vendredi 15 juin 2007

Check up


Théâtre des Mathurins
36, rue des Mathurins
75008 Paris
Tel : 01 42 65 90 00
Métro : Havre-Caumartin

Une pièce de Serge Serout
Mise en scène par Daniel Colas
Avec Micheline Dax, Yvan Varco, Anne Deleuze, Gaëlle Lebert, Claire Chastel.

L'histoire : Ce "Check up" est celui qu'établit irrévérencieusement une veuve teigneuse, sectaire, revêche et ricanante au soir des obsèques de son mari. Un éloge funèbre aussi expéditif que féroce. Et, dans la foulée, tant qu'elle y est, après avoir taillé le costard de feu son époux, elle passe à la moulinette de ses sarcsames et de son mépris les autres représentants mâles de la famille, il est vrai peu reluisants.

Mon avis : Cette pièce se révèle être articulée en une succession de cinq tableaux. le premier et le dernier sont dans le présent. Les trois intermédiaires sont des évocations du passé.
Dès la première saynète, nous faisons la connaissance de la veuve (Micheline Dax) attablée devant un verre de rouge dont on imagine qu'il n'est pas le premier qu'elle a dégusté en cette fin d'après-midi. Les cousins invités aux obsèques de son mari sont partis et elle se retrouve seule avec son fils, un grand benêt de quadragénaire. C'est sur cette éponge inoffensive et simplette transformée en exutoire qu'elle va pouvoir enfin déverser tout son fiel...
Micheline Dax s'en donne à coeur joie. Dans un langage peu châtié, elle exprime son soulagement à travers des phrases du genre : "J'ai passé toute ma vie avec un casse-couilles. Maintenant qu'il est au trou, ça va me faire des vacances" ! Et, sans tenir aucun compte des quelques sursauts de protestation et d'indignation de son fiston, la voici partie dans un flot d'invectives vis-à-vis de son alcoolique et médiocre mari. Le mot qui revient le plus dans ce panégyrique en forme d'entreprise de démolition est "minable". C'est tout dire. Une fois le pauvre défunt complètement "rhabillé", elle décide de remonter un peu la branche mâle des colatéraux et de dresser le portrait du grand-père, du cousin germain et de l'oncle, personnages eux aussi plutôt gratinés dans le genre veule et pitoyable.

Le deuxième tableau nous met donc en scène le grand-père, Georges, un quadra égrillard amateur de soubrettes, qui convoque justement la toute nouvelle femme de chambre pour la mettre dans son lit pendant que sa femme est partie au spectacle. On comprend bien vite pourquoi Micheline Dax usait autant du terme de "minable". Car pour arriver à ses fins, il déploie un trésor d'hypocrisie et de bassesses qui nous le rendent absolument détestable. Mais il se heurte à une jeune femme qui, sous une apparence réservée, n'est pas vraiment une oie blanche. Et le maître du jeu ne sera peut-être pas celui qu'on croit. C'est un tableau savoureux, digne d'un Feydeau.

Le troisième tableau nous met en présence de Marc, le cousin germain. Là on atteint des sommets. Tous les défauts que l'on prête parfois (rarement !) à la gent masculine y sont cristallisés en un seul personnage. C'est le mufle dans toute sa splendeur. Il se tient mal, parle la bouche pleine, il est vulgaire, menteur, lâche, profiteur, sans scrupules, mesquin, lamentablement vénal... En face de lui, il a une jeune femme effacée, limite soumise, en tout cas pleine d'abnégation, de bon sens et d'humanité. On voit bien qu'elle n'est pas dupe du sordide manège de ce fieffé profiteur, mais sa bonté naturelle reste la plus forte. Une très belle opposition de style et de mentalité.

Le quatrième tableau nous introduit l'oncle, un tonton que Micheline Dax qualifie de "gros dégueulasse". L'épisode qui nous est retracé nous le présente en jouisseur professionnel, habitué à recevoir un bon nombre de jeunes femmes. Justement, il y en a une qui vient de faire irruption dans son alcôve. Mais elle n'est pas animée d'intentions libertines car c'est sous la menace d'un révolver qu'elle veut qu'il avoue avoir séduit la femme avec laquelle elle vit. La jeune femme est une vraie tornade ; énergique, véhémente, brutale. Elle le met "minable"... Ce tableau très enlevé est le plus physique, le plus trépidant de la pièce.

Il y a une chose qui doit être dite, soulignée et saluée, c'est la performance du comédien Yvan Varco qui, à lui seul, tient les quatre rôles masculins. Il est étourdissant car, à aucun moment et sans aucun artifice, il ne joue de la même façon. Il est aussi épatant en grand crétin attardé, qu'en bourgeois libidineux, en brocanteur répugnant et en séducteur humilié.

En résumé Check up est un joli divertissement. Comme il est divisé en cinq tableaux, il est léger, digeste, varié. Un spectacle idéal pour se détendre pendant cet été. Un seul problème cependant, c'est qu'il est réellement dur pour nous les hommes. On ne peut pas croire qu'il existe de tels spécimens. le trait ne peut être que forcé, n'est-ce pas mesdames ? La vérité m'oblige à dire que, parfois, on reconnaît certaines attitudes ou comportements, que quelques uns de nos congénères ont pu avoir. Mais pas nous. Jamais au grand jamais on n'oserait avoir eu une conduite aussi "minable". Ce n'est pas notre genre...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quel bonheur de voir Micheline DAX jouer. Dommage que ses pièces ne soient pas filmées. Miss Daisy en 2005/2006, Arsénic et vieilles dantelles en 2006/2007 et Check-up ne laisseront de traces que des souvenirs. Un régal toutefois. Comédienne populaire elle apporte tant depuis 60 ans. Que la santé la préserve encore longtemps.