Lucernaire
53, rue Notre-Dame des Champs
75006 Paris
Tel : 01 45 44 57 34
Métro : Notre-Dame des
Champs / Vavin / Saint-Placide / Edgar Quinet
Ecrite et interprétée par Cesare
Capitani
Mise en scène par Thierry Surace
Lumière de Dorothée Lebrun
Costume de Vjollce Bega
Musique d’Antonio Catalfamo
Décor et accessoires de Ségolène
Denis
Présentation : L’Autre Galilée est le portrait inattendu et
surprenant du grand savant italien Galileo Galilei. Vous allez découvrir un
homme drôle et passionnant, malin et subversif, qui toute sa vie s’est battu
pour la liberté de pensée, pour la séparation entre science et religion. Un
Galilée inédit et moderne qui a émis des affirmations bien plus dérangeantes et
violentes que la célèbre phrase « Et pourtant, elle tourne ».
Mon avis : Une fois encore Cesare Capitani m’a emmené au ciel.
Au propre comme au figuré car comment ne pas s’envoler dans le cosmos lorsqu’on
a le plaisir et le privilège de partager un peu plus d’une heure avec un
passionné comme Galilée…
Déjà, quand il avait dépeint la
vie ô combien tumultueuse du peintre Caravage, il m’avait enthousiasmé et ému
par sa totale implication. Il récidive cette fois mais dans un registre
diamétralement différent. Ici, il n’est plus question de folie, de débauche et
d’excès en tout genre, nous sommes dans une rigueur toute mathématicienne. Et
ce portrait va encore plus loin car il dénonce aussi les dysfonctionnements
spirituels d’une époque…
Hier soir, le Paradis était plein
comme un œuf. Le « Paradis » est le nom de la petite salle située au
tout dernier étage du Lucernaire. Tout un symbole car nous nous trouvions ainsi
plus près des étoiles et d’une lune qui nous avait la faveur de s’afficher
pleine. La force de ce spectacle c’est qu’il est dépouillé de tout artifice. Nous
n’avons pas d’autre choix que de nous focaliser et de nous concentrer sur la prestation
et le discours de Cesare Capitani. Cet artiste est un être singulier ; « singulier »
dans le sens « étonnant, qui se distingue des autres, qui sort de l’ordinaire »…
Lorsqu’il s’approprie un personnage, il ne se contente pas de le jouer, il l’habite,
il le vampirise et il le devient. Il l’EST !
Ce doit être un grand bonheur
pour un Italien que de camper un de ses plus illustres compatriotes. Quel
investissement aussi que de rentrer dans la peau et dans la tête de cet immense
savant et de faire à la fois revivre devant nous les plus grands moments de son
existence et réaliser l’importance de son travail et de ses découvertes.
Le mot « autre » dans
le titre du spectacle est loin d’être anodin. Cesare Capitani nous révèle des
aspects pas très connus de l’homme. On en apprend beaucoup sur son caractère.
Galilée était tout le contraire d’un illuminé ou d’un visionnaire. C’était un
vrai scientifique, un rationnel. Il était très ambitieux, intrigant, malin,
redoutablement intelligent, terriblement (mais légitimement) orgueilleux. Il
avait en lui l’insolence de ceux qui savent et qui sont sûrs de ce qu’ils savent
car ils peuvent le démontrer à grands renforts de chiffres et d’éléments concrets
intangibles. D’ailleurs Cesare/Galileo se livre devant nous à des expériences
physiques et à des démonstrations qui valent mieux qu’un long développement.
La face la plus inattendue de
Galilée, c’était son côté rebelle, subversif même. Ce chantre de la Liberté
était très en avance sur son temps dans tous les domaines. Tant dans sa vie
privée que dans ses recherches mathématiques et astronomiques. A partir de là,
il était hélas inévitable que l’Eglise s’intéresse particulièrement à lui. Quel
que soit l’immensité de son orgueil, lorsque la sinistre Inquisition se penche
sur vôtre cas, vous décrète hérétique et vous menace du bûcher, on ne tire pas
beaucoup de plans sur la comète : on transige et on sauve sa peau en
abjurant. Mais on n’en pense pas moins.
C’est l’éternelle opposition –
surtout à cette époque (le début du 17è siècle) – entre la science et la
théologie, la raison et la foi. On ne peut pas lutter contre les interprétations
dogmatiquement rigides de la Bible et des Saintes Ecritures. On s’aperçoit que,
finalement, les choses n’ont pas beaucoup changé puisque, aujourd’hui, ce sont
les interprétations subjectives du Coran qui ont engendré l’extrémisme…
Dans un jeu de lumières savamment
orchestré, Cesare Capitani nous livre un Galilée captivant, vibrant, souvent drôle,
mais surtout très lucide. Quel comédien ce Cesare. Sans jeu de mot, il est
carrément impérial. Complètement latin, doté d’un charisme naturel, viril et
beau, le regard de braise, il nous offre un texte remarquable, explicatif et au
vocabulaire riche et imagé. Dès le début, il nous happe par sa flamme, sa
passion, sa force de conviction et nous captive avec son aptitude troublante à
faire (re)vivre son personnage, son héros (car s’en est un).
Si vous voulez assister à un
grand moment de pur théâtre, précipitez-vous vite au Paradis du Lucernaire, une
étoile y brille de mille feux.
Gilbert « Critikator »
Jouin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire