samedi 20 novembre 2010

Le Fantôme de l'Opéra


Théâtre 14 Jean-Marie Serreau
20, avenue Marc Sangnier
75014 Paris
Tel : 01 45 45 49 77
Métro : Porte de Vanves

D’après l’œuvre de Gaston Leroux
Adaptée et mise en scène d’Henri Lazarini
Décors et costumes de Jérôme Bourdin
Avec (par ordre d’entrée en scène) Pascale Petit (Carlotta), Patrick Andrieu (Le coiffeur, Lachenal, le commissaire), Marie-Christine Danède (madame Giry), Benoît Solès (Raoul de Chagny), Jean-Baptiste Marcenac (Le secrétaire), Alix Bénézech (Christine Daaé), Jean-François Guillet (Le Directeur), Emmanuel Dechartre (Eric, le Fantôme de l’Opéra)

Ma note : 6,5/10

L’histoire : Qui se cache sous le masque du Fantôme de l’Opéra ? Un fou criminel, un compositeur de génie ou un amoureux transi ? La première adaptation au théâtre du célèbre roman de Gaston Leroux lève le voile sur un monde de passion, de mystère et de féérie.

Mon avis : Le Fantôme de l’Opéra est une superbe histoire d’amour, d’un romantisme fou, qui n’est pas sans rappeler le mythe de La Belle et la Bête. Tout est contenu d’ailleurs dans cette phrase émouvante que formule le Fantôme vers la fin : « Il ne me manque que d’être aimé pour être beau »…
Vous l’aurez compris, je suis assez sensible à cette histoire. D’autant que j’ai eu le privilège de voir sa version en comédie musicale, celle d’Andrew Lloyd Webber, à Vienne en Autriche. C’est, avec la version anglaise 2010 des Misérables, les deux plus beaux spectacles que j’aie jamais vus. Et j’ai même vu plusieurs fois avec enthousiasme et émotion la magnifique version cinématographique de Brian de Palma, Phantom of the Paradise… Donc j’aime le thème du Fantôme de l’Opéra, et c’est toujours avec plaisir que j’essaie d’en voir les différents traitements.
Cette version présentée dans l’agréable salle du Théâtre 14 m’a laissé une impression mitigée. Elle est bien sûr fidèle à l’histoire de Gaston Leroux, mais si la mise en scène m’a plutôt plu, j’ai été gêné par le jeu de certains acteurs.
Voyons d’abord ce qui m’a véritablement séduit…

Réussir à nous faire sentir que nous nous trouvons dans l’Opéra, dans ses coulisses et dans ses profondeurs est une gageure que le metteur en scène et le décorateur ont parfaitement accomplie. Les décors, amovibles, sont minimalistes. Deux portes, une qui s’ouvre sur le plateau ou les coulisses, l’autre sur la fameuse loge n° 5, nous suffisent pour suivre l’action. Un petit bureau, un fauteuil et une chaise, et nous sommes dans le bureau du directeur. Une minuscule table à maquillage surmontée d’un miroir, et nous pénétrons dans l’intimité d’une loge… C’est réellement suffisant et c’est efficace. La présence d’un écran géant dans le fond de la scène permet grâce à des projections à nous transporter soit dans un cimetière, soit au bord du lac qui baigne les sous-sols de l’Opéra… C’est habile. Rien à dire. On n’a pas besoin de plus pour suivre l’action.
Les costumes ensuite... Autant les décors sont succincts autant les costumes d’époque sont riches et magnifiques. Les robes, les uniformes, les fracs, les livrées, sont vraiment de toute beauté. Un régal pour les yeux.
Les comédiens enfin… J’ai été sincèrement subjugué et emballé par le jeu d’Alix Bénézech, qui campe une Christine frémissante et passionnée, fragile et forte à la fois. Elle est tout le temps dedans. Aucune fausse note. Avec justesse et avec une grande sobriété, elle fait passer tous les sentiments qui l’habitent en fonction des événements. Quand j’évoquais le « romantisme fou » du Fantôme de l’Opéra, elle en est une parfaite illustration. Elle est « aimable » dans le sens premier du terme. On comprend aisément qu’elle suscite le désir chez ces messieurs et que le Fantôme puisse, à travers elle, vibrer d’amour pour la première fois de son existence…
Très bons aussi sont madame Giry, personnage-clé de l’histoire ; la Carlotta, bien qu’on ne la voie pas assez ; le directeur qui, après un début quelque peu hésitant, prend rapidement sa pleine mesure ; son secrétaire, élégant et doté d’une agréable voix ; le coiffeur, pittoresque, qui nous offre au début le la pièce un numéro très haut en couleurs…

En revanche, j’ai éprouvé un peu de mal avec le jeu précieux et maniéré de Raoul de Chagny, ses intonations flûtées, et ses postures outrées façon cinéma muet... Quant au personnage du Fantôme, j’ai trouvé qu’il manquait un peu de chair. Là où il aurait dû mettre du souffle, il diffuse un lyrisme grandiloquent. Il faut bien reconnaître, à sa décharge, qu’il n’est pas gâté par quelques tirades affreusement compassées. Du coup, lui aussi nous fait songer à ces acteurs du début du siècle (du 20è, j’entends) plus enclins à déclamer qu’à interpréter… Et puis je n’ai guère goûté ce choix d’affubler le commissaire d’un accent méridional prononcé. Il en est ridicule et comme on n’a pas spécialement besoin de gaudriole à ce moment du drame, ça amène un décalage déplaisant complètement en porte-à-faux. Autant cet acteur est épatant quand il fait le coiffeur, autant il est à côté de la plaque avec cette parodie. Heureusement, son costume de cuir est tellement beau que j’ai préféré ne garder que cette image de lui.

Voilà ! Nonobstant ces quelques remarques négatives, j’ai assisté à un joli spectacle avec une mise en scène ingénieuse. Et puis, ne serait-ce que pour la remarquable prestation de mademoiselle Alix Bénézech, ça vaut la peine d’aller s’égarer du côté de la Porte de Vanves…

1 commentaire:

Phantom a dit…

Assez d'accord avec cette critique !
Par contre, et quitte à passer pour une maniaque, le prénom du Fantôme est Erik, avec un K à la fin.