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jeudi 19 février 2015

Yann Stotz et ses invités

Théâtre Michel
38, rue des Mathurins
75008 Paris
Tel : 01 42 65 35 02
Métro : Havre-Caumartin / Auber

Prochaines dates : lundis 23 février, 2 et 16 mars

Invités du 23 février : Arnaud Cosson, Florent Peyre, Tano, Les Cuissards

Présentation : Avec pour mère nourricière les Monty Python et pour pair carnassier Franky Sinatra, un cocktail d’humour odieux-visuel agrémenté d’un zeste de jazz à tous les étages. Une sorte de mélancomique autant éclectique qu’électrique. D’un swing endiablé à une parodie des Feux de l’amour, il s’envole dans un absurde contrôlé.

Mon avis : Je ne peux que vous inciter à vous précipiter au Théâtre Michel pour découvrir cet artiste comparable à aucun autre. Tout simplement parce qu’il est plusieurs « autres » à lui tout seul. J’ai rarement vu un performeur aussi accompli. Yann Stotz sait tout faire.
A la fin de son show, j’étais mortifié. Je me demandais comment j’avais pu passer à côté d’un tel talent aussi polymorphe.

J’ai créé ce blog d’abord pour faire part de mes coups de cœur, de mes emballements, de mes émerveillements. Tout ce que j’y ai écris n’est que la transmission la plus sincère et la plus honnête de mon ressenti devant un spectacle. Je ne triche jamais, je ne fais jamais preuve de complaisance, je ne cède jamais au travers du copinage.
Avec Yann Stotz, je suis d’autant plus tranquille que j’étais absolument vierge de tout avant de le prendre en pleine figure. Ma virginité en a pris un sacré coup. Quel dépucelage artistique ! Ce bougre d’homme m’a carrément propulsé au septième ciel.

Je pensais assister à un tour de chant. Je n’ai donc pas été surpris de voir débarquer un crooner à la voix chaudement suave et au sens du rythme incontestable. Je n’ai guère eu le temps de me laisser charmer car, dès le solo de piano sur le chorus, les choses ont commencé à déraper et à prendre une tournure complètement burlesque (A noter, au passage, la virtuosité du dit- pianiste, Julien Lifszyc). Deux minutes ! il n’y a en gros que deux minutes de sérieux et de sagesse dans ce spectacle hors normes.


Je ne vais rien en raconter. Je vais juste rapporter dans quel état cet invraisemblable hurluberlu m’a mis. J’ai attrapé des fous-rires de gamins, de ces fous-rires frais, spontanés, naturels et totalement incontrôlables. A mon âge, je ne pensais plus être ainsi réjoui par des blagues de potache. Mais il n’y a pas que ça. C’est trop riche, trop dense (trop danse aussi), trop inventif, trop farfelu, trop surprenant. Yann Stotz est un homme orchestre dont le corps est le principal instrument. Ça a l’air de partir en free jazz alors que tout est parfaitement maîtrisé. Il a l’art de nous amener d’un point A à un point B en prenant les chemins de traverse les plus inattendus possibles. Il retombe toujours sur ses pattes. Des pattes qu’il a longues et incroyablement indépendantes, des pattes qui lui permettent d’effectuer des cabrioles invraisemblables.

Son show (car à son sujet, on ne peut parler que de show) nous en met plein les yeux et les oreilles. C’est le spectacle le plus total qui soit car il synthétise toutes les disciplines inhérentes au divertissement. Il nous remplit le cabas avec une générosité, une bonne humeur et un sens du partage réellement bluffants. Yann Stotz est doté de tous les dons dont rêve un artiste. Il pourrait amplement se suffire à lui-même, mais il n’aime rien tant que de se savoir entouré par une poignée d’énergumènes de sa trempe. Cela donne une plus value à son spectacle en ce sens où cela provoque des sketchs souvent improvisés (les dialogues impromptus qu’il a échangés avec Jérémy Ferrari lundi dernier, la finesse de leur jeu et la cocasserie des situations provoquées étaient à hurler de rire. Et quel sens de l’autodérision chez Yann !)


Voilà, je ne peux qu’adresser un concert de louanges et déverser un tombereau de remerciements. Grand merci Yann Stotz. Merci pour ce moment.

samedi 1 décembre 2012

Bénureau "Best of"


La Cigale*
120, boulevard de Rochechouart
75018 Paris
Tel : 01 48 65 97 90
Métro : Pigalle / Anvers

Spectacle écrit par Didier Bénureau, Eric Bidaud, Dominique Champetier, Anne Gavard
Mis en scène par Dominique Champetier
Musique de Didier Bénureau
Avec Les Cochons dans l’Espace : Pascal Bétrémieux (guitare), Amaury Blanchard (batterie), Julie Darnal (claviers), Dominique Greffier (basse), Michel Aymé (guitare)

Présentation de Didier Bénureau : « En fait, l’idée de reprendre mes anciens sketchs une dernière fois ne m’excitait pas du tout. C’est lorsque mon producteur (C'est-à-dire moi-même) a proposé au comédien (toujours moi) de jouer ce spectacle avec un groupe de rock, que le désir est monté… La Cigale, des musiciens… et moi ! Au milieu ! Jouant mes sketchs ! Toutes mes chansons idiotes, mes gesticulations dansées ! Jouant de l’ukulélé, chantant Moralès, La maman de ma maman avec un groupe de rock ! Voilà, c’est ça l’idée : un best of en musique ! »

Mon avis : Cet homme est fou, complètement fou ! Et dans son Best of, il parvient encore à dépasser toutes les limites. Il nous fait la totale. Il joue la comédie, il chante, il danse, il grimace, il s’amuse…
A partir du moment où il a décidé de mettre le one man show entre parenthèses pour se consacrer au théâtre en 2013 et de rejouer une ultime fois ses sketchs les plus célèbres, il peut se permettre d’y aller à fond, de lâcher les chiens. Ou plutôt les cochons. En effet pour ces dernières représentations qui verront leur terme le 13 janvier 2013 au théâtre Déjazet, il s’est entouré de la joyeuse bande des Cochons dans l’espace. Deux cochonnes (à la basse et aux claviers), et trois cochons (aux guitares et à la batterie)… Avec l’apport de Didier, on aurait plutôt envie de les rebaptiser Les Cochons dans les spasmes tant nos zygomatiques sont mis à rude épreuve.

Il n’y a pas de round d’observation. Les Cochons, dont on attendrait plutôt qu’ils jouent de musique soue, sont résolument rock’n’roll. Ils permettent ainsi à Bénureau de nous servir une entrée à rendre jaloux Mick Jagger. Jugez plutôt : déhanchements lascifs, déplacements chaloupés, petits sauts de cabri, entrechats à la Bourvil… Il s’en donne à corps joie.
Après cette introduction frénétique, les musicos s’étant retirés, il ouvre dans le volet one man show en interprétant ses anciens sketchs, ses tubes. Le spectacle va être ainsi conçu, quelques sketchs à la suite entrecoupés par une chanson. C’est redoutablement efficace. Didier Bénureau ne s’offre aucun répit. Pas question de s’économiser alors qu’il sait qu’il les campe pour les dernières fois ses personnages odieux, lamentables, pathétiques, vicieux, indignes, parfois même naïfs. Quel bonheur que de retrouver dans un même spectacle le père de famille « heureux », la belle-mère sadique (Allo Patricia), le chanteur lyrique irradié, le militant, le miroir à deux faces, le chevalier anglais, le vieil évêque travesti, l’homo amoureux d’un Allemand pendant la guerre, la cérémonie du mariage… Sans compter l’hommage rendu par une garçonnet de 10 ans et demi à Julien Coupat et, sans doute la séquence la plus attendue de tout le public, l’élégie à Moralès.

Si, par méconnaissance ou négligence, vous n’avez jamais assisté à un spectacle de Didier Bénureau, ne manquez par celui-ci. Il y livre avec une incroyable générosité sa substantifique moelle. Il fait ce qu’il veut avec sa voix et avec son corps. Jamais vous n’aurez été les témoins de chorégraphies aussi improbables. C’est un comédien hors pair, son jeu est d’une précision clinique. Ses mimiques, sa gestuelle sont absolument irrésistibles. Il est unique dans ce registre. Tout au long de son spectacle, je me suis demandé où il allait puiser toute cette énergie digne d’un sportif de haut niveau. En toute sincérité, il FAUT voir Bénureau au moins une fois dans sa vie. Mais de grâce, dépêchez-vous…

  • Prolongations au théâtre Déjazet du 18 décembre au 13 janvier