mercredi 24 octobre 2012

Rendez-vous au Grand Café


Bouffes Parisiens
4, rue Monsigny
75002 Paris
Tel : 01 42 96 92 42
Métro : Quatre Septembre / Pyramides / Opéra

Une pièce de Daniel Glattauer
D’après Quand souffle le vent du Nord de Daniel Glattauer
Adaptée par Ulrike Zemme et Daniel Glattauer
Traduite par Patrick Démerin et Hans Peter Cloos
Mise en scène par Alain Ganas et Hervé Dubourjal
Décors de Pucci de Rossi
Lumi7res de Philippe Quillet
Costumes d’Agnès Falque
Musiques de Jean-Claude Camors (du Quatuor)
Avec Olivier Marchal (Léo), Catherine Marchal (Emmi)

L’histoire : Une erreur d’adresse mail met Emmi et Léo en contact. C’est le début d’une relation qui se construit sur ce que chacun veut bien révéler à travers cet échange de mails : elle est mariée et conçoit des sites sur Internet. Il est psychologue du langage et se remet difficilement d’un chagrin d’amour. Un attachement étrange s’installe entre eux. Les mails anodins se transforment en correspondance, indispensable, attendue, espérée…

Mon avis : Une faute de frappe. Un « e » à la place d’un « i ». Une erreur plutôt récurrente chez Emmi. Son mail arrive sur l’écran d’un homme, Léo, à qui il n’est pas adressé. Il répond poliment. Elle s’en excuse… C’est le début d’une correspondance dont l’évolution va être le sujet de toute la pièce.
Les mails s’échangent et s’entremêlent dans un charmant méli-mélo ; chacun commence à se mêler de la vie de l’autre. Tout va se passer via Internet. La conversation, qui n’était qu’anodine, commence à prendre de l’épaisseur au fur et à mesure que croît l’intérêt de chacun pour son interlocuteur de hasard.

Emmi est jolie, joyeuse, volubile, lumineuse, pragmatique et, surtout, heureuse de sa vie de femme et de mère… Léo est encore tout meurtri par une douloureuse séparation. Il se laisse un peu aller. Il est débraillé, hirsute, pieds nus, il fume énormément. Et il est très bougon. Visiblement, ces mails inopinés l’enquiquinent. Mais, comme c’est quelqu’un de bien élevé, il y répond. De façon quelque peu acerbe, certes, mais il y répond. Ce qui amuse fortement Emmi. Ça lui apporte un peu de piment dans sa vie ronronnante… Paradoxalement, le premier à craquer et à se dévoiler et à montrer le plus de sincérité, ce sera Léo. Son chagrin est encore trop lourd, il a besoin de s’en décharger. C’est beaucoup plus facile pour lui avec quelqu’un qu’il ne connaît pas et qu’il ne veut pas connaître… Peu à peu, l’échange qui n’était que jeu et envois de piques, tourne à la confidence. Une véritable addiction s’installe. Jusqu’où vont-ils aller dans leur quête de connaissance de l’autre ?

Rendez-vous au Grand Café est une pièce sur le fantasme, sur le poids de l'imaginaire. Il est insidieux, bien plus prenant que la réalité car on idéalise l’autre. Aucun n’est dupe pourtant. Fin analyste des sentiments, Léo sait que leur aventure courrielle n’est qu’« une utopie amoureuse construite sur les touches d’un clavier ». Mais la dépendance, le besoin de l’autre, se font de plus en plus impérieux. Seule LA rencontre pourrait confirmer ou infirmer leur attirance…

Finalement, cette histoire est bien convenue, sans grande surprise. Elle est heureusement servie (et sauvée) par l’interprétation de ses deux protagonistes. Le couple, à la scène, fonctionne à merveille. Lui dans le genre bourru (registre qu’Olivier Marchal affectionne), elle dans la grâce et la légèreté. On comprend tout à fait que, couple à la ville, Catherine et Olivier aient été attirés par cette pièce et aient eu envie de la jouer ensemble. Ils y prennent un plaisir évident. Tout réside dans leur jeu, dans leur échange, dans leur complicité. C’est plaisant à voir, mais il plane en permanence un léger nuage d’ennui. Il y a de l’humour (surtout dans certaines envolées de Léo), de la tendresse et aussi, vers la fin, de l’émotion. Pourtant, il nous manque quelque chose. Tout cela est trop formel, trop attendu. Les deux personnages sont complètement dans les stéréotypes féminins et masculins.

La pièce est découpée dans le temps. Les parenthèses sont rythmées par de fort jolies mélodies. On assiste à des petites scènes de leur quotidien. Ils boivent, se changent, lisent, se couchent…
Quant aux comédiens, ils sont vraiment parfaits. Ils jouent naturels. Catherine Marchal, très féminine, est véritablement séduisante. Elle porte à ravir de fort jolies robes… Olivier Marchal est comme il est dans la vie : une sorte d’ours débordant de tendresse qui excelle dans les boutades et les formules à l’emporte-pièce.

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