Théâtre du Petit Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 77 30
Métro : Edgar Quinet/Gaîté
Ma note : 7/10
Mon avis: En préambule, je me dois de prévenir les personnes sensibles : Ged Marlon est chauve ! Terriblement chauve, dramatiquement chauve ! Il n'a pas le crâne rasé pour faire mode, non, non, il est irrémédiablement chauve. A peine présente-t-il une médiocre petite couronne sur l'arrière de la tête. Bon, passé ce premier choc, je dois admettre qu'on s'y fait vite. On l'oublie même pour ne se fixer uniquement sur la qualité d'un spectacle très personnel, un ravissement de drôlerie intelligemment absurde. Bien sûr, c'est un genre qu'il faut savoir apprécier. Ils sont bien peu les humoristes qui ont cette faculté de nous entraîner ainsi dans leur univers à la fois loufoque et poétique (Daniel Prévost, Jean-Jacques Vanier...). le spectacle commence par un petit film burlesque digne de Mack Sennett ou Buster Keaton, une mise en bouche qui a déjà le don de nous mettre de bonne humeur. Et, pile au moment où ça commencerait à friser le répétitif, Ged, cette fois en chair et en os, s'autorise une entrée... fracassante. Sans plus attendre, sur le ton de la réflexion intime, il s'adresse à nous comme à des proches, comme à des confidents. Il fait cas de ses petits soucis, existentiels et métaphysiques certes, mais tellement banals et anodins : problème de chaussures (ah, la gestion de cette satanée demi-pointure ! Ah ces vendeuses si parfaites !), de costume, de ses cheveux... Et, sans transition, toujours comme s'il soliloquait, il passe de l'infiniment petit, lui, à l'infiniment grand, la dette de la France. Ce gouffre abyssal le tracasse et l'empêche de dormir exactement comme si d'était lui qui devait une telle somme. De "somme" à "sommeil", il n'y a qu'un pas qu'il franchit avec légéreté et il nous expose tout-de-go une théorie très sérieuse sur les cycles et l'importance de s'endormir avant ou après minuit.Ils sont terribles ses problèmes existentiels. Comment expliquer l'intervention du paranormal dans les manifestations du hasard ou de la coincidence ?... Lorsqu'on attaque de front un plateau de fruits de mer, faut-il commencer ou terminer par le tourteau ?... Diabolique ! Et ainsi de suite...
Tout le spectacle repose sur ces sortes d'élécubrations énoncées avec un sérieux imperturbable. Et puis, Ged Marlon chante. Il possède une superbe voix mélodieuse et chaudement flûtée de crooner avec, parfois, des intonations à la Dutronc Jacques, qu'il met au service de textes remarquablement ciselés (Que fit Sophie sur le sofa ?, Camille). Et il faut voir comme il bouge et fait onduler son corps ! Quelle souplesse, quelle fluidité ! C'est un elfe. Et si ce n'est pas un elfe, du moins en possède-t-il l'essence.
Il ne faut pas tout raconter de cet excellent one-man show. La mine réjouie du public à la sortie suffit amplement pour prévoir que le bouche-à-oreille va être éloquent. C'est entièrement mérité car Ged Marlon nous offre au Petit Montparnasse un spectacle total, spectacle qu'il ponctue en sorte de bouquet final d'une chorégraphie époustouflante. Il est sur ressorts ce gars-là et sa prestation, elle aussi ressort... de l'ordinaire (elle est même super, aérienne - donc sans plomb aux semelles -histoire de boucler en grandes pompes la boucle avec l'elfe).
1 commentaire:
Votre critique résume parfaitement Ged Marlon ! J'ai vu hier soir au Petit Montparnasse, son nouveau spectacle intitulé "l'embarras du soi". C'était magique, tout simplement. Sa version exotique de la célèbre "salade de fruits" de Bourvil est tellement rafraichissante, sa recette des lasagnes, en italien dans le texte s'il vous plait, ma qué bonissima ! Sa façon de détourner toutes ces petites phrases que l'on dit sans y penser... Bref, Ged sait tout faire, partir de rien pour arriver nulle part, en chansons, en paroles, le tout ponctué d'une gestuelle aérienne... Courez-y vite ! Ged est bien un elfe doublé d'un feu-follet !
Kathy-Mini
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