jeudi 25 avril 2013

La fin du monde est pour dimanche


La Pépinière Théâtre
7, rue Louis le Grand
75002 Paris
Tel : 01 42 61 44 16
Métro : Opéra

Seul en scène écrit et interprété par François Morel
Mis en scène par Benjamin Guillard
Scénographie, lumière et vidéo de Thierry Vareille

Le propos : Pour composer La fin du monde est pour dimanche, François Morel réunit quelques uns de ses textes écrits originellement pour la radio. Ils ont tous pour point commun de nous parler du temps qui passe, de la vie qui suit son chemin avec, en point de mire, ce dernier jour de la semaine. Ce « dimanche », synonyme du dernier jour de la vie qui approche. Inéluctablement…

Mon avis : Alerté par le ton alarmant de l’annonce, Le fin du monde est pour dimanche, j’ai préféré me rendre à la Pépinière Théâtre un mardi. En début de semaine, quoi. Ainsi, si la prophétie devait s’avérer, il me resterait quand même quatre jours pleins pour profiter. « Profiter »… C’est justement une des injonctions qui reviennent itérativement dans la bouche d’un grand-père s’adressant à son petit-fils. Si l’on suppose que le vieillard a atteint la sagesse, le conseil est on ne peut plus impératif. Ce qui est bien avec les personnages de théâtre, c’est que nous aussi, dans le public, on profite. Et avec se spectacle, on profite d’un tas de choses et d’abord du talent protéiforme de François Morel. Décidément, qu’ils officient au Vatican, à l’Elysée ou à la Pépinière, les François ont le vent en poupe actuellement…

François Morel est aujourd’hui un personnage totalement à part dans le paysage artistique. Il y a pris une place prépondérante qu’il ne doit qu’à son travail et à ses dons. Ses dons d’auteur et ses dons d’acteur. Cet homme aime les mots, c’est une évidence, et ils le lui rendent bien… Comment le définir ? Alliant avec une virtuosité jubilatoire la poésie et le bon sens, il est à fois un Pierrot lunaire (car il n’est jamais terre-à-terre) et un paysan matois. On peut qualifier son spectacle de récital car il nous propose un florilège de ses meilleures chroniques radiophoniques avec, en point d’orgue, ce véritable « tube » qu’est son reportage en direct de Bethléem le jour de la Nativité.

La mise en scène, avec projections, jeux de lumière, fumigènes et bande-son importante est classieuse et originale. Elle lui permet de virevolter tout à son aise entre les images et la musique et de planter pour chaque « sketch » un décor qui lui est propre. En fil rouge (comme sa robe), il reçoit le d’Anna Karina, la Marianne de Pierrot le fou, débordante de sensualité dans la splendeur de ses 25 printemps. S’amusant de la voir aussi profondément désabusée, il s’appuie sur son ennui et son constat existentielle : « Je sais pas quoi faire… », pour nous exhorter à agir et à « faire » quelque chose de notre vie…

François Morel aborde des sujets aussi variés que la transmission intergénérationnelle, le fantasme masculin (on l’a tous ressenti !), la fan attitude, les amours hors norme, il disserte sur le bonheur, rend hommage, alexandrins à l’appui, à ces comédiens qui jouent les utilités et rêvent de grands rôles… Bref, « l’air de rien », mais très élégant dans ses « habits du dimanche » (il faut porter beau pour la fin du monde), il nous dit « bien des choses » sur sa vie et sur « la vie des gens ».
Débordant d’humanité, mais dupe de rien, il déroule sa poésie tendre et facétieuse et nous entraîne en sa compagnie (car ce spectacle est un grand moment de partage) dans un univers qui n’appartient qu’à lui.
Grand merci à vous Monsieur Morel, c’était bon de vous entendre et de vous voir à quelques jours de l’Apocalypse annoncée sur votre affiche…

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