jeudi 17 juillet 2008

La Perruche et le Poulet


Théâtre Déjazet
41, boulevard du temple
75003 Paris
Tel : 01 48 87 52 55
Métro : République

Une pièce de Robert Thomas
D'après l'oeuvre de Jack Popplewell
Mise en scène par Luq Hamett
Avec Claude Gensac (Alice Postic), Jean-Pierre Castaldi (l'inspecteur Henri Grandin), Michel Feder (Maître Rocher), Bénédicte Bailby (Clara Rocher), Hélène Bizot (Suzanne), Laure Mathurier (Virginie), Malcolm Conrath (Mr de Charente), Stéphane Foulogne (l'agent Maximin)

Ma note : 7/10

L'histoire : L'action se déroule dans l'étude de maître Rocher, notaire à Paris. Mademoiselle Alice Postic, standardiste de son état et perruche invétérée, est un personnage haut en couleurs. Un soir, alors que les employés sont partis, elle découvre le cadavre de son patron avec un poignard dans le dos. Elle a juste le temps de prévenir la police avant de s'évanouir. Quand elle se réveille, au moment où l'agent de police Maximin fait son apparition, le corps a disparu... Arrive alors l'inspecteur Henri Grandin, un type plutôt mal embouché dont le sale caractère lui a valu le surnom de "Tête de fer" par ses propres collègues. Or, Alice reconnaît en ce poulet fortement enrhumé et d'humeur massacrante un ami d'enfance...

Mon avis : En dépit de ses presque 40 ans d'âge, cette pièce est tellement fraîche qu'elle pourrait être un des beaux succès de cet été. Elle a en effet été créée en 1969 avec le fameux tandem de l'émission de radio "Sur la banc", Raymond Souplex et Jeanne Sourza, couple mythique s'il en fut.
Pour les personnes éprises de comédie pure, suivre pendant près de deux heures le jeu tout en nuances de Claude Gensac est un réel bonheur. Quelle subtilité dans une pièce qui n'est tout de même pas un monument de finesse. A 81 ans, en dépit d'une mobilité réduite, elle campe une perruche désopilante de drôlerie. Servie par des répliques plutôt percutantes, elle est omniprésente et focalise toutes les attentions. Il arrive même parfois à ses partenaires de la regarder jouer avec des yeux pleins de tendresse...
Bon, c'est un gentil boulevard dont ses producteur et metteur en scène ont eu le bon goût de maintenir l'action dans les années 60. Du coup, ce gentil petit côté suranné et bon enfant est très plaisant. On n'est pas là pour se prendre la tête, mais pour passer un vrai moment de détente au milieu de comédiens qui démontrent un authentique plaisir de jouer ensemble. Il y a là un petit côté troupe vraiment sympathique.

Bien sûr cette enquête policière riche en rebondissements plus ou moins plausibles repose entièrement sur la confrontation entre Alice Postic, la perruche, et l'inspecteur Grandin, le poulet. Face à cette adorable vieille demoiselle qui se mêle de tout, maligne, manipulatrice et provocatrice, il fallait la carrure d'un Jean-Pierre Castaldi. Il est parfait en flic enrhumé, limite psychorigide, peu enclin à la plaisanterie et aux attendrissements. Son ton bourru et ses mimiques excédées constituent le pendant idéal à l'espièglerie taquine de son "amie d'enfance" qui se complaît à l'appeler Riri alors qu'il attend du monsieur l'inspecteur. De la perruche ou du poulet, lequel va y laisser le plus de plumes ?

La mise en scène est efficace, ne ménageant aucun temps mort. Chacun des comédiens est bien à sa place avec une petite mention pour Hélène Bizot, qui joue Suzanne, la vieille fille dévouée et enamourée de son patron. Elle n'a pas hésité à s'enlaidir et à s'affubler de tenues vestimentaires dignes du Père Noël est une ordure.

Rencontré à l'issue de la pièce, Jean-Pierre Castaldi me confiait tout le bonheur qu'il avait à donner la réplique à cette "grande dame" qu'est Claude Gensac. Plein de respect pour la partenaire préférée de Louis de Funès, il se disait bluffé par sa performance car elle est la seule qui soit en permanence sur la scène pendant les deux heures que dure cette pièce.

Aucun commentaire: