mardi 24 novembre 2015

Cousins comme cochons

Comédie de Paris
42, rue Pierre Fontaine
75009 Paris
Tel : 01 42 81 00 11
Métro : Blanche / Pigalle

Le dimanche (16 h) et le lundi (20 h)

Une pièce écrite et composée par Nicolas Lumbreras
Mise en scène par Nicolas Lumbreras
Directeur artistique : Pierre Palmade
Avec Emmanuelle Bougerol, Christophe Canard, Constance Carrelet, Johann Dionnet, Lionel Erdogan, Benjamin Gauthier, Nicolas Lumbreras, Rudy Milstein ou Yann Papin

Présentation : Cousins comme cochons, c’est une nouvelle recette de la Troupe à Palmade, une louche de comédie musicale dans une soupière de vaudeville.
Comme tous les mercredis, monsieur Félicien de Tartasse part à la chasse de 14 à 18 heures et, pendant ce temps-là, comme tous les mercredis, sa femme reçoit son amant. Seulement, ce jour-là, monsieur décide de rentrer deux heures plus tôt que prévu…

Mon avis : Bien que ce ne soit pas évident à prime abord, tout l’esprit de cette pièce est contenu dans son titre.
Ainsi qu’ils le chantent eux-mêmes, ils sont « cousins-sins » ; complètement zinzins ! Or, en plus d’être gravement affectées par cette zinzinerie chronique, il s’avère qu’ils quasiment tous, à des degrés divers, cochons. Si Félicien de Tartasse n’en fait pas partie, il se rattrape largement avec d’autres travers mais qui ne sont pas de porc (ou alors de port d’arme). Quant à Bertrand le jardinier, il est sourd, au propre comme au figuré à l’appel des sens…
Madame de Tartasse est une cochonne qui s’assume, son amant est un cochon romantique, Léontine, la servante, est une cochonne en devenir, le notaire est un cochon spasmodique, et le Préfet est un cochon rose… Et on a même droit à un moment à un cochon sauvage, un cousin (lui aussi) de la famille des sangliers.
Si on ajoute à cela quelques cochonneries et autres ébats et mots cochons, vous comprendrez le ton gentiment grivois de cette pièce. Or, si l’auteur, le metteur en scène et les comédiens qui permettent d’arriver à bon port, c’est parce que, dans le cochon, tout est bon. Comme dans cette parodie de vaudeville musical. Il y a certes des goûts et des saveurs différents, mais c’est ce qui en fait son charme.


Effectivement, l’esprit de Georges Feydeau plane sur Cousins comme cochons. Dès que monsieur de Tartasse apparaît et qu’il nous explique sa passion de la chasse, on ne peut que penser à Monsieur chasse. Et qui va à la chasse perd sa place, surtout dans le lit conjugal. On nous a fignolé là un spectacle particulièrement réjouissant, mélangeant avec gourmandise plusieurs genres et donnant la part belle au burlesque. Il faut par exemple prêter beaucoup attention aux "bêtises" qui se passent sur scène en arrière-plan.
Nicolas Lumbreras nous a concocté une mise en scène… de chasse ; de chasse à courre : à cours après moi que j’ t’attrape ; j’t’attrape, nigaud ; nigaud driole ; driole de guerre ; guerre en dentelles, etc… Le résultat est cocasse à souhait. C’est d’autant plus réussi que les comédiens jouent avec un sérieux imperturbable (bien que certains succombent parfois à un vrai fou-rire), des scènes qui ne le sont pas.
On s’amuse tout le temps. Dialogues décalés, allusions coquines, déplacements outrés, gestes appuyés et attitudes volontairement théâtrales, la pièce est truffée de clins d’œil, de clichés, de quiproquos. C’est complètement farfelu, complètement fidèle à l’univers déjanté de la Troupe à Palmade.

Pendant que sa patronne commet quelques écarts de conduite, Léontine, la servante, nous en offre un grand écart pour de vrai. Monsieur de Tartasse est une espèce de Tartarin benêt, infatué et sanguinaire (tout au moins à la chasse). Monsieur Colette est un préfet… miné, mais qui le proclame. L’amant possède tous les attributs physiques d’un prince charmant de dessin animé. Le notaire a visiblement quelques soucis pour gérer sa libido. Et le jardinier nous livre un grand numéro de diction approximative et de gestes
Ajoutez à cela des chansons improbables, des chorégraphies farfelues, un duo entre un lapin et une poule faisane, un étourdissant soliloque en franglais, un travelo militant(e) indigné, un arbre qui pousse la chansonnette, le tout accompagné par un pianiste en live, vous touillez le tout et vous obtenez un spectacle complètement loufoque et jubilatoire interprété à la perfection par une joyeuse bande de doux dingues bien barrés.


Gilbert « Critikator » Jouin

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