mardi 30 octobre 2012

Le Chat Erectus


Le Chat Erectus
De Philippe Geluck
Editions Casterman
Sorti le 24 octobre 2010

Mon avis : L’auteur et son personnage fétiche sont vraiment félins pour l’autre. Au fil des albums, le matou matois est devenu le prolongement naturel du crayon et de la pensée de son créateur. Il en est la griffe. On peut dire même affirmer aujourd’hui qu’il en est arrivé à la suppléer car, hélas pour lui, Geluck n’est plus un minet. En effet, au printemps prochain, Philippe Geluck et Le Chat, célébrerons une union de trente ans. Ça ne s’invente pas : ce seront leurs noces de perles ! Et des perles, il y en à foison dans ce dix-septième opus…

Une fois encore, il y en a pour tous les goûts. Geluck ratisse large. Il se met en Cat. Il passe du premier degré à l’absurde, pratique l’évidence comme personne, se montre aussi impertinent ou satirique que subversif. Il pille sans vergogne le patrimoine artistique pour détourner le sens d’œuvres célèbres en leur juxtaposant des légendes imparables. Et chacune des réflexions du Chat fait que, au minimum, on y sourit… Le fait le plus marquant de ce nouvel album, c’est que Geluck, qui fait également partie de la bande de Siné, s’est aventuré du côté du dessin politique en croquant par exemple Sarkozy et Chirac et en faisant allusion à l’affaire DSK.

J’ai tout aimé dans cet ouvrage plein d’esprit et de trouvailles. Cet homme est fin, très fin. Et tellement prolifique ! Si je devais ne citer qu’une réflexion du facétieux Mistigri, ce serait celle-ci : « Les papillons qui ne vivent qu’un jour prennent leur retraite vers 17 h 30 »… C’est tout simplement génial. Il faut avoir un esprit particulièrement tortueux pour pondre de telles bulles. Ce sont des bulles dignes d’un pape de la BD. En toute objectivité, je nourris une admiration sans borne pour l’humour foisonnant de Philippe Geluck. Les albums du Chat, qui me font ronronner d’aise, font beaucoup pour tempérer la morosité ambiante. La seule crise qu’ils provoquent, c’est la crise de rire. Alors, vive Geluck, vive Le Chat !...

mercredi 24 octobre 2012

Rendez-vous au Grand Café


Bouffes Parisiens
4, rue Monsigny
75002 Paris
Tel : 01 42 96 92 42
Métro : Quatre Septembre / Pyramides / Opéra

Une pièce de Daniel Glattauer
D’après Quand souffle le vent du Nord de Daniel Glattauer
Adaptée par Ulrike Zemme et Daniel Glattauer
Traduite par Patrick Démerin et Hans Peter Cloos
Mise en scène par Alain Ganas et Hervé Dubourjal
Décors de Pucci de Rossi
Lumi7res de Philippe Quillet
Costumes d’Agnès Falque
Musiques de Jean-Claude Camors (du Quatuor)
Avec Olivier Marchal (Léo), Catherine Marchal (Emmi)

L’histoire : Une erreur d’adresse mail met Emmi et Léo en contact. C’est le début d’une relation qui se construit sur ce que chacun veut bien révéler à travers cet échange de mails : elle est mariée et conçoit des sites sur Internet. Il est psychologue du langage et se remet difficilement d’un chagrin d’amour. Un attachement étrange s’installe entre eux. Les mails anodins se transforment en correspondance, indispensable, attendue, espérée…

Mon avis : Une faute de frappe. Un « e » à la place d’un « i ». Une erreur plutôt récurrente chez Emmi. Son mail arrive sur l’écran d’un homme, Léo, à qui il n’est pas adressé. Il répond poliment. Elle s’en excuse… C’est le début d’une correspondance dont l’évolution va être le sujet de toute la pièce.
Les mails s’échangent et s’entremêlent dans un charmant méli-mélo ; chacun commence à se mêler de la vie de l’autre. Tout va se passer via Internet. La conversation, qui n’était qu’anodine, commence à prendre de l’épaisseur au fur et à mesure que croît l’intérêt de chacun pour son interlocuteur de hasard.

Emmi est jolie, joyeuse, volubile, lumineuse, pragmatique et, surtout, heureuse de sa vie de femme et de mère… Léo est encore tout meurtri par une douloureuse séparation. Il se laisse un peu aller. Il est débraillé, hirsute, pieds nus, il fume énormément. Et il est très bougon. Visiblement, ces mails inopinés l’enquiquinent. Mais, comme c’est quelqu’un de bien élevé, il y répond. De façon quelque peu acerbe, certes, mais il y répond. Ce qui amuse fortement Emmi. Ça lui apporte un peu de piment dans sa vie ronronnante… Paradoxalement, le premier à craquer et à se dévoiler et à montrer le plus de sincérité, ce sera Léo. Son chagrin est encore trop lourd, il a besoin de s’en décharger. C’est beaucoup plus facile pour lui avec quelqu’un qu’il ne connaît pas et qu’il ne veut pas connaître… Peu à peu, l’échange qui n’était que jeu et envois de piques, tourne à la confidence. Une véritable addiction s’installe. Jusqu’où vont-ils aller dans leur quête de connaissance de l’autre ?

Rendez-vous au Grand Café est une pièce sur le fantasme, sur le poids de l'imaginaire. Il est insidieux, bien plus prenant que la réalité car on idéalise l’autre. Aucun n’est dupe pourtant. Fin analyste des sentiments, Léo sait que leur aventure courrielle n’est qu’« une utopie amoureuse construite sur les touches d’un clavier ». Mais la dépendance, le besoin de l’autre, se font de plus en plus impérieux. Seule LA rencontre pourrait confirmer ou infirmer leur attirance…

Finalement, cette histoire est bien convenue, sans grande surprise. Elle est heureusement servie (et sauvée) par l’interprétation de ses deux protagonistes. Le couple, à la scène, fonctionne à merveille. Lui dans le genre bourru (registre qu’Olivier Marchal affectionne), elle dans la grâce et la légèreté. On comprend tout à fait que, couple à la ville, Catherine et Olivier aient été attirés par cette pièce et aient eu envie de la jouer ensemble. Ils y prennent un plaisir évident. Tout réside dans leur jeu, dans leur échange, dans leur complicité. C’est plaisant à voir, mais il plane en permanence un léger nuage d’ennui. Il y a de l’humour (surtout dans certaines envolées de Léo), de la tendresse et aussi, vers la fin, de l’émotion. Pourtant, il nous manque quelque chose. Tout cela est trop formel, trop attendu. Les deux personnages sont complètement dans les stéréotypes féminins et masculins.

La pièce est découpée dans le temps. Les parenthèses sont rythmées par de fort jolies mélodies. On assiste à des petites scènes de leur quotidien. Ils boivent, se changent, lisent, se couchent…
Quant aux comédiens, ils sont vraiment parfaits. Ils jouent naturels. Catherine Marchal, très féminine, est véritablement séduisante. Elle porte à ravir de fort jolies robes… Olivier Marchal est comme il est dans la vie : une sorte d’ours débordant de tendresse qui excelle dans les boutades et les formules à l’emporte-pièce.

mardi 23 octobre 2012

La Bible de la religion cathodique


Les 500 émissions mythiques
De la Télévision française
Ecrit par Michel Drucker et Gilles Verlant
En partenariat avec l’INA (Institut National de l’Audiovisuel)
Beaux Livres Flammarion
528 pages / 700 illustrations
29,90 €

Mon avis : Plus de 500 pages racontant cinq décennies de Dame Télévision française de sa naissance aux années 2000, voici ce qu’on peut appeler un pavé de bonnes intentions !
Passé l’impressionnant sommaire, l’ouvrage s’ouvre en double page sur un fameux clin d’œil qui résume à lui seul ce demi-siècle : une photo réunissant Jacqueline Joubert et Georges de Caunes et un bambin dans son landau, leur très prometteur rejeton, Antoine… Ce cliché de 1954 en noir et blanc suscite en nous autant le sourire que l’émotion.

Avant de s’immerger plus avant dans ce recueil, même si ça peut paraître superfétatoire en raison de leur notoriété, il faut en présenter les auteurs.
Le gros de l’ouvrage est réalisé par Gilles Verlant. Il est entré « en télévision » il y a quarante ans, en 1972. Ce grand spécialiste de musique rock et de BD est autant renommé pour sa voix que pour sa plume. Voix de Rapido, puis de Canal+ pendant dix ans, on lui doit de nombreux portraits et biographies, la plus impressionnante étant celle de Serge Gainsbourg. Habitué à rédiger de grosses sommes, maniaque du détail et de l’information, il était on ne peut plus habilité à raconter l’histoire de la Télévision.
Le Monsieur Plus de cet ouvrage n’est autre que Michel Drucker. En 2014, il célébrera ses cinquante ans de télévision. Un demi-siècle dans le poste ! Il est sans conteste aujourd’hui la figure la plus emblématique de l’audiovisuel hexagonal. Le « plus », c’est de l’avoir fait réagir sur la plupart de ces 500 émissions. Ses encadrés constituent la valeur ajoutée, le sel de ce gros plat de résistance, sa respiration libre et sans langue de bois. Son extrême connaissance du milieu ajoutée à ses nombreuses expériences personnelles fait que ce livre fourmille d’anecdotes, de confidences et de réflexions qui le rendent encore plus riche et plus vivant.
Enfin, il faut signaler la collaboration à cet ouvrage de l’INA (Institut National de l’Audiovisuel) qui a permis l’accès à ses indispensables archives.

Impossible de parcourir Les 500 émissions mythiques de la Télévision Française d’un trait. Le classement étant chronologique et l’ouvrage divisé en cinq décennies elles-mêmes compartimentées en différentes thématiques (Information, Débat, Sport, Variétés, etc…) on peut l’aborder comme on le veut. Soit méthodiquement, de façon purement scolaire, soit en le picorant en fonction de vos goûts… ou de votre âge. Il est vrai qu’on a plutôt tendance à se jeter sur la période que l’on connaît le mieux, celle où l’on a été le plus téléphage.
Ce bouquin est d’une richesse incroyable. Difficile d’être plus exhaustif. Il y a tout ! Et on en apprend sur tout : genèse et historique des émissions, leur durée, portraits du ou des principaux protagonistes… Le tout est agrémenté d’une remarquable iconographie, des photos qui constituent pour nous autant de petites madeleines de Proust.
Ce que l’on qualifiait il y a quarante ans d’« étrange lucarne » est devenu, au fil de temps, un élément familier incontournable de notre quotidien. La télévision est, depuis pas mal de temps déjà, reconnue comme étant le loisir numéro 1 des Français.
Il fallait faire ce livre. A travers ses pages, on revit cinquante ans d’histoire, il synthétise l’étourdissante évolution de notre société, et il rend également hommage à toutes ces personnalités, toutes ces figures, qui nous ont accompagnés tout au long de notre vie.
Les 500 émissions mythiques de la Télévision Française, c’est la Bible pour tous les cathodiques (le Missel Drucker ?)…

mercredi 17 octobre 2012

Les grands moyens


La Gaîté Montparnasse
26, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 16 18
Métro : Gaîté / Edgar Quinet

Une comédie de Stéphane Belaïsch et Thomas Perrier
Mise en scène par Arthur Jugnot et David Roussel
Scénographie de Sarah Bazennerye
Avec Cyril Garnier (Max), Guillaume Sentou (Léo), Magaly Godenaire (Laura), Marie Montoya (Salomé)

L’histoire : Max va piéger Laura ; il voudra piéger Salomé mais sera piégé par Léo qui voulait piéger Laura…
Léo est en plein chagrin d’amour. Il vivait avec Laura, elle l’a quitté il y a quelques mois. Elle lui reprochait ce que toutes les femmes reprochent aux hommes en général : égoïsme, immaturité, lâcheté, etc… Léo en discute avec Max dans le bar tenu par Salomé, la cousine de Laura. Un plan diabolique va alors se mettre en place. Télécommandé par Léo, Max va séduire Laura puis se saborder volontairement afin de la dégoûter des hommes et de leurs faiblesses…

Mon avis : Et bien, ce spectacle n’est pas moyen, il est grand ! Une fois encore le Théâtre de la Gaîté porte bien son nom avec cette comédie trépidante et follement drôle. Drôle, mais avec une vraie histoire remarquablement ficelée. En effet, les « ficelles » (ou rebondissements) se croisent et s’entrecroisent à l’infini pour finir par nous fournir un invraisemblable canevas. L’écriture, le ton et le traitement de cette pièce sont hyper modernes. A une époque où tout va très vite et où règne la zapette, il ne faut pas laisser au spectateur le temps de se poser. Il se passe trop d’événements, de bouleversements, de gags, d’effets visuels… On se demande en permanence comment ces quatre là vont se sortir de leur imbroglio sentimental.
Car Les grand moyens est avant tout une comédie sentimentalo-romantique. Le fil rouge en est l’amour et, en corollaire, les sempiternelles relations hommes-femmes. Même si la pièce se veut générationnelle puisqu’elle implique des trentenaires, les histoires de couples concernent tout le monde.

Cette pièce, c’est du Marivaux. On aurait pu ainsi emprunter différents titres à son œuvre sans en dénaturer le sens. Les exemples abondent : L’Amour et la Vérité, La Surprise de l’amour, La Double inconstance, Le Dénouement imprévu, La Seconde surprise de l’amour, L’Heureux stratagème, L’Epreuve… C’est confondant de voir comme chacun de ces titres pourrait parfaitement convenir. Mais, comme ici Marivaux est complètement revisité par les Monty Python, on ne saurait faire référence au Jeu de l’amour et du hasard. S’il y a en effet du jeu et de l’amour, il n’y a en revanche aucune intervention du hasard car dans la pièce de Belaïsch et Perrier, le destin est sans cesse téléguidé. Sans le stratagème machiavélique fomenté par Léo, il n’y aurait pas d’histoire…
Elle est toute simple l’idée de Léo : faire séduire son ex, Laura, par un bellâtre qui va se révéler être un gougnafier pour que, par effet comparatif, elle réalise ce qu’elle a perdu en le congédiant. De loin, ça paraît imparable, mais l’âme humaine – et en priorité la mentalité masculine – est imprévisible. Le boomerang ainsi lancé un peu inconsidérément, peut vous revenir encore plus vite en plein cœur… Et puis il y a les impondérables. Comment Léo aurait-il pu s’imaginer que Salomé, la cousine de Laura, allait s’enticher grave de lui ? Lui, indécrottable romantique, comment pourrait-il se glisser dans l’esprit de Max, dragueur invétéré, queutard quasi professionnel, pour l’amener à agir selon ses principes ? Devenant ingérable, la combine échappe dès lors à tout contrôle…

Non seulement Les grand moyens est un véritable petit bijou d’écriture, mais cette comédie est servie par une mise en scène au rythme échevelé, truffée de trouvailles ingénieuses. Devant tant d’inventivité, Jugnot n’est pas le Roi Arthur, mais Merlin l’Enchanteur ! Or, pour qu’une machine aussi méticuleusement huilée puisse tourner à plein régime, il faut qu’elle soit actionnée par des comédiens qui puissent non seulement s’associer à ce délire totalement maîtrisé mais aussi lui apporter leur propre folie. Et actuellement, il n’existe aucun binôme aussi explosif et performant que celui formé par Cyril Garnier et Guillaume Sentou. Arthur Jugnot, qui les avait eus pour partenaires dans la pièce elle-même louftingue, A deux lits du délit, savait exactement ce qu’il pouvait attendre de ces deux énergumènes. Non contents d’assurer sur le strict plan de la comédie, ils y mettent leur petit plus, à savoir quelques prouesses physiques complètement cartoonesques qu’ils sont les seuls capables d’accomplir.

Dans cette pièce la rapidité des échanges et l’enchevêtrement des situations sont tels qu’on ne sait vraiment plus où donner de la tête. Et on rit, on rit, on rit… Sincèrement, chapeau aux auteurs. Il en faut de l’imagination pour réussir à concocter une comédie aussi bien construite et qui nous tienne en haleine du début à la fin sans aucune incohérence. La manière dont les dialogues s’enchaînent est d’une rare originalité, surtout au théâtre, où tout se déroule en direct. Et le rythme est donné par la succession nerveuse de petites saynètes. C’est réellement magistral. Il y a vraiment de superbes idées. Ne serait-ce que de jouer les deux versions d’une scène : celle qui était prévue et celle qui s’est réellement passée. L’effet de surprise sur nous est d’autant plus réjouissant.

Du début à la fin, on se sent en empathie avec les quatre protagonistes des Grands moyens. Ils nous ressemblent, ils sont comme nous, avec leurs doutes, leur quête de bonheur. Le casting est parfait, épatant. Pour donner la réplique à ces deux hurluberlus de Garnier et Sentou, il fallait deux jeunes femmes promptes à s’engouffrer dans ce joyeux univers et aptes à y ajouter leur grain de folie. Magaly Godenaire et Marie Montoya campent avec autant de malice que de sensibilité ces deux jeunes femmes en mal d’amour en mal de mâles. Contrairement aux bonshommes, elles restent lucides, même si, heureusement, elles ne sont pas toujours raisonnables.
Je ne peux que vous recommander le plus chaudement cette pièce joyeuse, pleine d’humour et pleine d’amour. C’est une réussite totale, à tous les niveaux. Que ce soit sur le plan de l’écriture, sur celui de la mise en scène te sur celui du jeu d’acteur, ils y ont tous mis le meilleur d’eux-mêmes. Les grands moyens, quoi !

lundi 15 octobre 2012

Astérix et Obélix au service de Sa Majesté


Un film de Laurent Tirard
D’après l’œuvre de René Goscinny et Albert Uderzo
Scénario de Laurent Tirard et Grégoire Vigneron
Costumes de Pierre-Jean Larroque
Avec Gérard Depardieu (Obélix), Edouard Baer (Astérix), Guillaume Gallienne (Jolitorax), Vincent Lacoste (Goudurix), Valérie Lemercier (Miss Macintosh), Fabrice Luchini (Jules César), Catherine Deneuve (Reine Cordelia), Charlotte Le Bon (Ophélia), Bouli Lanners (Grossebaf), Dany Bonn (Têtedepiaf), Atmen Kélif (Pindépis), Jean Rochefort ‘Lucius Fouinus), Gérard Jugnot (Capitaine pirate)
Sortie le 17 octobre

Synopsis : 50 avant Jésus-Christ. César a soif de conquêtes. A la tête de ses glorieuses légions, il décide d’’envahir cette île située aux limites du monde connu, ce pays mystérieux appelé Britannia, la Bretagne.
La victoire est rapide et totale. Enfin… presque. Un petit village breton parvient à lui résister., mais ses forces faiblissent. Cordelia, la Reine des Bretons, décide donc d’envoyer son plus fidèle officier, Jolitorax, chercher de l’aide en Gaule, auprès d’un autre village, connu pour son opiniâtre résistance aux Romains…
Dans le village gaulois en question, Astérix et Obélix sont déjà bien occupés. Le chef leur a en effet confié son neveu Goudurix, une jeune tête à claques fraîchement débarquée de Lutèce. Ils sont censés en faire un homme. Mais c’est loin d’être gagné.
Quand Jolitorax arrive pour demander de l’aide, on décide de lui confier un tonneau de potion magique, et de la faire escorter par Astérix et Obélix, mais aussi Goudurix, car ce voyage semble une excellente occasion pour parfaire son éducation…

Mon avis : Ce quatrième opus des aventures d’Astérix, signé Laurent Tirard, est sans conteste le plus fidèle aux BD de Goscinny et Uderzo. Personnellement, je l’ai trouvé nettement supérieur à Astérix aux Jeux olympiques, mais en dessous du niveau atteint par le magistral Mission Cléopâtre.

Dans le désordre, voici ce que j’ai vraiment aimé :

Au niveau des comédiens
-          La prestation parfaite de Gérard Depardieu.
-          La facilité avec laquelle Edouard Baer s’est glissé dans les braies d’Astérix. Il apporte au personnage du petit Gaulois une forme de sagesse, une sérénité, un calme, un recul et un sens de la dérision qui lui vont très bien. Son timbre de voix, si personnel, est également un plus.
-          La finesse de jeu de Guillaume Gallienne.
-          Un Fabrice Luchini absolument impérial. Il en impose tout naturellement sans jamais en rajouter. Il est impeccable, même quand il y perd son latin…
-          La composition savoureuse de Valérie Lemercier.
-          La prestance tout-à-fait royale de la grande Catherine… Deneuve.
-          La fraîcheur et le charme de Charlotte Le Bon.

Au niveau de l’adaptation
-          La qualité des dialogues.
-          Le flegme tout britannique affiché par Guillaume Gallienne et Catherine Deneuve.
-          L’idée de traduire l’anglais de façon scrupuleusement littérale.
-          Les nombreux anachronismes placés à bon escient.
-          Les quelques clins d’œil à l’actualité (exemple : les sans-papyrus).
-          Le respect de l’antagonisme franco-anglais.
-          La scène d’anthologie qu’est la rencontre entre Astérix et Jules César. Le jeu très subtil des comédiens et la virtuosité de leur échange. C’est, pour moi, le grand moment du film.
-          L’introduction du thé en Grande-Bretagne.

Ce que j’ai moins apprécié :
-          Un manque de folie. Le film est trop maîtrisé. J’aurais aimé que Laurent Tirard soit un peu plus audacieux et lâche les chevaux.
-          J’ai mis un temps fou à reconnaître Dany Boon, lequel nous livre, à mon goût, une prestation en demi-teinte.
-          Il y a deux-trois scènes un peu inutiles, longuettes ou superfétatoires (le vol des Vikings / la danse entre Obélix et Miss Macintosh).
-          On aurait pu trouver un autre motif pour faire enfin connaître la peur aux Vikings. Le prétexte utilisé dans le film est un peu faiblard.
-          J’aurais aimé qu’on ajoute quelques spécificités typiquement british (la conduite à gauche par exemple)
-          Le jeu très moyen et parfois faux de Vincent Lacoste dans le rôle de Goudurix.

Conclusion :
Astérix et Obélix au service de Sa Majesté est un film sympathique et gentillet, presque trop conventionnel. On y sourit – très souvent certes – plus qu’on y rit. Il y a heureusement ça et là de jolis morceaux de bravoure. Mais, personnellement, je suis resté sur ma faim. Ce qui n’empêchera pas le film de Laurent Tirard de décrocher un vrai succès populaire. J’en suis convaincu.

Nolwenn Leroy entre au Musée Grévin


Musée Grévin
10, boulevard Montmartre
75009 Paris
Tel : 01 47 70 85 05

Nolwenn Leroy immortalisée

Le lundi 8 octobre, sous un petit crachin breton, le Musée Grévin avait déployé son fameux tapis rouge devant son hall d’entrée boulevard Montmartre. Si on mesure l’impact médiatique d’une célébrité au nombre de photographes, on peut affirmer que Nolwenn Leroy, l’héroïne de la soirée, est très haut placée… Pourtant la première personnalité à faire crépiter les appareils a été… Michou accompagné d’un travesti de son célèbre cabaret confondant de ressemblance avec la chanteuse, si ce n’est qu’il était tout de même un peu plus baraqué. L’effet était néanmoins saisissant.

Arrivée à bord d’une Lotus Seven, Nolwenn a fait son entrée dans le théâtre du Musée, lieu où sont intronisés tous les nouveaux entrants au Grévin, vers 20 h 30, accueillie par un tonnerre (de Brest) d’applaudissements. Dès qu’elle fut installée au premier rang, entourée des membres de sa famille, c’est son ami Raphaël Mezrahi qui a joué les maîtres de cérémonie avec un discours complice et décalé dont il a le secret. Ensuite, ce fut au tour de la directrice de Grévin, Béatrice de Reyniès, d’expliquer de manière un plus officielle les raisons de son entrée dans le temple de la reproduction en cire… Puis, c’est Henri-Jean Servat qui, avec une emphase à la Malraux, retraça la trajectoire lumineuse de la jeune femme.

A l’issue de ces discours laudateurs, nous avons revécu le parcours de l’artiste à travers la projection de quelques images d’archives, parfois personnelles, la montrant tant dans sa vie privée que professionnelle et surtout sur scène, là où elle excelle particulièrement. Puis, accompagnée au piano par Fred Renaudin, Nolwenn nous a fait le cadeau de nous interpréter deux titres, Your Song d’Elton John, et Je ne serai jamais ta Parisienne, une chanson de son dernier album. Nous avons vécu là un grand moment de grâce et de partage tout simple.

Enfin, est arrivé l'instant tant attendu, le clou de la soirée : la révélation de l'effigie en cire de Nolwenn. C'était troublant de les voir ainsi côte-à-côte, vêtues à l'identique d'une superbe robe noir brodée d'or signé Manoush, une griffé dont Nolwenn est incontestablement la plus charmante des ambassadrices.
Dans le Grévin, le double de Nolwenn sera assis sur le piano d’Elton John (d’où le clin d’œil avec Your Song). Notre Bretonne sera vraiment bien entourée car ses plus proches compagnons de Musée ne seront autres que Julien Clerc, Franck Dubosc, Brad Pitt et Thierry Lhermitte. Excusez du peu !

La cérémonie s’est clôturée par un cocktail à l’image de la jeune femme, c’est-à-dire particulièrement convivial et chaleureux. Nolwenn avait même poussé la délicatesse à dénicher un traiteur qui nous a concocté quelques spécialités typiquement bretonnes comme des crêpes, des coquilles Saint-Jacques, et même des huitres…
L’entrée de Nolwenn Leroy au Musée Grévin conclut on ne peut plus joliment près de deux années de succès interrompu depuis la sortie de son album Bretonne, et la tournée qui l’a suivie. Comme quoi il est bon parfois d’avoir quelques « celtitudes »…

samedi 13 octobre 2012

Les derniers jours de Stefan Zweig


Théâtre Antoine
14, boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Tel : 01 42 08 77 71
Métro : Strasbourg Saint-Denis

Une pièce de Laurent Seksik
Mise en scène par Gérard Gelas
Décors de Jean-Michel Adam
Costumes de Pascal Bordet
Lumières de Gérard Gelas
Avec Patrick Timsit (Stefan Zweig), Elsa Zylberstein (Lotte), Jacky Nercessian (Ernest Feder), Bernadette Rollin (madame Banfield), Gyselle Soares (Rosaria)

L’histoire : La pièce nous transporte dans le tourbillon de deux vies, l’ultime voyage de Zweig et de son épouse, Lotte.
Fuyant le nazisme, l’écrivain et sa femme, éprise d’absolu, croient trouver à Pétropolis, au Brésil, des rivages paradisiaques.
Entre la nostalgie des fastes de Vienne et la folie du carnaval de Rio, la pièce est un spectacle bouleversant, une aventure unique : l’histoire du dernier amour de Stefan Zweig.

Mon avis : D’abord, il faut souligner que l’auteur de cette pièce, Laurent Seksik, est un homme réellement habité par Stefan Zweig. Depuis ses 20 ans, ce médecin a consacré une grande partie de son temps à traquer l’œuvre de l’écrivain autrichien et à se nourrir du moindre détail de sa vie. Cette pièce est l’adaptation de son roman, Les derniers jours de Stefan Zweig, paru en 2010, et qui lui a valu de nombreux prix et récompenses. Il était donc on ne peut plus légitime pour le porter au théâtre.

Comme le roman, la pièce couvre les six derniers mois de l’existence de Stefan Zweig. Nous sommes en septembre 1941 ; accompagné de sa seconde épouse, Lotte, l’écrivain est de retour au Brésil, à Pétropolis, après un long périple à travers l’Europe et les Amériques du Nord et du Sud. Depuis 1934, ayant pressenti les ravages que le nazisme allait accomplir dans tous les domaines, il a choisi l’exil…
Quand la pièce commence, Stefan et Lotte viennent de prendre possession de leur nouvel appartement. Une immense baie vitrée s’ouvre sur un paysage apparemment idyllique, s’il en croit les commentaires émerveillés de la jeune femme. Stefan, lui, semble y être totalement indifférent. Sa seule préoccupation est de veiller que les fenêtres soient bien fermées afin que les courants d’air n’affectent pas la santé de son épouse, fragilisée par de fréquentes crises d’asthme. Ce simple geste définit dans quel état d’esprit se trouve le brillant homme de plume. En fait, plus grand-chose ne l’intéresse. Il est obsédé par les exactions perpétrées par les nazis dans sa chère Autriche. Devenu misanthrope et agoraphobe, totalement désabusé, rongé par la nostalgie de Salzbourg, il s’enfonce peu à peu dans une mélancolie morbide. Se sachant également traqué, il a dépassé le cap de « la confusion des sentiments », il sait où il en est et son projet funeste est déjà ancré en lui. Son choix est fait. Il ne peut supporter l’idée d’être témoin impuissant du règne de la barbarie…
Stefan est alors âgé de 59 ans. Lotte, sa secrétaire, qu’il a épousée à Londres depuis peu, n’en a que 32. Cette différence d’âge explique leurs différences de comportement tout au long de la pièce. Autant l’écrivain est sombre et désespéré, autant elle déborde de joie de vivre. Autant il est taiseux, autant elle est volubile. Elle est profondément croyante, il ne l’est pas du tout.

Ces traits de caractère sont remarquablement traduits dans les jeux de Patrick Timsit et d’Elsa Zilberstein, qui nous livrent tous deux une prestation d’une rare intensité. Patrick Timsit ! Lui-même admet qu’il fait avec cette pièce « le grand écart ». On est effectivement aux antipodes de ses one man shows iconoclastes et dévastateurs. Il joue avec une sobriété, une retenue, une économie de gestes impressionnantes. Il affiche en permanence le masque d’un homme qui se veut au-dessus de la mêlée, qui n’a pas trop envie de s’expliquer. Il voit tout en noir. D’ailleurs, à un moment, Lotte lui fait le reproche de son pessimisme devenu chronique : « Tu es l’écrivain du désastre ». Paradoxalement, alors qu’il voit la vie en noir, il arbore quotidiennement de très élégants costumes trois-pièces immaculés. Ce contraste est frappant. On ne le verra vêtu de sombre qu’à la fin, à l’heure où il a fixé son rendez-vous avec la mort…

Elsa Zilberstein, contrairement à Patrick Timsit, a hérité d’un rôle beaucoup moins rectiligne. Elle campe en effet une femme très amoureuse, pleine de vie, débordante de projets et de désirs de rencontres et de sorties. Mais à quoi sert tant de vitalité quand son compagnon se trouve dans une spirale aussi négative, un refus de vivre et d’échanger. Alors, elle passe par des moments de découragement, de révolte même. Elle a un sentiment d’injustice. Et, en même temps, elle nourrit pour le grand homme un tel sentiment d’admiration, qu’elle ne peut que le respecter… Pas facile à jouer ce personnage qui passe ainsi de la joie de vivre à l’abattement. Elsa nous gratifie d’une superbe composition.
Le couple existe. L’amour qui les réunit – le premier pour elle, le second pour lui -, s’il n’est pas souvent affiché et proclamé, est néanmoins réel, palpable, évident. Elle est dans la passion et lui dans le registre de l’affection amoureuse.

Les derniers jours de Stefan Zweig est une pièce forte. C’est l’autopsie d’un désespoir, une tragédie humaine dont on connaît l’épilogue dès le début. Elle est servie par trois acteurs d’une justesse remarquable. Avec un tel sujet, on est en permanence sur le fil. Un moindre excès, et on bascule dans le pathos. On est même en totale empathie avec le personnage de Lotte, si lumineuse avec sa belle envie de vivre. Et, en même temps, on comprend tout ce que ressent Stefan et on ressent pour lui énormément de compassion.
Zilberstein et Timsit, on l’a dit, en tous points remarquables, sont parfaitement épaulés par Jacky Nercessian qui tient de rôle d’Ernest Feder, l’ami, journaliste et brillant joueur d’échecs, exilé comme eux au Brésil. Chacune (ou presque) de ses apparitions est une parenthèse de détente. Maître patenté de l’humour juif, il tourne systématiquement tout en dérision. Il adore taquiner Stefan et il s’évertue devant lui à minimiser les drames qui se jouent en Europe. Jusqu’au moment où, à son tour, il en devient lui-même victime directe. Cela donne lieu à une scène prenante d’intensité, un monologue fort et poignant… A un moment donné, le sens de la dérision, aussi assumé soit-il, est vain devant l’horreur. Timsit et Nercessian la jouent avec une pudeur toute masculine, ce qui la rend encore plus bouleversante… Détail étonnant, il y a une vraie ressemblance physique entre Jacky Nercessian et le vrai Ernest Feder. C’est réellement troublant.
On ne peut passer toutefois sous silence la présence de Bernadette Rollin, dans le rôle de madame Banfield, la logeuse des Zweig. Elle a peu de scènes, mais il y en a une dans laquelle, dans une apparente innocence, elle déverse toute une série de clichés antisémites qui reflète la pensée de nombres de gens à cette époque.
Il y a aussi le choix des musiques d’accompagnement qui a son importance car, tour à tour valses de Vienne ou samba brésilienne, elles ponctuent les différentes pages de la pièce.

On sort ému du théâtre Antoine, mais pas attristé ou cafardeux, puisqu’on n’a pas été témoin d’une fiction mais confronté à une réalité, à un choix de vie, ou plutôt de renoncement. C’est un grand et beau moment de théâtre, intelligent et surtout, magnifiquement écrit et interprété.

vendredi 12 octobre 2012

La Rose Tatouée


Théâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin
75018 Paris
Tel : 01 46 06 49 24
Métro : Anvers / Pigalle / Abbesses

Une pièce de Tennessee Williams
Mise en scène par Benoît Lavigne
Texte français de Daniel Loayza
Décor de Laurence Bruley
Costumes de Tim Northam
Lumières de Stéphanie Daniel
Musique composée par La Manufacture Sonore
Avec Cristiana Reali (Serafina), Rasha Bukvic (Alvaro), Léopoldine Serre (Rosa), Monique Chaumette (Assunta), Grétel Delattre (Estelle Hohengarten/Miss Yorke), Estelle Doré (Violetta), Bérangère Gallot (Peppina), Jean-Yves Gautier (le Père de Leo), Martin Loizillon (Jack), Sandrine Molaro (Bessie), Sophie Nicollas (Giuseppina), Nicolas Pujolle (le Docteur/le Vendeur), Herrade von Meier (Flora)

L’histoire : La Rose Tatouée est un hommage à tous les cœurs qui battent malgré leurs cicatrices. C’est une histoire des amours et des désirs, une pièce à fleur de peau, imprévisible, sensuelle et comique.
L’histoire d’une passion renaissant de ses cendres, un improbable coup de foudre entre deux solitudes dans la moiteur torride de La Nouvelle-Orléans : Serafina, veuve sicilienne volcanique, et Alvaro, camionneur aussi viril que clownesque.
La Rose Tatouée danse sur un fil menant des larmes au rire. Une œuvre joyeuse et poétique, débordant de couleur et de généreuse fantaisie.

Mon avis : La toute première sensation que l’on perçoit à l’ouverture du rideau, c’est une très agréable odeur de bois. En effet, la demeure de Serafina est une sorte de chalet et il exhale les planches fraîchement découpées… la maison est située dans le quartier sicilien de La Nouvelle-Orléans. Et ça parle italien à tout bout de champ.
La toute première phrase qui est prononcée, c’est « Il y a de la sauvagerie dans l’air ». Cette impression prémonitoire émane d’Assunta, que tout le monde appelle affectueusement « la Vieille ». On se doute donc que l’histoire qui va se dérouler sous nos yeux va être d’une grande intensité dramatique. Or, jamais je n’ai ressenti la moindre « sauvagerie » à quel moment que ce soit dans la pièce. En revanche, ce qui s’en dégage de façon omniprésente, ce sont l’amour, la passion, la sensualité.

La Rose Tatouée m’a laissé un sentiment mitigé difficile à expliquer. Comment dire ? On se sent comme sur une route de demi-montagne avec ses portions de faux-plats entre deux crêtes. En clair, c’est inégal. Aux petits moments d’ennuis succèdent de formidables passages de pure comédie… Déjà, les premières vingt minutes, dites d’exposition, sont un peu longuettes. Heureusement, déjà, on repère la présence pétillante de Rosa, la fille de Serafina. On la devine dotée d’un sacré tempérament. Alors, comme le reste est en demi-teinte, on focalise son attention sur elle. Pleine de fougue et de vitalité, Rosa est la digne fille de sa mère. Un même sang sicilien coule dans leurs veines. Elles portent en elles toute l’exubérance latine avec ses excès démonstratifs dans la joie comme dans la douleur.

Au début la pièce, tout va bien. Serafina est heureuse, elle file le parfait amour depuis plus de dix ans avec son camionneur de mari. Elle en attend même un deuxième enfant. Elle est joyeuse, maternelle, travailleuse et rêve à une vie encore meilleure. Grâce aux ressources résultant du petit trafic auquel se livre son bonhomme, l’avenir lui sourit… Hélas, cette félicité va être brutalement interrompue par l’assassinat de son époux…
On retrouve Serafina trois ans plus tard. Elle est éteinte. Elle n’est plus que l’ombre de la flamboyante jeune femme. C’est un véritable zombie, elle est renfrognée, atone et, surtout, particulièrement acariâtre avec Rosa. Et, vu le caractère de la jouvencelle, il y a de l’orage dans l’air…

Et soudain, la pièce prend une toute autre dimension. On entre de plain-pied dans la commedia dell’arte avec l’entrée en scène d’Alvaro. On change totalement de registre. La petite chronique un peu monotone fait place à une désopilante arlequinade. Quel numéro il nous fait le Rasha Bukvic ! Avec son visage élastique et particulièrement expressif, très à l’aise avec son corps, c’est un mélange de Roberto Benigni et de Pierre Richard. Il est à la fois emprunté, quasi simplet, et enthousiaste, envahissant, pressant. Il est uniquement dans le premier degré. Normal après tout puisqu’il se revendique « petit-fils de l’idiot du village »… La scène de la rencontre entre Serafina est lui est un bonheur de drôlerie et d’originalité. Enfin, Cristiana donne sa pleine mesure. On retrouve sa formidable générosité, son grain de folie, son jusqu’auboutisme. En même temps, elle démontre toute l’étendue de sa palette de jeu.
Jusqu’à la fin, on va s’amuser devant leur jeu de séduction maladroit. On frise le vaudeville, et on y prend énormément de plaisir.

En résumé, La Rose Tatouée est un patchwork, une mosaïque de scènes juxtaposées d’un effet dissymétrique. Heureusement, comme on reste sur notre fin, on sort du théâtre de l’Atelier avec la banane, et c’est le plus important.
Niveau comédiens, outre la performance époustouflante et enchanteresse de Rasha Bukvic, la confirmation du talent frais et explosif de Léopoldine Serre (déjà remarquée et remarquable dans Sunderland), l’éventail de jeu impressionnant de Cristiana Reali, j’ai beaucoup aimé la prestation pleine de finesse de Martin Loizillon, dans le rôle de Jack, le soupirant de Rosa.
Enfin, la bande-son tient une place importante car elle reflète la vie extérieure avec ses bruits de moteurs de camions, ses trains qui passent, la musique qui rythme La Nouvelle-Orléans…

mercredi 10 octobre 2012

Doris Darling


Théâtre du Petit Saint-Martin
17, rue René Boulanger
75010 Paris
Tel : 01 42 08 99 32
Métro : Strasbourg Saint-Denis

Une comédie de Ben Elton
Traduite, adaptée et mise en scène par Marianne Groves
Scénographie de Gilles Touyard
Lumières d’Orazio Trotta
Stylisme de Blandine Vincent
Avec Marianne Sergent (Doris), Amélie Etasse (Peggy), Yannick Laurent (Sydney), Eric Prat (Douglas), Thierry Lopez (Santiago)

L’histoire : Egorgeuse de réputation, serial killeuse de carrières, Doris Wallis promène sa plume assassine dans la presse people anglaise. Drapée dans un esprit de répartie qui fait les personnages de théâtre inoubliables, elle règne sans ambages sur une cour de quatre personnages aussi serviles que drôles.
Comédie à suspense, anglaise, contemporaine, déjantée et redoutablement bien construite, Doris Darling est une farce sur les ravages comiques de la vanité humaine…

Mon avis : Les mots clés définissant cette pièce figurent dans sa présentation liminaire : « esprit de répartie », « suspense », « anglaise », « déjantée », « redoutablement bien construite », « farce »… Il y a effectivement tous ces ingrédients dans la comédie de Ben Elton. Et bien d’autres encore…
Doris Darling est ce genre de pièce inclassable qui vous tombe du ciel à la façon d’un OVNI. Un formidable cadeau surprenant et décalé comme seul un esprit anglais peut nous concocter. Si vous aimez les plats épicés, cette pièce est pour vous. Encore une fois, le terme le plus approprié pour la qualifier est « jubilatoire ». Plus politiquement incorrect, tu meurs… de rire. C’est l’irrévérence (mal) élevée au rang d’art. Il sort de la bouche venimeuse de Doris Wallis des phrases tellement percutantes, qu’on aimerait pouvoir les mémoriser pour les resservir en société. C’est qu’elle ne prend pas de gants ni de petite cuillère pour nous les balancer. Ses gants sont de crin et sa petite cuillère une excavatrice.

On l’aura compris, toute la pièce est construite autour du personnage extravagant de Doris Wallis, véritable diva à l’anglosaxonne de la presse people. Ses critiques, dévastatrices, sont redoutées de tous les comédiens. Arrogante, sans états d’âme, viscéralement cruelle, elle trempe sa plume perfide dans le vitriol le plus décapant. Bonjour les dégâts ! Dégâts dont elle n’a cure et dont, au contraire, elle se délecte. Et comme elle est très crainte, on se sent plutôt enclin à (lâchement) la respecter. C’est Cruella au royaume des médias. Sa phrase culte, celle qui la résume toute entière, c’est « Quand les chiens se dévorent entre eux, vérifie toujours que la pire chienne assise à la table, c’est toi » ! Inutile donc d’envisager de lui passer la muselière, ses morsures n’en seraient que plus terribles.
Marianne Sergent a hérité là d’un rôle à sa (dé)mesure. Elle s’y meut comme un poison dans l’eau de feu. Elle ne recule devant aucune audace ; sur le plan vestimentaire, dans le relationnel comme dans le vocabulaire. Sa première tenue de scène est on ne peut plus provocante. Tout de rouge (dé)vêtue, poitrine agressive, coiffure insensée, elle est dans un autre monde. Le sien. Un monde qui n’est régi que par ses propres lois et ses propres codes. Elle cabotine à l’excès, vitupère, éructe, décrète. Elle a le verbe haut, la dent dure et le langage fleuri. C’est une « peau de vache » (c’est elle qui le dit), un véritable monstre, l’archétype de la Gorgone… Marianne Sergent en fait des caisses, mais avec une folle maîtrise. Elle assume totalement ce qu’elle est, un personnage joyeusement odieux. Doris est un rôle en or massif qui compte dans une carrière.

Toute l’intrigue tourne donc autour de ce pivot délétère… La deuxième héroïne de la pièce, c’est Peggy, l’assistante dévouée, la femme à tout faire, le souffre-douleur de Doris. Autant cette dernière réclame et capte la lumière et les attentions, autant « Peg », pourtant visiblement très intelligente, est effacée, timorée, limite servile… Elle est le parfait négatif de sa patronne.
Là aussi nous avons droit à une étonnante composition d’Amélie Etasse. Sa façon de se déplacer à pas menus, sa gaucherie, ses regards de biche effarouchée, ses mimiques irrésistibles de drôlerie focalisent notre attention autant que l’intempérance de Marianne Sergent. Quel duo elles forment ! Quelle complémentarité ! Le jeu, très physique, d’Amélie Etasse est plein de subtilité. Elle se livre à une sacrée performance.

Autour de ces deux femmes gravitent trois hommes… Il y a Sydney, un Allemand, patron du premier magazine people européen, qui a des vues professionnelles sur Doris et son talent dévastateur… Il y a Douglas, le comptable écossais (c’est presque un pléonasme), sur qui repose toute la confiance matérielle de Doris… Et puis il y a Santiago, le gigolo, le latin lover, le bellâtre écervelé dont tout le talent est concentré sous le cuir moulant de son pantalon…
Yannick Laurent donne à Sydney une véritable épaisseur. Lui aussi porte un accoutrement qui frise la panoplie tant il se veut tendance. Il est totalement amoral, uniquement tourné vers sa réussite. Avec une rigueur et une absence de sentiments toutes teutonnes, il ne s’encombre pas de fioritures. Et il n’a que mépris pour le petit personnel symbolisé par la gentille Peggy. Ce n’est pas l’homme le plus attachant du monde. Mais il a une forme de bon sens et une justesse de vue qui le rendent redoutable.
Pour moi, la seule erreur de mise en scène réside dans l’irruption complètement music-hall d’Eric Prat dans le rôle du comptable. Ce n’est pas du tout raccord avec sa fonction. On dirait une meneuse de revue descendant le grand escalier du Casino de Paris à l’époque de Mistinguett. Ça m’a dérangé. J’estime qu’avec beaucoup plus de sobriété son personnage prendrait plus de crédibilité. Autant les quatre autres protagonistes de la pièce peuvent nous apparaître vraisemblables, autant le sien est irréaliste. C’est dommage, car Eric Prat est capable de nous offrir une prestation de qualité sans ces boursouflures par trop caricaturales.

En revanche, Thierry Lopez, dont le rôle de Santiago est de loin le plus parodique, même s’il en fait physiquement des tombereaux, reste dans la légitimité de son personnage. Il a l’exubérance latine, la suffisance et la fierté des étalons, l’impudence de la jeunesse, la rapacité des sans-grade et l’insouciance et le charme des beaux gosses. Il est certes plus proche de la BD que du TNP, mais il a toute sa place dans cette satire sociale basée sur la vanité humaine.
Autres atouts de cette comédie, l’usage très efficace d’une scénographie ultramoderne, une bande-son riche et pertinente, des effets visuels ingénieux et une mise en scène enlevée… On y a mis incontestablement les moyens pour nous en mettre plein les mirettes. Et c’est réussi.

Doris Darling m’a procuré un plaisir « monstrueux ». Je suis convaincu que cette pièce au cynisme si réjouissant va très vite devenir culte. Le bouche-à-oreille va fonctionner, il ne peut en être autrement. C’est vraiment un truc à part… Courez-y vite, je ne peux que vous confier que vous n-êtes pas au bout de vos surprises…

mardi 9 octobre 2012

Que faire de Mr Sloane


Comédie des Champs-Elysées
15, avenue Montaigne
75008 Paris
Tel : 01 53 23 99 19
Métro : Alma-Marceau

Une pièce de Joe Orton
Adaptée par Vanasay Khamphommala
Mise en scène par Michel Fau
Décor de Bernard Fau
Costumes de David Belugou
Avec Charlotte de Turckheim (Kathy), Gaspard Ulliel (Mr Sloane), Michel Fau (Eddy), Jean-Claude Jay (Daddy)

L’histoire : Kath, une « Lolita » d’un certain âge, prend comme locataire le joli et inquiétant Mister Sloane. Elle le traite comme un fils, puis comme un  amant, ce qui ne plaît pas du tout à son frère qui cherche aussi à séduire l’étrange minet, et à son père convaincu que Sloane est un meurtrier…

Mon avis : Cette pièce, délicieusement amorale, est un petit bijou d’humour noir typiquement British. Heureusement que l’auteur avait pris délibérément l’angle de la farce, sinon ce huis-clos à quatre personnages possédait tous les ingrédients pour constituer une éprouvante tragédie. Or, on n’arrête pas de rire. D’une part en raison d’une écriture très acide et, d’autre part grâce à une mise en scène et à des jeux de comédiens tout-à-fait jubilatoires.
Déjà, aucun des quatre protagonistes n’est normal. Chacun a son grain, son handicap, sa fêlure, son déséquilibre. Ecrite quatre ans avant le sulfureux Théorème de Pasolini, la pièce de Joe Orton aurait presque pu influencer le réalisateur italien. Mais, si le principe est le même, ça ne va pas aussi loin. Nous sommes – et c’est tant mieux – bien plus dans le registre de la farce ; de la farce noire, certes, mais de la farce. Nos personnages sont tellement névrosés qu’ils en deviennent caricaturaux !... Pour notre plus grand plaisir.

Les prestations de Charlotte de Turckheim et de Michel Fau sont proprement ébouriffantes. Dès son apparition, Charlotte déclenche les rires avec son allure de gros bonbon enrobé de taffetas rose, surmonté d’un monumental chignon torsadé. On la croirait sortie d’un roman de Barbara Cartland. Elle minaude, prend des poses, des airs affectés… Elle n’a aucun scrupule pour forcer le trait. Et ça passe. A la voir aussi mutine, on devine tout de suite qu’elle s’est mise en mode séduction. Elle pourrait se révéler pathétique, voire grotesque, elle n’est qu’amusante et touchante. En dépit de ses manœuvres maladroites et éhontées, elle nous est d’emblée sympathique.
Michel Fau, lui, crée une fois de plus un personnage haut en couleurs, une sorte de dandy précieux et décadent, autoritaire, misogyne et jaloux, souvent odieux, mais fragilisé par son attirance pour le charmant Mister Sloane.
L’objet de toutes les attentions de cette chatte enamourée et de cet Oscar Wilde de boulevard, est campé par un Gaspard Ulliel surprenant. Il pourrait se contenter de n’être que beau. Mais il n’est qu’ambiguïté. Il est à la fois désarmant et opportuniste, candide et pervers. Surtout, il est sujet à des bouffées de violence dont il est le premier surpris et qu’il est incapable de maîtriser. Son rôle est de loin le plus complexe à interpréter. Autant ses partenaires sont formatés, autant il est imprévisible et incernable.
Et puis il y a le personnage du père de Kathy et Eddy. Il baigne dans une douce sénilité qui le rend oublieux et craintif. Il se fait rabrouer et maltraiter par tout le monde. Pourtant, il a la sensation confuse de détenir une clé du mystère. Mais son esprit est tellement embrumé qu’on ne sait pas si une lueur va en sortir.

Nous avons donc là un quatuor on ne peut plus gratiné. C’est vraiment du concentré. Nous frôlons l’absurde en permanence sans jamais y tomber. On se délecte sans cesse devant une écriture féroce, décapante, remarquablement mise en valeur par les comédiens. D’ailleurs, les quelques longueurs que l’on pourrait déplorer sont sauvées et par le texte et par le jeu habité des acteurs. Je me répète et j’insiste : Charlotte de Turckheim et Michel Fau sont en tous points remarquables et nous offrent de superbes compositions. Il faut dire en outre que le responsable des costumes, David Belugou, leur a concocté une garde-robe qu’il faut oser porter sans craindre le ridicule.
Maintenant, c’est à vous de deviner qui est vraiment Mystère Sloane…

mercredi 3 octobre 2012

Christelle Chollet


Théâtre de la Renaissance
20, boulevard Saint-Martin
75010 Paris
Tel : 01 42 08 18 50
Métro : Strasbourg Saint-Denis

Spectacle écrit et mis en scène par Rémy Caccia
Avec Christelle Chollet, accompagnée de Brice Mirrione (« Jean-René ») au piano et de Raphaël Alazraki (« Jean-Paul ») au djembé et à la guitare

Le sujet : On l’a connue jeune trentenaire célibataire, elle nous revient mariée, avec un enfant, et toujours sa gouaille, son œil aiguisé et ses vannes hilarantes sur la vie de couple, les tendances, les nouvelles technologies, etc… Et une invention qui fera date : le permis à points ;!

Mon avis : Christelle Chollet, LA Chollet, est de retour… Un an tout juste après avoir arrêté de jouer L’Empiafée, un spectacle avec lequel elle avait obtenu un succès aussi formidable que légitime, et qu’elle aura porté plus de cinq ans.
Le niveau avait alors été placé tellement haut, que je demandais ce qu’elle allait pouvoir nous proposer cette fois et, surtout, si elle allait réussir à encore nous surprendre et nous épater… Et bien OUI, mille fois oui. Elle nous emmène une fois encore
L’astuce a été de la part de l’auteur de ne pas nous déstabiliser. Nous retrouvons le même principe, nous avons nos repères ; mais si le concept est identique, le traitement a considérablement évolué. Le succès est passé par là. Le succès qui, non seulement rend encore plus beau, mais apporte un surcroît d’assurance et, en corollaire, plus de moyens aussi…
Or donc, Christelle Chollet travaille toujours pour « SOS Chanteuse ». Elle semble même en être devenue la patronne. Elle se déplace certes toujours en scooter mais – nouveau statut oblige - son casque est plaqué or. Son short, toujours aussi mini, n’est plus en jean, mais il fait partie d’un ensemble fort seyant, genre smoking estival. Elle n’est plus accompagnée par un seul musicien, mais par deux ; qu’elle continue bien sûr à maltraiter allègrement !

(Photo : Charlotte Spillemaecker)
Maintenant que le décor est planté, examinons de plus près le contenu de ce deuxième opus… Exit « L’Empiafée ». La Môme moineau est désormais taxidermisée. Christelle Chollet est un véritable juke-box joliment customisé et très richement achalandé. Elle peut et sait tout chanter. Et comme elle n’est pas aux pièces, pas besoin de mettre deux thunes dans le bastringue. Sa folle générosité est telle qu’elle nous sort volontiers quelques uns des plus grands standards de la chanson française. Extraordinaire interprète, elle joue avec toutes les nuances de sa palette vocale incroyablement étendue. Si bien que ces chansons qui font partie de notre patrimoine, elle nous les fait redécouvrir. Elle les vit, les revisite, y apporte sa sensibilité et sa fantaisie. Elle fait vraiment ce qu’elle veut avec sa voix. Chaque chanson donne lieu à un véritable sketch. Elle a une façon particulièrement subtile de les amener… M’interdisant de ne pas trop en dire pour vous laisser l’exquise saveur de la découverte et l’exaltation de la surprise, je ne donnerai qu’un exemple. Quand elle s’approprie Les Copains d’abord de Brassens, elle commence par lui donner une couleur jazzy, fait un détour par le rap, et termine sur un gospel endiablé. Devant cette version, le Georges, j’en suis certain, doit en frétiller d’aise dans son cimetière marin… Aussi respectueuse qu’iconoclaste, elle dénature les chansons pour les restructurer à sa façon. Elle ne s’attaque qu’à des produits de haute couture pour les parer de nouveaux habits qu’elle découpe et recoud avec une créativité insensée. Et nous, la mâchoire décrochée par une béatitude émerveillée, on est littéralement scotché.
A cela, il faut ajouter une mise en scène nerveuse et inventive, sublimée par quelques effets spéciaux et effets miroirs extrêmement réussis... et irrésistibles.

(Photo : Charlotte Spillemaecker)
Christelle Chollet est un phénomène. Elle m’énerve prodigieusement car je ne sais plus quels superlatifs utiliser pour décrire sa prestation. Excellente comédienne, extraordinaire chanteuse-interprète et fantastique danseuse, elle nous offre un concentré, l’essence même du music-hall. Elle est ce que les Américains appellent une performeuse. Pour moi, quand elle chante avec la voix écorchée sans grimper dans les décibels comme dans sa version de No, No, No !, c’est l’extase, le septième ciel. Et que dire quand elle se décide en toute fin d’aborder le registre de l’émotion ? C’est simple, la salle était debout, les applaudissements interminables. Seul le rappel a pu calmer provisoirement la ferveur.

Impossible de résumer un feu d’artifice qui part dans tous les sens, nous enchante les oreilles et nous ravit les yeux. Ce nouveau spectacle est rock’n’roll du début à la fin. C’est du haut débit. Sans aucun temps mort, Christelle s’amuse et ironise sur les travers de notre société. Sous la plume délicieusement acide de Rémy Caccia, elle explore différents thèmes. Avec énormément de bon sens et de drôlerie, elle parle des relations hommes-femmes, le féminisme, la télévision, la publicité (quel régal que ce commentaire d’un match de foot sponsorisé !), les réseaux sociaux, la vie de couple…
Si le titre n’était pas déjà pris, Christelle Chollet c’est « Rires et chansons ». Son spectacle est total, rare, réjouissant. On s’offre pendant deux heures une transfusion de bonheur et d’humour d’une extrême qualité. Et on sort du théâtre de la Renaissance des paillettes et des étoiles plein les yeux et de la joie plein le cœur.
Je sens que j’ai écrit n’importe quoi et n’importe comment, mais tant pis. Je suis dépassé. C’était trop bien. J’ai déjà envie d’y retourner histoire de prendre un nouveau shoot. On devient vite addict à LA Chollet.