vendredi 29 juin 2012

Bruno Coppens "Le Fond de l'ère effraie"


La Pépinière Théâtre
7, rue Louis-le-Grand
75002 Paris
Tel : 01 42 61 44 16
Métro : Opéra

Spectacle écrit par Bruno Coppens
Mis en scène par Eric de Staercke
Avec Bruno Coppens et Pierre Poucet (pianiste-comédien)
Chansons d’Eloi Baudimont
Lumières de Benoît Lavalard

Le thème : Quand une fille de 20 ans vous assassine d’une phrase : « Ma mère aime beaucoup ce que vous faites ! »… Lorsqu’en parlant avec vos propres enfants, vous sentez que vous vivez en plein décalage horreur… Lorsque vous ne maîtrisez même pas l’option dictionnaire de votre portable… Y’a de quoi être vénère ! Bruno Coppens est un quinqua vénère. Alors, il va réagir… Et découvrir le secret de la jeunesse éternelle...

Mon avis : Bruno Coppens, c’est le chaînon manquant entre Raymond Devos et Vincent Roca. Comme eux, c’est un « Maître-mots », un homme qui a, poussée à son plus haut degré, l’éthique de la phonétique et une curieuse manie de manier le verbe. Non seulement il souffre de « dico »-tomie, mais il s’aime en tics ; en tics de langage. Et, paradoxalement, alors qu’il dénature les mots, on ne peut être qu’en bons termes avec lui… Bref, vous l’aurez compris, ne serait-ce qu’à travers le titre de son spectacle, Le Fond de l’ère effraie, Bruno Coppens est un redoutable manipulateur de la langue, de la conjugaison et de la grammaire. Comme son célèbre homologue Yves, il est lui aussi un paléontologue. Mais qui s’intéresse plus aux faux-syllabiques qu’aux fossiles.

Nous sommes dans un bar. Un bar où trône un piano. Un piano-bar, quoi. Riton, le barman, essuie les verres au fond du café, il n’a rien d’autre à faire que d’écouter les divagations de son dernier client, Bruno Coppens. Il n’a qu’une envie, c’est qu’il la ferme pour pouvoir fermer son petit établissement. Mais il est bien trop courtois pour être ferme. D’autant que Bruno lui confie qu’il fête ce soir son 50è anniversaire. Alors, magnanime, Riton paie sa tournée et condescend à écouter les réflexions de son client. C’est que sa vie n’est pas toute simple au Bruno. Il a des soucis avec un smart-phone particulièrement indiscipliné, des problèmes de communication avec ses deux enfants, et sa petite amie est en train de le quitter. Il traîne ses casseroles avec un mélange d’incompréhension et de philosophie. On peut dire qu’en plein questionnement, ce quinqua y est.

Bruno Coppens est également atteint d’une déformation, d’une forme rare de dyslexie. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il remplace des consonnes pas d’autres sans que cela n’altère la compréhension. Tout repose sur la consonance. C’est très, très drôle. Poétique et drôle. Par exemple : « 50 ans, ça cirrhose : à moi la vie en rôle ! »… Toujours aussi disponible et compréhensif, Riton se glisse devant le piano et accompagne Bruno dans une première chanson au titre on ne plus évocacateur, « Mon quinqua nerveux ». Car, tout au long du spectacle, quelques chanson vont venir illustrer les différents thèmes abordés (ou sabordés) par ce doux dingue.
Bruno Coppens joue avec les mots comme avec un Rubik’s cube. Il les triture dans tous les sens et dans tous les sons et ça donne un résultat parfaitement carré. Du genre : « On se fait du mauvais sang quand on voit comment les mots filent »… Il donne des noms aux objets, entonne le tango du GPS, narre une succulente histoire (belge) d’amour entre deux patates, ce qui se traduit par un exercice brillantissime avec force allitérations en « p », il se scarifie le torse en direct… A la suite d’une astucieuse trouvaille de mise en scène, il se métamorphose soudain en un clone de Dick Rivers avec blouson de cuir et banane puis, à travers un vibrant éloge de la graisse, il rend hommage à son modèle, Belge comme lui (mais qui n’était pas un plat « pays »), Raymond Devos.

Devant ce déferlement étourdissant de jeux de mots et de dé-tricotage de sens, on ne peut pas se laisser aller au moindre moment d’inattention. Dans la salle, les gens gloussent de contentement. Comment rester insensible quand il nous raconte l’idylle de deux allumettes ? Ou quand il se mue en mime et remet tout à deux mains ?... Ses mots roses ne sont jamais tristes, et ses mots cœur sont attendrissants. Si parfois le mot ment, il a toujours le verbe haut. Le mot naît de sa pièce. Une pièce qui se termine en un grand jeu interactif et joyeux avec le public, à partir des deux mots « Allo » et « Ici », un jeu dont je vous laisse en découvrir tout le sel, un jeu dans lequel Bruno Coppens fait encore une fois preuve d’une incroyable virtuosité et d’une incomparable vivacité d’esprit.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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