, entretenant sans cesse sa complicité avec un public qui lui est acquis dès le début, elle nous dit tout sur sa vie sans éluder grand-chose. Ses confidences autobiographiques sont régulièrement émaillées d’apartés et de réflexions absolument savoureuses. Elle s’autorise même une scène de ménage en live plus vraie que nature. Dans ce cocktail gentiment alcoolisé, elle glisse ça et là un zeste d’émotion ou de tendresse. Mimie n’a pas à se forcer, elle déclenche très naturellement chez nous de l’empathie. On voit bien qu’elle fonctionne à l’affect, qu’elle est hypersensible à la reconnaissance.

Après avoir décrit avec force détails et images quelques pans très intimes de sa vie de famille, au risque de paraître parfois impudique, elle glisse habilement de la réalité à la fiction en laissant Mimie de côté pour endosser le personnage de Joséphine avec ses fabuleux pouvoirs. « Joséphine au paradis » est un des grands moments du spectacle. Or, là aussi, elle ne triche pas. Elle nous démontre qu’elle n’est pas si angélique ça. Elle s’apparenterait même plus volontiers à un bon petit diable. Et puis quel filon que de retrouver au ciel quelques chers disparus !

Et puis Mimie ne saurait construire un spectacle sans y mêler son amour viscéral pour la chanson. D’ailleurs, elle chante de mieux en mieux. Son show aurait pu être sous-titré « La Chanson du bonheur ». Heureuse dans sa vie heureuse sur scène, Mimie irradie littéralement. Elle l’apprécie d’autant plus ce bonheur, qu’il s’est ingénié à attendre qu’elle arrive à la cinquantaine pour condescendre à la prendre enfin dans ses bras. Mais c’est peut-être aussi pour cela qu’il est si fort… et si mérité.
Je ne lui adresserai qu’un seul reproche : pendant mon retour en métro et en RER, je n’ai cessé de fredonner « C’est si bon ». Et je me suis même endormi avec… En même temps, il faut bien reconnaître que c’est vraiment « bon » de papoter avec une ami-mie Mathy que l’on pas vue depuis dix ans, même s’il n’y a qu’elle qui parle. Elle le fait si bien…


Gilbert « Critikator » Jouin

lundi 28 octobre 2013

Albert Meslay "L'Albertmondialiste"

Le Grand Point Virgule
8bis, rue de l’Arrivée
75015 Paris
Tel : 01 42 78 67 03
Métro : Montparnasse-Bienvenue

One man show de et avec Albert Meslay

Présentation : Albert Meslay est un cas, et même un cas grave.
Du début de l’écriture, « Les premiers écrits ressemblaient à des emails gravés dans la pierre et à consulter sur place » à la fin du monde, « le jour de l’Apocalypse, en un instant, les fortunes des nantis seront anéanties et les dettes des pauvres annulées ; on aura une fin du monde de gauche », cet hurluberlu donne son opinion sur tout et même sur des sujets qu’il ne connaît pas : « le droit de se tromper est un privilège qui ne doit pas être réservé »…

Mon avis : Assister à un récital d’Albert Meslay est un plaisir d’esthète. J’emploie le mot « récital » à bon escient car il y a quelque chose de musical dans son phrasé si particulier avec une utilisation très efficace des silences. Et, avec un don d’ubiquité qui frise la schizofrénésie, il est à la fois soliste et chef d’orchestre. Soliste parce qu’il est un instrumentiste quasi inégalé dans sa discipline (dans ce registre si spécifique, je ne vois guère que Vincent Roca, François Rollin et lui) ; et, sa gestuelle, sa manière très personnelle de bouger les bras et les mains et de nous mener à la baguette lui confère ce côté chef d’orchestre.


Le nouveau spectacle d’Albert Meslay, L’Albertmondialiste, est donc, à sa façon, une symphonie. Une symphonie qui, sous des apparences complètement débridées, est très achevée, elle. Albert Meslay est un a(mot)reux transi. Il place le verbe haut, très haut. Mais comme il a l’esprit tortueux et une déviation quelque peu frankestenienne, il n’aime rien tant que d’oser des associations improbables, des associations contre nature même, mais qu’il réussit à nous faire trouver naturelles.
Avec sa moustache de loup-phoque, Albert est un « sang Meslay » car il n’aime rien tant que le métissage des mots. Avec lui, les mots filent tout en subissant une transfusion de sens. Il cultive également le paradoxe des se proclamer « Albertmondialiste » alors qu’il n’est jamais terre à terre.
Certaines de ses assertions jaillissent comme des évidences, du genre qui nous fait rager de ne pas y avoir pensé. Il est également un adepte du bon calembour, y compris en phonétique, et un virtuose de l’absurde.


Son récital ne laisse aucune place à l’improvisation. Chaque note a son importance et tout en mettant le verbe haut, il reste toujours à notre portée. Ses divagations se dégustent comme autant de délicieuses pastilles. On aimerait prendre le temps de les suçoter et de les garder en bouche, mais ça va trop vite. Il enchaîne sans cesse, nous présentant un nouveau parfum, passant sans transition du bonbon acidulé à la dragée au poivre. Son spectacle est d’une joyeuse richesse et d’une grande variété. Il y aborde des thèmes aussi divers que le Big Band, l’emploi, la bretonnitude, la cigarette, la retraite, le pétrole, la Révolution, le réchauffement de la planète, les riches, le dopage… 
Avec un sérieux imperturbable, il déambule sur la scène, faisant étape dans trois endroits privilégiés pour y traiter un sujet plus en profondeur. Car, mine de rien, Albert Meslay témoigne d’une grande culture. Très documenté, il donne des chiffres, cite des références et, toujours sans en avoir l’air,  il nous informe et nous apprend moult choses. Mais comme il ne se veut en aucun cas sentencieux, il a toujours une formule pour contrebalancer tout aspect didactique, du genre : « Je ne suis pas toujours d’accord avec ce que je pense » !... Après avoir proféré une telle affirmation, il peut faire ce qu’il veut et nous, on n’a plus qu’à se laisser prendre aux mots.


Gilbert « Critikator » Jouin

vendredi 25 octobre 2013

Hit parade

Les Visitors de Critikator



Après 650 critiques rédigées, je me suis amusé à voir lesquelles avaient suscité le plus de visites. J'ai ainsi classé les 50 plus lues.
En faisant abstraction de la première place étonnamment occupée par un film de série Z, on s'aperçoit que l'humour se taille la part du lion.




18718 : 2ème sous-sol (thriller de Franck Khalfoun)
16293 : La Vénus au phacochère (avec Alexandra Lamy)
11026 : Victor ou les enfants au pouvoir (avec Lorant Deutsch)
8663 : Christelle Chollet (one woman show)
7595 : Denis Maréchal joue ! (one man show)
7526 : Philippe Geluck  « Le Chat Erectus »
5059 : Le Bonheur (avec Marie-Anne Chazel & Sam Karmann)
4906 : Hair (comédie musicale)
4837 : L’étudiante et monsieur Henri (avec Roger Dumas)
3891 : Kerredine Soltani  « Fils de la Bohême »

3406 : Tout le plaisir est pour nous (une pièce de Ray Cooney)
3304 : Une semaine… pas plus ! (avec Sébastien Castro)
3085 : Dernier coup de ciseaux (adaptée par Sébastien Azzopardi)
2854 : Alpenstock (comédie de Rémi De Vos)
2829 : Sophie Aram  « Crise de foi »
2766 : Le « Best Ouf » des Chevaliers du Fiel
2713 : C’est pas le moment ! (avec Jacques Balutin)
2710 : A tort et à raison (pièce historique)
2628 : Bonjour ivresse ! (comédie de et avec Franck Le Hen)
2560 : Aurélia Decker  « Je crois qu’il faut qu’on parle !)

2591 : Roland Magdane  « Attention c’est show »
2447 : Le Gai mariage (avec Gérard Loussine)
2307 : Arnaud Tsamère  « Chose promise »
2243 : Demain il fera jour (avec Daniel Russo)
2117 : Stéphane Guillon  « Liberté surveillée »
2114 : Louis Bertignac  « Touchez pas au grizzly »
2013 : Elisa Tovati  « Le Syndrome de Peter Pan »
1976 : T’Choupi fait son spectacle
1929 : Garnier et Sentou (Two men show)
1856 : Dérec  « Gérard Bouchard, le retour ! »

1799 : François Morel  « Le soir, des lions… »
1758 : Astérix et Obélix au service de Sa Majesté (film)
1728 : Mozart, l’Opéra rock
1638 : Gaspard Proust  « Enfin sur scène ? »
1613 : Qui est monsieur Schmitt ? (de et avec Sébastien Thiéry, Richard Berry)
1606 : Inconnu à cette adresse (avec Gérard Darmon et Dominique Pinon)
1566 : Les hommes préfèrent mentir (d’Eric Assous avec François-Eric Gendron)
1564 : Gaspard Proust tapine Salle Gaveau (one man show)
1526 : Désolé pour la moquette (de Bertrand Blier avec Myriam Boyer, Anny Duperey)
1523 : Thé à la menthe ou t’es citron ? (de et avec Petrick Haudecoeur)

1519 : Jonathan Lambert  « L’Homme qui ne dort jamais »
1494 : La femme du boulanger (avec Michel Galabru)
1444 : Le Président, sa femme et moi (avec Michel Guidoni, Alexandra Vandernoot)
1402 : Stéphane Rousseau  « Les Confessions de Rousseau »
1393 : Boire, fumer et conduire vite (de et avec Philippe Lellouche)
1365 : Dieudonné  « Sandrine »
1365 : Voca People
1347 : Mamma Mia ! (comédie musicale)
1292 : Hier est un autre jour ! (avec Daniel Russo)

1279 : Mike Brant, laisse-nous t’aimer (comédie musicale)

Le Paquebot Tenacity

Essaïon Théâtre
6, rue Pierre au Lard
75004 Paris
Tel : 01 42 78 46 42
Métro : Hôtel de Ville / Rambuteau / Châtelet

Une pièce de Charles Vildrac
Mise en scène par Pierre Boucard
Costumes de Caroline Gichuki
Avec Frank Cicurel (Bastien), Barbara Castin (Thérèse), Pierre Boucard (Alfred Ségard), Michael Hirsch (Le matelot anglais), Patrick Bethbeder (Hidoux), Cécile Malo (madame Cordier) et Yves-Pol Deniélou, Gabriel Mirète, Etienne Ménard.

L’histoire : Au sortir de la Première guerre mondiale, les jeunes Bastien et Ségard décident de s’embarquer pour le Canada. Après avoir survécu à l’enfer des tranchées, ils ont soif d’une nouvelle vie. Mais une fois arrivés au port, ils apprennent que leur bateau est en cale sèche. Dans l’attente du prochain départ, ils logent à la pension Cordier où règne Hidoux, un pittoresque pilier de bar local, et où travaille la jolie Thérèse. Ce séjour forcé, propice aux réflexions et aux tentations, va changer le destin des deux amis.

Mon avis : J’ai d’abord été surpris par la jeunesse de la majorité des spectateurs et tout aussi étonné devant leurs longs et chaleureux applaudissements au moment des saluts. Un tel enthousiasme faisait visiblement chaud au cœur des comédiens. Il a même fallu que Pierre Boucard interrompe cette ferveur pour remercier et adresser quelques propos autour de la pièce.


Bien que presque centenaire, Le Paquebot Tenacity aborde plusieurs thèmes intemporels : l’amour, le désir de liberté, le choix de son destin. L’histoire se passe dans l’immédiat après-guerre 14-18. Les deux candidats à l’exil, Bastien et Ségard, sortent meurtris de longues années d’épreuves et d’affrontements. Désirant rompre avec ce terrible passé, ils ont décidé de tenter l’aventure et de partir se reconstruire au Canada. Les deux jeunes gens – c’est ce qui fait l’intérêt de la pièce – sont très dissemblables. Bastien est le meneur. Il est exalté, autoritaire, pragmatique et volubile. Alors que Ségard, le suiveur, est plus discret. C’est un idéaliste doublé d’un romantique… Et, au cours de leur séjour forcé dans la pension de madame Cordier, leur attirance commune pour la jolie serveuse, Thérèse, va être l’élément déclencheur qui va infléchir leur destin.


Le texte, d’époque, a un peu vieilli. Mais ça donne un certain charme sépia aux dialogues. J’ai trouvé la scène d’exposition un peu longuette, parce que très bavarde et dominée par le flot de paroles de Hidoux, un pittoresque pilier de bar un peu saoul et très saoulant. Ensuite, je ne sais pas si c’est l’effet « bar de zone portuaire », toujours est-il que je me suis mis à faire un parallèle avec le Bar de la Marine de la trilogie de Pagnol. Finalement, j’ai eu l’impression que Bastien/Marius et Thérèse/Fanny nous refaisaient l’histoire à l’envers avec la bienveillance de Hidoux/César. Mais, hélas, sans en avoir jamais la dimension tragique. On s’attend sans cesse, mais en vain, que ça tourne au drame. Quand on sait que l’auteur, Charles Vildrac, que l’on dit « connu pour son idéalisme et ses convictions humanistes », on comprend qu’il ait opté pour cette fin plutôt gentillette.



Pour ce qui me concerne, j’ai trouvé que cette pièce manquait parfois de souffle, comportait quelques longueurs et je me suis un peu ennuyé. Heureusement, les cinq principaux comédiens sont irréprochables. Ils font preuve d’une belle générosité qui force la sympathie. Avec une mention spéciale pour les deux femmes qui sont très justes. J'ai bien aimé aussi l'évolution de Hidoux qui, de pochetron insupportable, se métamorphose petit à petit en philosophe fataliste...

jeudi 24 octobre 2013

L'Art d'en Rire

Florence Foresti critique-dard

L’Art d’en Rire
Œuvres drôlement commentées par Florence Foresti
Et parfois recadrées par Edwart Vignot
Editions Place des Victoires
Format : 29 x 29
Pages : 208
Illustrations : 100
Prix : 29,95 €

Le thème : Dans un dialogue complice, Florence Foresti, humoriste, et Edwart Vignot, historien de l’art, nous invitent à une promenade singulière au Louvre, à Orsay, et dans les plus beaux musées du monde.
Avec un sens unique de l’observation et une drôlerie inimitable, le duo revisite les plus grandes œuvres, à travers une lecture originale, déjantée, et parfois poétique.
Que vous soyez débutants ou déjà passionnés, vous vous régalerez de cette approche joyeuse et décomplexée de l’art !

Mon avis : Il ne faudrait peut-être pas nous prendre pour des béotiens : quand on s’appelle Florence, qui est tout de même le nom de la capitale mondiale de l’art, il y a quelque chose de subliminal là-dedans, une évidence dans laquelle Edwart Vignot s’est engouffré sans vergogne pour aller titiller la fibre artistique de notre humoriste préférée.


En tout cas, l’idée est excellente. Il est plaisant d’imaginer ces deux complices en train de muser dans les musées pour s’en amuser. Florence, qui voulait jouer le jeu de la spontanéité, avait imposé une règle : ne rien savoir de l’œuvre qui allait être découverte, même pas son titre. Mise en présence d’une toile, elle réagissait à chaud, confiant ses impressions et ses observations à un dictaphone, plaise à Edwart d’y réagir et de provoquer alors une espèce de dialogue.
On s’aperçoit très vite que l’humour est un formidable filtre pour nous faire voir la peinture autrement. Paradoxalement, Florence ne cherche pas à épater la galerie. Son premier regard est vierge de toute connaissance préalable, son analyse est immédiate et instinctive, voire irréfléchie, ce qui donne à ses commentaires un tour très inattendu. Le plus souvent, elle casse la croûte, se paie une toile mais, parfois, c’est sa sensibilité de femme qui est touchée en premier… Il en résulte un ouvrage totalement atypique, riche en reproductions de tableaux célèbres, agrémenté des saillies de l’humoriste et des explications-« recadrages » de l’historien d’art.


Lorsque j’ai eu le livre entre les mains, je l’ai feuilleté au hasard et je suis tombé sur une page qui m’a tout de suite emballé, car elle était le parfait exemple de ce que, inconsciemment, j’attendais de Florence :
Pages 38-39. Un tableau de Giovanni Battista Salvi, dit Il Sassoferrato, intitulé « Judith tenant la tête d’Holopherne » où une femme brandit fièrement la tête d’un ennemi qu’elle vient de trancher. Devant cet acte horrible, Florence, péremptoire, a pensé : «  Je l’avais prévenu ! Fallait pas oublier de relever la cuvette des W.C. »… Ça sent le vécu. Femme à lunette… En tout cas, ce genre de réaction me réjouit complètement.



Cet ouvrage est une réussite. Tant sur le plan de l’esthétique que de l’esprit. On y apprend en riant, en souriant et même en étant de temps à autre touché. Le but recherché était de mettre l’art à portée de tous par le biais de l’humour, il est ô combien atteint. Ce n’est pas le genre d’ouvrage que l’on enferme dans une bibliothèque mais que l’on laisse à portée de main pour qu’il puisse être picoré à l’envi. Si ce n’est pas de la vulgarisation, ça ?..