lundi 27 avril 2009

Frédéric Recrosio "Aimer, mûrir, et trahir avec la coiffeuse"


Théâtre Trévise
14, rue de Trévise
75009 Paris
Tel : 01 48 65 97 90
Métro : Cadet / Grands Boulevards

Mise en scène de Jean-Luc Barbezat

Ma note : 7/10

Le sujet : C'est le récit d'une histoire d'amour ordinaire, classique, plate. Car s'il est vrai que nos destins sentimentaux nous semblent uniques, ils n'en sont pas moins semblables. C'est une tranche de vie normale parce qu'elle est absolumen significative et que l'enchantement de nos jrs se cache souvent dans la banalité du quotidien. C'est une interrogation sur les aléas de l'élan amoureux. C'est un constat : l'amour existe ; le désamour, aussi...

Mon avis : Sous-titré "Itinéraire de l'amour normal",ce spectacle est en fait une longue réflexion sur les rapports sentimentaux et amoureux homme-femme. Mais Frédéric Recrosio étant un homme, il ne nous livre que sa propre interprétation masculine de la chose. Et de quelle manière ! C'est particulièrement goûtu et salivant.
Avec sa bonne bouille et son sourire craquant, Frédéric Recrosio ne possède pas, a priori, le physique du garçon frileux de l'engagement, voire du loser. Et pourtant...
Son one-man show est très habilement construit. C'est une sorte de mécano intellectuel dont il pose d'abord les bases - des bases très solides - avant d'en ériger les étages. En clair, son récit va crescendo, provoquant dans l'intérêt et dans l'adhésion du spectacteur - et surtout de la spectatrice - une jubilante montée en puissance.
D'abord, il faut s'habituer à ses mots, à sa façon de les mettre en bouche et à sa gestuelle. De prime abord, il semble un peu emprunté avec sa longue carcasse. Et puis soudain, tout son corps explose en des mouvements le plus souvent grotesques et, dans la seconde qui suit, il reprend son allure un peu gauche. Et ça ne va aller qu'en s'aggravant.
Frédéric Recrosio commence son spectacle en abordant le thème du célibat. Il a 30 ans, il jouit de la grande liberté que ce statut lui offre et puis la statue se fissure et se fragilise. Et notre énergumène se met à analyser, une analyse qui va durer tout le temps de son spectacle. Il est essentiellement un cérébral. Alors, il dissèque, il décortique, il pèse le pour et le contre, avance d'un pas, recule de trois, hésite, tergiverse... Il n'y a guère qu'avec l'onanisme que les relations ne sont pas compliquées... Donc le célibat contient des avantages et beaucoup d'inconvénients. On y est libre... mais libre de "faire son malheur".
Chaque thème abordé est superbement écrit. Il a du vocabulaire, le bougre !
Frédéric Recrosio, ou tout du moins son personnage, passe son temps à se prendre la tête. Habité par une réelle hantise du bonheur, il se complaît à imaginer les situations les plus extrêmes. Mais avec une pusillanimité et une totale mauvaise foi que d'aucun(e)s prêtent exagérèment aux hommes.
Or, on ne peut pas être ainsi faux-cul sans fondement !!! Notre champion de la gamberge assène tout de même certaines vérités sur la gent féminine. Pas facile de leur plaire et de se mettre à la hauteur de leurs désirs et de leurs aspirations. Finalement - et ce sera d'ailleurs sa conclusion - les principales responsables des fiascos amoureux, ce sont les femmes. Et pis c'est tout !

Le spectacle est autant sur scène que dans la salle. Tout simplement parce que les incriminées en question se sentent visées, les mesquines ; elles n'approuvent pas et elles le font savoir. En fonction des assertions de notre "Mick Jagger" helvète, elles gloussent, hoquètent, s'insurgent, s'offusquent, protestent, huent... Il y a de l'ambiance dans la salle.
Frédéric Recrosio réussit carrément l'exploit de parler de baise pendant près d'une heure et demie sans être jamais grossier ni déplacé. Les détails les plus scabreux passent comme une lettre à la poste. En tout cas, ces dames peuvent retirer un aspect extrêmement positif de ce témoignage pathétique : Recrosio leur livre le mode d'emploi du parfait trentenaire. Peter Pan est toujours là. Il est futile, puéril et, pour masquer son impuissance à diriger les ébats, il décharge toute la responsabilité sur La Femme. Ou l'hypocrisie considérée comme un des beaux arts...

Courez écouter et voir Frédéric Recrosio. Surtout, allez-y en couple. C'est très enrichissant pour l'un comme pour l'autre. D'ailleurs il arrive très souvent de surprendre des couples échanger des regards ou complices, ou acerbes, en réaction à certaines situations subtilement décrites par notre empêcheur de baiser en rond. C'est un spectacle très personnel, foutrement bien écrit et habilement maîtrisé. On en sort tout révigoré et avec une impérieuse envie de séduire l'autre.

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