mardi 15 février 2011


Comédie Bastille
5, rue Nicolas Appert
75011 Paris
Tel : 01 48 07 52 07
Métro : Richard Lenoir

Une comédie de Guillaume Labbé et Inan Ciçek
Mise en scène par Thierry Lavat
Avec Darius Kehtari (Stanislas), Emmanuel Donzella (Olivier), Sébastien Pierre (Albin), Juliette Galoisy (Hélène), Serge Noël (Vassil)

Ma note : 5,5/10

Le pitch : Stanislas annonce à ses deux meilleurs amis et à son épouse qu’il a gagné une fortune au loto, mais qu’il ne veut pas percevoir ses gains. Après le premier moment e stupeur, chacun d’eux va tenter de manœuvrer les trois autres pour tirer profit de la situation. Tous les coups sont alors permis…

Mon avis : Le postulat de départ de cette pièce est une excellente idée puisqu’elle va totalement à l’encontre de la logique : un gagnant du loto annonce à son épouse et à ses amis qu’il renonce au pactole. Quel sacrilège ! C’est faire contre bonne fortune mauvais cœur… Evidemment chacun à sa façon va se sentir spolié et réagir en fonction de son tempérament.

Présenté comme ça, on se dit qu’il y a là vraiment de quoi imaginer une comédie à la fois drôle et grinçante, voire teintée de cynisme. En fait, il y a un peu de tout ça, mais hélas, un manque accablant de rigueur fait que cette pièce vire dans le potache et le grotesque, avec force blagues faciles ou douteuses… Pourtant, ça démarre plutôt bien avec une présentation liminaire des principaux protagonistes, Stanislas et ses deux meilleurs amis, Olivier et Albin. L’épouse, très attendue, fera son entrée un peu plus tard, et le père bien après…
Très vite, les différents caractères sont dessinés. Stanislas, est très calme, c’est un animal à sang froid, aimable, tolérant, mais farceur. Le piège qu’il tend à sa garde rapprochée est diabolique, carrément inhumain… Olivier, c’est le gommeux ; il est très élégant, très content de lui (du moins en apparence), opportuniste et jaloux… Albin, c’est le baba-cool, un pique-assiette patenté, un profiteur chronique… Quant à Hélène, annoncée comme la septième merveille du monde, elle se montre d’abord sous un jour charmant ; c’est une épouse aimante, une amie chaleureuse, jouant sans affectation de sa saine sensualité…
Dès le départ, on a un peu de mal avec le personnage d’Albin. Il est vraiment too much. Comment peut-on être ami avec un zigoto de cet acabit ? Mais quand Stanislas annonce sa décision de ne pas percevoir son gros lot, tout part en brioche. En un millième de seconde, la douce Hélène se transforme en une furie hystérique. Il ne faut pas être très féru de psychologie pour constater que cette réaction aussi soudaine n’est absolument pas crédible. Il eût du y avoir une progression, une montée en puissance. Qu’elle démarre ainsi aussi vite, on n’y croit pas une seconde. Ce n’est pas rationnel. Alors elle s’agite, elle vitupère, elle crie, elle vampe Olivier (ce qui n’est pas très difficile). C’est trop gros. Vers la fin, quand elle essaie de se raccrocher aux branches, elle devient carrément pathétique. … De son côté, Albin continue d’en faire des tonnes jusqu’à en devenir pratiquement insupportable… Et lorsque Pavel, le père de Stanislas, arrive il se met illico au diapason en campant un personnage hyper caricatural et un tantinet lourdingue.

En résumé, pendant que ces trois-là sur-jouent et ne nous amusent guère, il y en a deux qui tirent leur épingle du jeu : Stanislas et Olivier. Stanislas (Darius Kehtari) parce qu’il tient sa ligne de deux ex machina. Son personnage est cohérent. Il devient observateur curieux de voir les dégâts causés par la tempête qu’il a levée. Même si, parfois, il est quelque peu dépassé par l’excès des réactions. Il garde le cap, avance ou recule ses pions sur l’échiquier en fonction des événements. C’est de loin lui le plus normal de la bande…
Quant à Olivier (Emmanuel Donzella), lui aussi reste campé sur ses positions tout au long de la pièce. En m’as-tu-vu sans scrupules, il est parfait. C’est le roi des faux-culs et il assume. Il va au bout de ses intentions, quitte à se montrer minable. Il s’en fout d’ailleurs, pour lui seul le résultat compte. Il veut tout, le fric et la copine de son ami. Emmanuel Donzella nous offre là une bien savoureuse prestation.

Enfin, pour en revenir à Hélène (Juliette Galoisy), Albin (Sébastien Pierre) et Pavel (Serge Noël), les pauvres, ce n’est pas de leur faute s’ils ne m’ont pas du tout fait rire et si je leur dois quelques soupirs accablés, ils jouent ce que le metteur en scène leur a demandé. Pour avoir déjà vu les deux premiers dans différentes pièces, je sais qu’ils sont capables de beaucoup plus de finesse et de justesse. Avec simplement un peu de modération, ils auraient pu rendre ces Chers amis supportables. Et puis, pour faire tout de même preuve d’un peu d’indulgence, n’oublions pas que c’est une première pièce. Il y a une bonne idée de départ, de bonnes intentions, de bons comédiens (du moins potentiellement), mais ils se sont laissés emporter par leur tempérament encore potache. Avec un peu de rigueur, ils devraient pouvoir nous pondre une deuxième œuvre bien meilleure…
Maintenant, c'est peut-être moi qui me montre trop exigeant car, tout au long de la pièce, la plupart des gens étaient pliés de rire. Je dois manquer de souplesse...

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