mardi 5 février 2013

La véritable histoire de Maria Callas


Théâtre Déjazet
41, boulevard du Temple
75003 Paris
Tel : 01 48 87 52 55
Métro : République

Une pièce de Jean-Yves Rogale
Mise en scène par Raymond Acquaviva
Scénographie de Jean-Michel Adam
Lumières de Jacques Rouveyrollis
Avec Andréa Ferréol (la mère de Callas), Pierre Santini (Onassis), Sophie Carrier (Callas adulte), Lola Dewaere (Callas jeune), Raymond Acquaviva (Meneghini), Cécile Pallas (Jackie Kennedy)

L’histoire : De son adolescente grassouillette à la diva qui ressemble à une gravure de mode, Maria Callas prouve que si le ciel l’a voulue grosse, elle a même vaincu le ciel. Mais après cette métamorphose, celui-ci ne sera plus jamais clément pour elle.
L’auteur nous met en présence de « monstres » de la mythologie moderne : il y a Evangelia, la mère abusive ; Battista Meneghini, son mari, qui devient son mentor, son imprésario, mais oubliera de lui faire l’enfant qu’elle désire tant ; Aristote Onassis, dont elle tombe follement amoureuse…

Mon avis : On ne reviendra pas sur le formidable talent vocal de Maria Callas qui a fait d’elle la cantatrice la plus célèbre de tous les temps… Ici, le parti pris de l’auteur, Jean-Yves Rogale, est d’évoquer sa vie, une vie privée ô combien romanesque, en une dizaine de séquences ou tableaux.
Chacune de ces scènes nous montre Maria Callas, soit dans son intimité, soit à un tournant de son existence. Il était en effet essentiel de commencer la pièce par son adolescence et sa relation conflictuelle avec sa mère. Car c’est à cette époque qu’elle a à la fois développé ses complexes sur son poids et affirmé son caractère. Un tempérament tempétueux qui ne va plus jamais la quitter quelles que soient les circonstances, professionnelles ou sentimentales.

Le décor est volontairement réduit à sa plus simple expression. Il n’a aucune importance car tout est basé sur l’aspect relationnel entre les différents protagonistes… Jolie idée de mise en scène, les déplacements des quelques éléments de décor sont effectués par une danseuse au son de la voix de la Callas qui va ainsi nous égrener ses plus grands succès. C’est bien de l’entendre chanter, même brièvement. Ça nous rappelle combien elle a été exceptionnelle… L’autre bonne idée est d’avoir dressé au fond de la scène un immense miroir. Astuce qui a pour avantage de donner de la profondeur et de doubler les effets.

La pièce se déroulant dans l’ordre chronologique, on assiste aux principales étapes de sa vie amoureuse, une vie amoureuse qui a eu une incidence directe sur son comportement dans sa vie artistique… Ainsi, dès le deuxième tableau, Callas, âgée de 24 ans, déjà auréolée par le succès, décide contre l’avis de sa mère d’épouser un industriel italien de 30 ans son aîné, Baptista Meneghini. En devenant son mentor et son imprésario, il va faire d’elle une diva absolue.
Cinq tableaux et dix ans plus tard, elle rencontre le richissime armateur grec Aristote Onassis, devient sa maîtresse et divorce de Meneghini…

Tout au long de la pièce nous sommes les témoins de disputes incessantes, de relations tempétueuses et passionnelles. Effectivement, nous sommes en présence de Latins. Ça gesticule et ça parle fort. Et puis il y a aussi en permanence la présence subliminale de la mythologie. Ce sont, pour comprendre la psychologie des protagonistes, des éléments prépondérants.

Pour jouer des scènes la plupart du temps aussi exacerbées, il faut des acteurs de tempérament. La distribution est sans faille. Sans jeu de mot, ils sont tous au diapason. Je donnerai toutefois une mention particulière aux compositions réalisées par Raymond Acquaviva dans le rôle de Meneghini (il s’est fait un look minimaliste. On dirait Aznavour !) et par Pierre Santini dans celui d’Onassis.

En résumé, j’ai apprécié les intermèdes chantés et dansés (remarquable bande son), trouvé très judicieuse l’idée de donner la parole à l’ancienne Callas et de la mettre en opposition avec celle qu’elle est devenue et, bien sûr, le jeu des comédiens.
Seul reproche, j’ai déploré deux ou trois longueurs, comme le quatrième tableau (monologue de Callas) et, surtout, à la fin, quand la pièce, se métamorphosant théâtralement en tragédie grecque, se fige et se fait un peu bavarde. Je suis certain qu’avec un quart d’heure de moins, La Véritable histoire de Maria Callas serait encore plus efficace et convaincante. Mais ce n’est pas grand-chose eu égard aux excellents moments de comédie qu’elle nous fait vivre.

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