jeudi 14 mai 2015

Mustapha El Atrassi "Second degré"

Disponible en VOD sur le site :
Mustaphaelatrassi.com
4,99 € via Payplug

Rentré de Las Vegas tout auréolé d’une troisième place au premier championnat du monde de stand-up en anglais, Mustapha El Atrasssi a voulu profiter de cette énergie accumulée pour présenter un tout nouveau spectacle. Mais il n’a pas souhaité le faire dans des conditions conditionnelles en se produisant dans une salle classique du genre de celles qui l’avaient précédemment hébergé comme Le Temple, le théâtre Trévise ou même l’Olympia. Non, cette fois, il a voulu tout gérer en jetant son dévolu sur une toute petite salle, de s’y produire une seule fois devant un public restreint et de réaliser une captation de ce one shot. Puis il a mis en vente la vidéo de ce spectacle sur un site dédié pour la somme dérisoire de 4,99 € (« moins cher qu’un Mc Do » argument-t-il…
C’est un peu comme s’il repartait à zéro, mais fort de ce bagage tout-terrain qu’est l’expérience. Il s’est voulu débarrassé de toute contrainte. Il a tout préparé, tout maîtrisé et… il s’est lâché. Dans ce show baptisé Second degré, il s’est offert un espace qui n’a pas de prix : la liberté. C’est lui cent pour cent naturel, sans filtre, sans tabous et sans contraintes de quelque sorte. C’est du El Atrassi pur suc…

Après avoir découvert Second degré, j’ai eu immédiatement envie de le rebaptiser en « Mustapha El Atrashy ». En matière de stand-up, il est sans doute ce qui se fait de mieux actuellement. Il ne s’interdit aucun sujet. Son truc à lui, c’est le cash express. Avec son débit-mitraillette et son redoutable appétit pour ce qu’il appelle « les bonnes grosses vannes », il joue et tire à bout portant devant un public qui n’est qu’à un mètre de lui. Mustapha a le cynisme jovial, la transgression jubilatoire. Riant lui-même de ses blagues, il peut sortir la pire énormité car son large sourire craquant efface tout.


Il est à l’opposé de ce qui pourrait être son clone malfaisant, un certain Mustapha El Harakiri car, lui, il n’est jamais « bête et méchant ». Au contraire, son écriture est vraiment intelligente et il n’y a chez lui aucune malveillance. Même s’il débite une légion d’horreurs, ses observations sont toutes frappées au sceau du bon sens. Virtuose de la pirouette, il possède l’art de la formule qui fait mouche. Et c’est encore mieux quand la mouche trempe dans le vinaigre ou s’il lui fait subir en se marrant les derniers outrages.
Mustapha ratisse large. Témoin futé et affûté de son temps, il parle de tout ce qui remplit notre quotidien : le portable, la province, les conseillers d’orientation, l’école, les rappeurs, la prostitution, Paris, les réseaux sociaux, les transports, la drogue, l’alcool, les minorités, les communautés, le Jihad, le célibat et la vie de couple… Rien ne rebute le rebeu et on s’en réjouit avec lui.

J’en suis aujourd’hui à me demander si les habitants de son village natal, Saint-Doulchard, dans le Cher, ne s’appelleraient pas « Les Charrieurs ». Ceci expliquerait cela.

En tout cas, vous ne prenez aucun risque à vous séparer d’un billet de 5 euros car si un rire vaut un steak, avec Second degré, vous pouvez vous pouvez vous procurer une vache entière… avec toutes les savoureuses vacheries qui vont avec…

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