vendredi 6 juin 2008

Sagan


Un film de Diane Kurys
Scénario de Diane Kurys, Martine Moriconi, Claire Lemaréchal
Avec Sylvie Testud (Françoise Sagan), Pierre Palmade (Jacques Chazot), Jeanne Balibar (Peggy Roche), Arielle Dombasle (Astrid), Lionel Abelanski (Bernard Frank), Guillaume Gallienne (Jacques Quoirez), Denis Podalydès (Guy Schoeller), Samule Labarthe (René Julliard), Margot Abascal (Florence Malraux), Gwendoline Hamon (Suzanne Quoirez), Chantal Neuwirth (madame Le Breton)...
Durée : 1 h 57
Sortie le 11 juin 2008

Ma note : 7/10

Synopsis : "Sur ce sentiment inconnu, dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse". Françoise a tout juste 18 ans quand elle écrit les premières lignes de Bonjour Tristesse, un roman dont le succès fulgurant suffira à lancer le mythe de "La Sagan". Un mythe fait de formules brillantes, d'amours affranchies et de scandales tapageurs, derrière lesquels se cache une femme que l'on qualifie d'anticonformiste, pour ne pas dire libre. Libre d'écrire, d'aimer, et de se détruire...

Mon avis : Sacré pari que de réussir à retranscrire en deux heures une vie aussi riche, aussi foisonnante, aussi mouvementée que celle de Françoise Sagan. Les puristes, les grands connaisseurs de sa vie, y rélèveront sans doute des approximations, quelques anachronismes mais, honnêtement, tout cela n'est pas bien grave. Il fallait bien que Diane Kurys eût recours à de nombreuses ellipses. De toute façon, fi des spécialistes, le grand public y trouvera son compte.
La vie de Sagan a sans doute été encore plus romanesque que son oeuvre. Et c'est parfaitement bien rendu dans le film. Quel femme ! Quel personnage ! On est fasciné par sa légèreté, sa désinvolture, son insouciance, sa folle générosité, sa soif de vivre... Et on est tout aussi fasciné par son immaturité, son manque total de sens des responsabilités, son entêtement à aller dans le mur...

Le film couvre un demi-siécle de son existence, en gros de 18 à 69 ans. Et tout cela avec une seule et même comédienne : Sylvie Testud, tout aussi crédible en jeune fille qu'en sexagénaire usée par les excès. Ce que l'on retient de ce film en effet, c'est avant tout son extraordinaire présence, son mimétisme avec son personnage. Elle EST Sagan ! Sagan dans sa gestuelle, avec ses tics, sa gaucherie, sa voix au débit si particulier, haché et hésitant... C'est confondant.
Il y a autour d'elle toute une brochette de personnages hauts en couleurs ; certains sont attachants, d'autres détestables. La palme du bon copain, drôle, affectueux, sensible et totalement désintéressé revient à Pierre Palmade qui campe le danseur mondain que fut Jacques Chazot avec énormément de tact et de finesse. C'est sans doute le rôle au cinéma où il s'avère le plus juste. Il joue simple et sobre, sans en rajouter, c'est impeccable. Balibar, Abelanski, Abascal font preuve d'un attachement, voire d'un amour, sans faille pour leur amie. Guillaume Gallienne interprète un frère aimant, attentionné mais aussi vigilant. Il est moins fragile que les autres, il voit clair, mais il se révèle hélas impuissante decvant la dérive autodestructrice de sa soeur... Et puis il y a les moins sympathiques, comme Arielle Dombasle ou Denis Podalydès. Eux, c'est l'intérêt qui les guide et Françoise est une proie tellement facile.

Ce film se laisse voir avec beaucoup de plaisir. Il se déguste et se suçote comme un bonbon agréablement acidulé. Beaux décors, superbes costumes, reconstitutions plaisantes, personnalités connues... Même si on n'entre pas vraiment dans le fond - c'eût été impossible - on surfe sur l'écume d'une vie. On se prend d'affection pour cette petite bonne femme brûlée trop tôt par la gloire, incapable de gérer sa notoriété et les considérables sommes d'argent qu'elle gagne. Toute son existence elle ne sera qu'une petite fille, espiègle, capricieuse, boudeuse, fofolle, et tellement fragile et en quête d'amour et d'affection. Comme on aurait envie de le protéger ce drôle d'oiseau de nuit frileux malgré son plumage doré.
Et là, il faut bien revenir sur la performance époustouflante de Sylvie Testud. Pour une comédienne, un tel rôle marque une carrière ; que le film ait du succès ou n'en ait pas. On y perçoit un tel investissement. Tout ceux qui ont crié au génie devant la création de Marion Cotillard dans La Môme, ne pourront que hisser Sylvie Testud sur le même plan, on ne peut plus élevé.

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