mercredi 15 septembre 2010

Le Dîner de cons


Théâtre des Variétés
7, boulevard Montmartre
75002 Paris
Tel : 01 42 33 09 92
Métro : Grands Boulevards

Une pièce de Francis Weber
Mise en scène par Jean-Luc Moreau
Avec Philippe Chevallier (Pierre Brochant), Régis Laspalès (François Pignon), Jessica Borio (Christine Brochant), Olivier Granier (le docteur Sorbier), Stéphane Bierry (Juste Leblanc), Irina Ninova (Marlène Sasseur), Bernard Fructus (Lucien Cheval)

Ma note : 8/10

L’histoire : Si Pierre Brochant vous invite un soir à dîner, méfiez-vous car il a une spécialité : Le Dîner de cons… Un dîner qui a lieu une fois par semaine et dont le principe est tout simple : chaque convive doit amener un con. Celui qui a déniché le plus spectaculaire est déclaré vainqueur.
Ce soir, Pierre est ravi. Il a mis la main sur un champion du monde, un certain François Pignon. Il s’apprête à vivre un grand moment. Sauf qu’il est à cent lieues de se douter qu’avec François les soirées sont toujours imprévisibles et peuvent tourner au cauchemar…

Mon avis : Que dire d’une pièce dont on connaît les situations, les ressorts et certaines répliques par cœur ? Le Dîner de cons est d’abord une comédie remarquablement écrite par Francis Weber. Parfaitement huilée, elle repose principalement sur trois éléments : l’antagonisme entre les deux personnages principaux, Pierre Brochant et François Pignon d’une part, des dialogues savoureux, et une poignée de rebondissements particulièrement efficaces. Evidemment, quand on est dans la salle, on attend avec gourmandise les quelques scènes désormais cultes ; l’attente du public est palpable et, quand elles se produisent, les gloussements et les rires de satisfaction sont quasi orgasmiques…

Philippe Chevallier et Régis Laspalès rendent une copie impeccable. Ils ne souffrent à aucun moment de la comparaison avec leurs prestigieux devanciers (on pense évidemment surtout à Lhermitte et Villeret). Laspalès est un Pignon de haut vol. Il EST François Pignon. Il donne toute la mesure d’un registre comique on ne peut plus complet. Il sait tout faire, passant de la pitrerie la plus puérile à l’émotion la plus touchante. Mais pour que l’opposition des styles soit réussie, il faut qu’en face de cet Auguste, il y ait un clown blanc qui ait du répondant. Philippe Chevallier ne se départ jamais de son sérieux imperturbable (il y a des moments où on ne sait pas comment il fait pour ne pas exploser de rire devant certaines mimiques ou postures de son camarade de jeu). Comme dirait Leblanc, il joue juste. On se met fréquemment à sa place d’arroseur arrosé. Comment se débarrasser de ce type qui tape l’incruste ? En fait, on comprend que si Pignon fait autant d’inertie, c’est qu’il souffre de solitude. Il est heureux d’avoir quelqu’un à qui parler, à qui se confier, quelqu’un à aider aussi. C’est un vrai brave homme. Le problème, c’est qu’il est imprévisible (ou trop prévisible). Il veut trop bien faire mais, hélas, il a la bourde chronique. Et Brochant souffre avec lui du syndrome du bout de scotch du capitaine Haddock. Lorsqu’il le décolle d’un doigt, il s’accroche à un autre… Impossible de s’en défaire.

Bon, en résumé, cette version « chevallier-laspalèsienne » du Dîner de cons est une totale réussite. On peut sans risque lui prédire un énorme succès public. On sait pourquoi on vient au théâtre des Variétés et on en repart comblé par ce qu’on y a vu. Ça fonctionne à ravir et le moteur ne montre aucun raté. Il y a même des moments de pure folie.
La seule chose qui m’ait un peu dérangé, c’est le jeu parfois forcé de l’inspecteur des impôts. Un Cheval qui possède un rire de hyène, c’est marrant une fois, mais il ne faut pas en abuser. Heureusement, le scénario lui permettant de se ressaisir, mon agacement fut de courte durée. Sinon, sa complicité de fonctionnaires potaches avec Pignon est joliment traitée. Il doit s’en passer de belles au bureau !
Enfin, pour un simple plaisir esthétique, les deux personnages féminins, Christine Brochant et Marlène Sasseur, apportent une très agréable note de charme. Et, ce qui ne gâche rien, elles jouent remarquablement leur partition.
Conclusion de ce Dîner de cons : il faut bien que les cons vivent, ne serait-ce que pour se payer une bonne tranche de rigolade.

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