jeudi 13 avril 2017

Duels à Davidéjonatown

Les Feux de la Rampe
34, rue Richer
75009 Paris
Tel : 01 42 46 26 19
Métro : Cadet / Grands Boulevards

Une pièce de Artus et Romain Chevalier
Mise en scène par Artus
Décors de Sébastien Cachon
Costumes d’Agnès Sénéchaud
Lumières de Romain Chevalier

Avec Artus (Bobby Dick, Jacques, Maître Gims), Cartman (Gaz, le Croque-mort), Sébastien Chartier (Billy), Célia Diane (Jane), Julien Schmidt (Bruno, l’Indien)

L’histoire : Les habitants de Davidéjonatown, un patelin perdu du Far-West, doivent choisir leur nouveau shérif en opposant les candidats dans des duels à mort.
Billy, modeste éleveur de cochons pacifique et sensible, apprend qu’il a été inscrit à son insu à la mortelle compétition… alors qu’il ne sait même pas se servir d’un révolver ! Billy en sortira-t-il vivant ? Deviendra-t-il le shérif de Davidéjonatown et épousera-t-il enfin celle qu’il aime secrètement depuis sa tendre enfance, Jane, la pute du saloon ?...

Mon avis : Il faut vraiment faire diligence pour aller découvrir cette pièce. Alors qu’elle vient à peine de commencer, la grande salle des Feux de la Rampe est déjà comble.
Personnellement, c’est la présence d’Artus qui m’a motivé. J’avais réellement apprécié ses seuls en scène, son sketch sur le wagon restaurant dans On n’ demande qu’à en rire est un des plus drôles que j’aie jamais vu… J’aime ce qu’il est, j’aime son humour, j’aime son jeu et j’aime son écriture. Le retrouver dans une pièce qu’il a coécrite est mise en scène était déjà une promesse de qualité. Maintenant que je l’ai vue, je puis confirmer qu’Artus est un surdoué du rire. Et comme, en plus, il a su s’entourer de quatre comédiens largement aussi barrés et inventifs que lui, je peux prédire sans me tromper que Duels à Davidéjonatown sera un des grands succès de cette année 2017.

Je n’ai pas arrêté de rire et de sourire pendant une heure et demie ! Il y a tout dans cette parodie de western : beaux décors, superbes costumes, effets spéciaux (mais volontairement minimalistes pour ajouter au ridicule de certaines situations), avalanche de gags (dont certains ont le bon goût d’être running), déluge d’accents, suspense, dramaturgie, numéro de music-hall, Indien très « couillon » et, surtout, dialogues vifs, percutants, croustillants et personnages on ne peut plus hauts en couleurs.


L’action se déroule en 1895 dans un Far complètement à l’ouest, un ouest pas terne, un Far felu, quoi… Il y a du « shérififi » dans l’air car, à Davidéjonatan », le marshal élu est celui qui sort vainqueur d’une succession de duels à mort. C’est ce qui s’appelle une élection par éliminations. Or, ce qui donne du piment à l’intrigue, c’est que parmi tous les candidats figure un concurrent que l’on a inscrit à son insu : Billy, un éleveur de cochons gringalet, candide et un peu simplet, affublé de surcroît d’un cheveu sur la langue, qui ne sait même pas se servir d’un pistolet. Lui, il n’a pratiqué que les colts buissonnières. Alors, pour que le chétif devienne shérif, il va en falloir des péripéties… Ce pastiche de western aurait pu être sous-titré « Le con (Billy), la brute (Bobby Dick) et les truands (Gaz et Bruno).

Au diapason de la puissance comique d’Artus, tous les comédiens sont à mourir de rire. On ne peut les dissocier dans les louanges tant chacun est à sa place et apporte sa propre folie. Je n’ai pas envie de révéler plus de choses sur cette pièce. Elle est trop riche en dingueries en tous genres, en répliques percutantes, en anachronismes savoureux, en références à l’actualité, en name dropping (j’ai adoré cette vanne imparable pour décrire Artus : « on dirait Kendji Girac qui a bouffé Carlos !). Duels à Davidéjonatown, c’est du burlesque de qualité parce qu’intelligent. Bref, je me suis régalé du début à la fin. Et je n’étais pas tout seul.

En toute sincérité, j’accorde à cette excellente pièce où les rires fusent autant que les balles un gigantesque et enthousiaste OK choral…

Gilbert « Critikator » Jouin

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