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samedi 17 janvier 2015

Garnier contre Sentou

Théâtre Daunou
7, rue Daunou
75002 Paris
Tel : 01 42 61 69 14
Métro : Opéra

Avec Cyril Garnier et Guillaume Sentou
Ecrit par Cyril Garnier, Guillaume Sentou et Patrice Soufflard
Mis en scène par Patrice Soufflard
Lumière de David Chaillot
Costumes de Christine Leroy
Décor de Pascale Rabaud
Musique de Chloé Lacan et Nicolas Cloche
Accessoires et effets spéciaux de Pauline Gallot
Chorégraphie de Céline Dupuy
Maître d’armes : Christophe Charrier

L’histoire : Qu’est-ce qu’un ami ?
C’est quelqu’un qu’on ne peut pas voir pendant plusieurs jours, plusieurs mois, voire des années… Et quand on le revoit, c’est comme si on l’avait vu hier.
Le problème de Garnier et Sentou, c’est qu’ils se sont vus hier, et avant-hier… Et tous les jours depuis trop longtemps.
Ils sont au bord de l’overdose d’amitié puisqu’ils sont amis d’enfance, amis de vacances, amis de travail et amis Facebook depuis 1987.
Dans ce spectacle, ils s’affrontent dans une aventure inspirée de leur(s) histoire(s) vraie(s), mais pas trop quand même.
Et si leur amitié ne survit pas à la représentation de ce soir, c’est qu’il fallait venir hier…

Mon avis : Quelle judicieuse idée que de parler des problèmes que peut engendrer la vie au quotidien d’un couple artistique. Ce cas de figure, n’a en effet été ébauché qu’au cinéma, dans le film de Patrice Leconte, Tandem. Mais là, Garnier et Sentou vont encore plus loin car, plus que d’’êtres des « collègues » de travail, ils sont amis d’enfance depuis l’âge de 7 ans ! Et cela fait vingt-sept ans que cela dure… C’est dire s’ils se connaissent parfaitement.

Il y a des spectacles que l’on peut raconter par le menu parce que c’est incitatif, mais celui-ci, il faut en dire le minimum pour en préserver les nombreuses surprises. Il y a de tout dans ce show interprété, d’abord, par deux remarquables comédiens. Des cascades (avec des ralentis s’il vous plaît), des effets spéciaux (il y a même un avion sur scène), un volatile abracadabrantesque, et j’en passe…
Garnier et Sentou savent tout faire. Ce sont deux athlètes du rire. Leur performance est autant textuelle que physique. Car il y a du fond dans leur thématique. On a tous et toutes un(e) ami(e) d’enfance qui sait tout de nous. C’est à la fois confortable et presque déplaisant. C’est la personne pour laquelle la superficie de notre jardin secret est réduite à son minimum. Alors, parfois, ça gêne aux entournures. C’est de cela que traite « Garnier contre Sentou ». On doit d’ailleurs prendre le mot « contre » dans deux de ses principales acceptions, la préposition et le verbe « contrer » au présent de l’indicatif dans ce sens où, tout au long de la pièce, Garnier s’ingénie à « contrer » Sentou, et réciproquement. Ce qui introduit, au propre comme au figuré une notion de duel.

Ce spectacle est subtilement construit. Après son entrée en matière épique et piquante, puis après avoir brocardé les absurdités de l’administration et les aberrations de la modernité, ils vont remonter le temps de leur histoire commune depuis l’enfance. Ils vont surtout s’amuser à mettre la loupe sur ce qui pourrait les opposer plutôt que sur ce qui les réunit depuis vingt-sept ans, leur indéfectible amitié. Ils prennent un malin plaisir à exacerber une rivalité qui, de toute évidence, n’est ici qu’hypothétique. C’est jubilatoire à souhait. Absurde, bons mots, invention de personnages, vannes, misogynie, autodérision… Tout y est. Jusqu’au tableau final qui, pour moi, est une véritable scène d’anthologie.

Je ne veux vraiment pas en dire plus. Parfois, alors que je n’ai pas le rire spontané facile, je me suis surpris à éclater sous l’effet de surprise d’une situation, la réplique qui tue ou l’imprévisibilité d’un gag visuel. Ce spectacle est à tout point de vue d’une rare richesse. Il FAUT, si ce n’est déjà fait, découvrir Cyril Garnier et Guillaume Sentou sur scène. Pendant une heure et demie, c’est un festival. Et l’humour, lorsqu’il est aussi intelligemment distillé, est bien plus efficace.
Je suis sorti du Daunou complètement emballé et, à l’heure où j’écris ces lignes, il y a encore quelques images qui se matérialisent et qui me font sourire. Qu’est-ce qu’ils sont bons Garnier er Sentou. Et inversement !!!


Gilbert « Critikator » Jouin

samedi 4 juillet 2009

Manu Joucla et Eric Massot s'engagent


Petit Théâtre des Glaces
37, rue du Faubourg du Temple
75010 Paris
Tel : 01 48 03 11 36
Métro : République / Goncourt

Ecrit et joué par Eric Massot et Manu Joucla
Mis en scène par Pascal Serieix

Ma note : 7,5/10

Le propos : En ces temps moroses de crise financière où tout espoir est vain, deux hommes, Eric Massot et Manu Joucla, ont décidé de s’engager ! S’engager contre la misère… sexuelle, pour la faillite des actionnaires, contre l’écologie, pour la solitude des personnes âgées… Bon… Ils n’ont pas forcément tout compris, mais une chose est sûre : ils s’engagent à s’engager… quand même !!!

Mon avis : Après les « Nous c’est Nous », voici les « Deux c’est Eux ». Les deux ? Eric Massot et Manu Joucla, bien sûr ! Et les deux font la paire…turbation au Petit Palais des Glaces en les faisant réfléchir, les glaces… et les spectateurs aussi par la même occasion. Car en s’engageant, ainsi qu’ils l’annoncent sur leur affiche, nos deux larrons n’y vont pas avec le dos de la cuillère et ils y vont à fond dans l’audace la plus téméraire. Sinon dans les idées – faut quand même pas pousser -, du moins dans la gestuelle.

Ils nous font une entrée tonitruante, façon stars du hard rock. Bon, d’accord, c’est sur du Trust ! Mais finalement, c’est en phase qu’ils nous annoncent de l’engagement, il va sûrement y avoir de l’antisocial dans leur spectacle. Et ben voui, y’en a, et plein de l’antisocial : en gros, ils sont contre les Gilbert (ce qui, vu mon prénom, m’a fait les prendre en grippe dès le début), ils sont contre les femmes (ils leur préfèrent les poupées gonflables type Amanda), ils n’aiment guère les animaux, et les mouches en particulier, ils n’aiment pas les vieux (mais ceux-ci le leur rendent bien), ils abhorrent les banquiers (ce qui n’est pas très glorieux à l’heure actuelle), ils sont contre les interdits (des vrais rebelles, je vous dis), contre la défonce (les portes ouvertes…), contre les étrangers (spécialement les Maliens et les Japonais), contre les comédies musicales et enfin, contre les journalistes…

Très honnêtement, Massot et Joucla ont troussé là un spectacle qui tient vachement bien la route, ou plutôt la scène. Ils se partagent les personnages en fonction de leurs qualités spécifiques, Manu Joucla tenant plus le rôle d’un Monsieur Loyal pendant que son acolyte, remarquable mime et facétieux bruiteur, se livre à moult pitreries et métamorphoses (en mouche, en caméléon, en vieillard, en toute une galerie de vedettes de cabaret…). Ils enchaînent les numéros à toute vitesse, on n’a pas le temps de zapper, ni même, parfois, de reposer nos zygomatiques. Ils campent des situations que l’on a l’impression d’avoir déjà vécues mais qui sont si finement observées qu’elles nous font nous tordre de rire (le guichetier d’une banque et son directeur, la sortie d’une boîte de nuit, les films d’horreur…). Le duo est parfaitement huilé, hyper complémentaire ; ils le prouvent entre autres avec une parodie confondante de mimétisme de Chevallier et Laspalès.
Ils créent également des personnages qui auraient le mérite de passer à la postérité, comme le vieillard, comme Transformo, le roi du cabaret, et, surtout, comme l’irrésistible Mouleburno, danseur étoile échappé de la troupe de Béjart dont la plastique affûtée fait tomber ces dames en pâmoison, troublant aussi quelques messieurs qui laissent langoureusement échapper quelques murmures approbateurs…

Bref, Massot et Joucla s’engagent à nous faire rire, à nous détendre, à oublier nos soucis pendant une heure et demie… Mission réussie. Par moment même on rate quelques répliques parce que certaines personnes rient aux éclats. Mais ça, on ne peut pas le leur reprocher. Bien au contraire. Et comme en plus la salle est parfaitement climatisée, on n’est perturbé par aucune nuisance. Duy coup, on n’a qu’aà se laisser aller et s’amuser de bon cœur avec ces deux sympathiques hurluberlus.

jeudi 13 décembre 2007

Les Bonimenteurs


Le Bataclan
50, boulevard Voltaire
75011 Paris
Tel : 01 45 45 76 91
Métro : Oberkampf / Saint-Ambroise

Du 18 au 31 décembre 2007

Avec Jean-Marc Michelangeli et Didier Landucci

Ma note : 7,5/10

Mon avis : En cette époque où les ouragans se déchaînent, c'est un vent de folie douce qui va souffler pendant deux semaines au Bataclan.
Marco (Jean-Marc Michelangeli) et Ducci (Didier Landucci) sont deux hurluberlus inclassables. Leur spectacle, en effet, ne ressemble à aucun autre car il repose sur le talent extravagant de deux personnages, deux personnalités aussi différentes que complémentaires.
A priori, ils respectent la grande tradition du cirque avec l'Auguste (Ducci) et le clown blanc (Marco). Mais on s'aperçoit rapidement que ce serait aller un peu vite en besogne que de les réduire à ce binôme. Ils font preuve d'une telle inventivité, d'une telle originalité et d'une formidable générosité que nous avons droit avec eux à plusieurs spectacles en un : humour, jeux de mots, accents, mime, bruitages, comédie musicale, et j'en oublie. Et le tout nous est livré à un rythme dingue.
Déjà, leur façon d'arriver sur scène se démarque. Tout de noir vêtus, ils surgissent sur une chorégraphie très très personnelle, pour ne pas dire navrante, à travers laquelle on perçoit bientôt qui est qui. Marco, sérieux, directif, un tantinet grandiloquent, est le mâle dominant. Ducci, espiègle, facétieux, insouciant et maladroit est le prototype du benêt. Pagnol aurait dit "le ravi". C'est un peu comme si Prof et Simplet avaient décidé de se produire en duo.
Sur scène, rien ou presque rien : deux fauteuils et deux serviettes-éponges rouges... Mais ils n'ont besoin de rien de plus puisque c'est leur folle énergie qui va toute entière prendre possession de l'espace jusqu'à déborder dans la salle... Ils attaquent leur show par une improvisation pure. Un thème est tiré au sort et ils partent dans un époustouflant délire. C'est un tsunamimodrame qui déferle sur un public ébaubi et enchanté. Puis ils compliquent leur numéro de funambules du verbe et du geste en inscrivant sur un tableau 7 mots pris au vol parmi les propositions des spectateurs et, après s'être fait également imposer un thème tiré au sort, ils vont s'efforcer à les introduire dans une histoire abracadabrantesque inventée de toutes pièces. C'est de la haute voltige. La salle, qui assiste à des moments de comédie surréaliste, hurle de rire. Mais ces trésors d'imagination, pour étonnants qu'ils soient, sont encore bonifiés par la qualité des intermèdes qu'ils nous servent entre deux prouesses. Non seulement ils sont remarquablement écrits mais, surtout, admirablement dits.
L'opposition de styles et de comportements de nos deux olibrius ne fait que renforcer l'impact de la drôlerie. Marco se cantonne avec superbe dans son rôle de camelot déclamateur, laissant à Ducci ses débordements burlesco-cartoonesques. Ce qui est également très réussi, c'est cet acharnement qu'a Marco à vouloir faire de Ducci son souffre-douleur alors que celui-ci, dans sa candeur enfantine, ne s'aperçoit de rien et ne lui laisse aucune prise. Il campe en quelque sorte un idiot plus vrai que mature !
Ce qui est sûr, c'est qu'avec ces deux zigotos, du côté du Bataclan, la période des fêtes va bien justifier son nom...