mardi 4 décembre 2012

Johnny Hallyday


L’Attente
Warner Music

Ce n’est par le meilleur album de Johnny, mais c’est un bon album. En tout cas, au moins, il est « hallydéen » ; conventionnel, conforme à ce que l’on attend de lui. Et, surtout, il porte parfaitement son nom : L’Attente.
En effet, on peut dire que Johnny n’avais pas enregistré de très, très bon album depuis 1999 avec Sang pour sang. Entre temps, il avait sorti cinq disques qui n’étaient pas vraiment à la hauteur de son talent. C’est simple, son dernier vrai tube est Marie, et il date déjà de 2002 ! C’est donc rien de dire que chez ses inconditionnels, l’attente commençait sérieusement à se faire sentir.
Avec cet album, qui reçoit un excellent accueil, il renoue avec ce qu’il sait le mieux faire et le mieux interpréter, les chansons d’amour un tantinet tristounettes. C'est-à-dire celles qui nécessitent cette ambiance bluesy dans laquelle il excelle.

Sur les onze titres qui composent L’Attente, j’en ai retenu sept intéressants. Les voici dans l’ordre d’apparition « en scène » :
1/ L’Attente
Jolie ballade pleine de mélancolie superbement interprétée. Johnny s’y montre aussi sobre que convaincant. La musique, d’abord discrète, va crescendo au fur et à mesure que monte l’intensité émotionnelle avec une belle présence des cordes.
2/ Refaire l’histoire
Un vrai rock. Une supplique véhémente dynamisée par de superbes parties de guitares. La découpe, avec ses couplets saccadés, est du meilleur effet. Une bonne chanson de scène.
4/ Un tableau de Hopper
Chanson très agréable à entendre. Il y a plein de tendresse dans la voix. Le texte, descriptif et réaliste, est particulièrement réussi. Un beau portrait de femme « cabossée » par la vie.
5/ Rester debout
« Rester debout » est un des leitmotive de Johnny. Ça a toujours été sa philosophie de vie et nombreuses sont les chansons qui l’ont évoquée. Ici, le message, plein d’humanité, est chargé de sentiments positifs comme la tolérance, bien que l’on note un certain penchant pour le fatalisme. En tout cas, c’est très bien écrit.
9/ L’amour peut prendre froid
Pas grand-chose à dire. Un duo Céline-Johnny ne peut que fonctionner. C’est de la belle ouvrage.
10/ Devant toi
Ça, c’est du solide. Un titre qui avance tout le temps, porté par une mélodie redoutablement efficace, faite de ruptures judicieuses. L’arrangement est bien travaillé. Il se dégage une belle énergie. C’est une jolie chanson d’amour autour du don et de l’abandon. Bon texte, là aussi.
11/ A l’abri du monde
Ambiance cool. Joli refrain. La mélodie, agréable, sauve le texte un peu convenu et gentillet.

Enfin, un petit constat personnel : pour Un nouveau jour, je trouve que la mélodie n’est pas à la hauteur de la qualité du texte…

Il manque toutefois un tube dans cet opus homogène et très respectable. Les deux meilleures chansons, à mon goût, sont L’Attente et Devant toi. Mais cet album, tout en marquant un appréciable retour aux fondamentaux, manque un peu d’audace et d’innovation. Ses auteurs n’ont pas pris de risques. Ils lui ont confectionné du sur-mesure alors qu’un interprète de l’envergure de Johnny Hallyday ne mérite que de la haute couture. Ce sera peut-être pour le prochain ?...

lundi 3 décembre 2012

Mais qui a re-tué Pamela Rose ?


Un film réalisé par Kad Merad et Olivier Baroux
Scénario de Kad Merad, Olivier Baroux et Julien Rappeneau
Avec Kad Merad (Richard Bullit), Olivier Baroux (Douglas Riper), Audrey Fleurot (La Présidente), Laurent Lafitte (Perkins), Omar Sy (Mosby), Guy Lecluyse (Kowachek), Philippe Lefèbvre (le Commandant de bord), Laurence Arné (Linda), Xavier Letourneur (Donuts), François Morel, Patrick Bosso, Alain Doutey…
Durée : 1 h 30.
Sortie le 5 décembre 2012

Synopsis : Quand il reçoit un appel du shérif de Bornsville lui annonçant que le cercueil de Pamela Rose a été volé, l’agent Douglas Riper voit là une occasion de renouer les liens avec son ancien coéquipier Richard Bullit, un ex-ami avec lequel il est brouillé depuis des années suite à une fâcheuse histoire de femme et de Fuego… Les deux anciennes gloires du FBI, devenus des purs has been, se retrouvent donc pour enquêter sur cette profanation, sans savoir qu’ils sont en réalité attirés dans un piège par un homme qui leur en veut beaucoup. Sans se douter non plus qu’ils seront bientôt les seuls à être au courant que la présidente des Etats-Unis of America est sur le point d’être assassinée. Rien que ça…

Mon avis : Neuf ans après sa brutale disparition, Pamela Rose est exhumée par ses deux géniteurs. La profanation de sa tombe est le prétexte d’une nouvelle aventure pour les deux agents fédéraux Bullit et Riper… Mais, presque dix ans plus tard, les deux hommes sont passablement dégradés. Riper, toujours employé au FBI, mais lamentablement placardisé, s’est considérablement empâté. Mais il brûle toujours d’un feu intérieur et rêve de reprendre du service. Quant à Bullit, il s’est réfugié dans la musique country dans une petite bourgade où il est entouré de toute la sollicitude des habitants. La « résurrection » de Pamela va leur permettre, et de se réconcilier, et d’avoir l’opportunité de devenir les sauveurs du monde. Des héros, quoi !

Je n’irai pas par quatre chemins : je suis complètement fan de l’univers cinématographique de Kad et Olivier. J’aime leur humour potache, décalé, loufoque, mélange réussi de gaudriole franchouillarde et de dérision british… Ce qui est bien, c’est qu’ils nous pondent à chaque fois un film avec une vraie histoire. Il y a en effet une colonne vertébrale très écrite sur laquelle viennent se greffer une multitude de petites côtes flottantes uniquement destinées à nous faire marrer.
L-histoire d’abord. Elle tient parfaitement la route. C’est un authentique thriller à l’américaine. D’autant plus à l’américaine qu’il concerne la présidente des Etats-Unis elle-même. Le décorum est en place. Et ça fait cossu. C’est bien filmé, il y a de beaux costumes et de belles coiffures (le plus gros du budget a dû être destiné aux capilliculteurs…). Il n’y a aucun complexe à avoir face aux grosses productions. La dramaturgie, bien construite, va crescendo. C’est du vrai cinéma. C’est truffé de clins d’œil, de références, de détournements…
C’est un blockbuster… Keaton. Difficile d’être plus farfelus que ces deux zigotos. Ils cultivent habilement toutes les formes d’humour. Il y a autant de blagues bien lourdes que de facéties finaudes. Je pense que cette répartition est voulue pour pouvoir toucher le plus large public, les amateurs de premier degré comme les friands de second degré. Et puis je pense aussi que ça les amuse surtout eux d’abord. Il est évident que le plaisir qu’ils prennent à leurs sornettes est communicatif.
Déjà, il ne faut pas arriver en retard à la projection, ni quitter la salle trop tôt ; car il ne faut manquer ni le générique de début ni le bêtiser offert en guise de bonus. Ensuite, il n’y a plus qu’à se laisser porter par nos deux énergumènes. Il ne faut pas chercher à finasser. On rit tout le temps comme des gamins et, franchement, ça fait du bien.

Les acteurs. Kad Merad et Olivier Baroux. Leur tandem est parfaitement rôdé. Chacun possède son cahier des charges et s’y tient scrupuleusement. Kad, c’est l’Auguste, prompt à toutes les bouffonneries, Olivier, c’est le clown blanc qui ne se départ pratiquement jamais de son sérieux. C’est une des raisons pour lesquelles leur duo fonctionne aussi bien. Ils ne se marchent jamais sur les pieds… Et, une fois encore ils ont su s’entourer.
Audrey Fleurot, qui est devenue en quelques films et séries une de nos actrices de tout premier plan, accomplit une fois de plus un sans faute. Elle est tout à fait crédible dans son rôle de présidente qui n’en est pas moins femme… Omar Sy ; de son côté, apparaît quasiment en contre-emploi. Il est digne, grave et professionnel comme sa fonction de garde du corps l’impose. Il ne rit jamais, sourit à peine. On a parfois du mal à croire que l’on a à l’écran le facétieux Omar. Ce qui prouve évidemment qu’il peut décidément tout jouer… Laurent Lafitte est comme un poisson dans l’eau dans ce registre décalé où il fait montre d’une belle autodérision. C’est un grand acteur de comédie… Et puis il y a Guy Lecluyse. Anthony Hopkins et Hannibal Lecter ont du souci à se faire tant le Guy est inquiétant et machiavélique, habité qu’il est par une haine et un esprit de revanche irrépressibles.

Il ne faut pas se tromper d’objectif. On va voir Mais qui a re-tué Pamela Rose ? avant tout pour se distraire, pour passer un bon moment de détente sans se prendre le chou et rire de bon cœur. Il y a bien sûr quelques imperfections et quelques facilités, mais on ne peut dénier à Kad et Olivier d’avoir fait un sacré bon boulot dans un genre des plus exigeants et les plus rigoureux, la comédie

samedi 1 décembre 2012

Bénureau "Best of"


La Cigale*
120, boulevard de Rochechouart
75018 Paris
Tel : 01 48 65 97 90
Métro : Pigalle / Anvers

Spectacle écrit par Didier Bénureau, Eric Bidaud, Dominique Champetier, Anne Gavard
Mis en scène par Dominique Champetier
Musique de Didier Bénureau
Avec Les Cochons dans l’Espace : Pascal Bétrémieux (guitare), Amaury Blanchard (batterie), Julie Darnal (claviers), Dominique Greffier (basse), Michel Aymé (guitare)

Présentation de Didier Bénureau : « En fait, l’idée de reprendre mes anciens sketchs une dernière fois ne m’excitait pas du tout. C’est lorsque mon producteur (C'est-à-dire moi-même) a proposé au comédien (toujours moi) de jouer ce spectacle avec un groupe de rock, que le désir est monté… La Cigale, des musiciens… et moi ! Au milieu ! Jouant mes sketchs ! Toutes mes chansons idiotes, mes gesticulations dansées ! Jouant de l’ukulélé, chantant Moralès, La maman de ma maman avec un groupe de rock ! Voilà, c’est ça l’idée : un best of en musique ! »

Mon avis : Cet homme est fou, complètement fou ! Et dans son Best of, il parvient encore à dépasser toutes les limites. Il nous fait la totale. Il joue la comédie, il chante, il danse, il grimace, il s’amuse…
A partir du moment où il a décidé de mettre le one man show entre parenthèses pour se consacrer au théâtre en 2013 et de rejouer une ultime fois ses sketchs les plus célèbres, il peut se permettre d’y aller à fond, de lâcher les chiens. Ou plutôt les cochons. En effet pour ces dernières représentations qui verront leur terme le 13 janvier 2013 au théâtre Déjazet, il s’est entouré de la joyeuse bande des Cochons dans l’espace. Deux cochonnes (à la basse et aux claviers), et trois cochons (aux guitares et à la batterie)… Avec l’apport de Didier, on aurait plutôt envie de les rebaptiser Les Cochons dans les spasmes tant nos zygomatiques sont mis à rude épreuve.

Il n’y a pas de round d’observation. Les Cochons, dont on attendrait plutôt qu’ils jouent de musique soue, sont résolument rock’n’roll. Ils permettent ainsi à Bénureau de nous servir une entrée à rendre jaloux Mick Jagger. Jugez plutôt : déhanchements lascifs, déplacements chaloupés, petits sauts de cabri, entrechats à la Bourvil… Il s’en donne à corps joie.
Après cette introduction frénétique, les musicos s’étant retirés, il ouvre dans le volet one man show en interprétant ses anciens sketchs, ses tubes. Le spectacle va être ainsi conçu, quelques sketchs à la suite entrecoupés par une chanson. C’est redoutablement efficace. Didier Bénureau ne s’offre aucun répit. Pas question de s’économiser alors qu’il sait qu’il les campe pour les dernières fois ses personnages odieux, lamentables, pathétiques, vicieux, indignes, parfois même naïfs. Quel bonheur que de retrouver dans un même spectacle le père de famille « heureux », la belle-mère sadique (Allo Patricia), le chanteur lyrique irradié, le militant, le miroir à deux faces, le chevalier anglais, le vieil évêque travesti, l’homo amoureux d’un Allemand pendant la guerre, la cérémonie du mariage… Sans compter l’hommage rendu par une garçonnet de 10 ans et demi à Julien Coupat et, sans doute la séquence la plus attendue de tout le public, l’élégie à Moralès.

Si, par méconnaissance ou négligence, vous n’avez jamais assisté à un spectacle de Didier Bénureau, ne manquez par celui-ci. Il y livre avec une incroyable générosité sa substantifique moelle. Il fait ce qu’il veut avec sa voix et avec son corps. Jamais vous n’aurez été les témoins de chorégraphies aussi improbables. C’est un comédien hors pair, son jeu est d’une précision clinique. Ses mimiques, sa gestuelle sont absolument irrésistibles. Il est unique dans ce registre. Tout au long de son spectacle, je me suis demandé où il allait puiser toute cette énergie digne d’un sportif de haut niveau. En toute sincérité, il FAUT voir Bénureau au moins une fois dans sa vie. Mais de grâce, dépêchez-vous…

  • Prolongations au théâtre Déjazet du 18 décembre au 13 janvier