Petit Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 77 74
Métro : Gaîté / Edgar Quinet
Jusqu’au 9 juin
Puis au Festival d’Avignon
Ecrit et interprété par
Jean-François Dérec
Mis en scène par Georges
Lavaudant
Présentation : « L’action se passe à Grenoble. J’ai 10
ans. Christine, 11 ans, me propose de me montrer ses seins si je baisse mon
pantalon.
Je suis timide, je décline sa proposition.
Elle me lance : « Je sais pourquoi tu ne veux pas me le montrer.
Parce que tu es juif et que tu as le zizi coupé en deux ! »
Le ciel m’est tombé sur la tête…
Ma mère était-elle au courant qu’elle avait mis au monde un enfant juif ? Devais-je
le lui dire ?
Comment arrêter d’être juif et
devenir un vrai Grenoblois comme tout le monde ?
Mon avis : Le seul en scène de Jean-François Dérec débute en
forme d’anaphore : « C’était le bon temps ! »… Ce « bon
temps » là, c’était celui de l’innocence. Il se rapporte à la fin des
années 60, à Grenoble. Le petit Jean-François a 10 ans. Au moment où il connaît
ses premiers émois amoureux avec une « vieille » de 11 ans, sa vie va
basculer. Il apprend trois informations d’un coup : il serait « juif »,
« communiste » et il aurait « le zizi coupé en deux »…
Obsédé par cette triple
révélation, il passe brutalement de « J’ai 10 ans » à « Allo
maman bobo ». Il se mue alors en anthropologue en culottes courtes. Du
jour au lendemain, il va observer sa famille et mener discrètement sa petite
enquête. Comment a-t-il hérité de cette judéité ? Qui sont vraiment ses
parents ? Jusque-là, il pensait être uniquement Grenoblois.
Photo Philippe Hanula |
Composé de deux parents et de
trois enfants, l’arbre généalogique des Dérec n’était qu’un tronc avec trois branches.
Il va s’évertuer d’en rechercher les racines.
Photo Philippe Hanula |
On passe avec lui un agréable
moment de partage. Quelle que soit sa propre religion, on se sent tous
concernés car les thèmes principaux de ce récit autobiographique sont l’absence
de communication avec ses parents, la recherche de son identité et son
intégration dans le milieu dans lequel on évolue… Avec sa finesse d’esprit, son
jeu d’acteur et sa science de la rupture, Dérec est un conteur subtil et habité.
Partant de son cas personnel, il nous restitue un chemin initiatique d’une portée
universelle.
Petit clin d’œil en guise de
conclusion : le titre du premier livre de Jean-François Dérec, De la survie en milieu hostile, paru en
2003, faisait-il référence de façon subliminale au ghetto de Lodz ?...
Gilbert « Critikator »
Jouin
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