mercredi 23 septembre 2015

Axelle Laffont "Hypersensible"

Théâtre du Petit Saint-Martin
17, rue René Boulanger
75010 Paris
Tel : 01 42 08 00 32
Métro : Strasbourg Saint-Denis

Ecrit et interprété par Axelle Laffont
Mis en scène par Charles Templon

Présentation : Après La Folie du Spectacle, Son premier one woman show, Axelle Laffont dans un nouveau seule en scène, Hypersensible : « Je voulais revenir dix avant plutôt que dix ans après, mais pour de sombres raisons d’’espace-temps, ça n’a pas été possible »…

Mon avis : Pas facile à synthétiser ce show – car c’en est un – tant il part un peu dans tous les sens. Devant une salle comble, emplie de trentenaires et de quadras bobos assurément imprégnés de la culture Canal+ qui ont quitté Saint-Germain, le Marais ou Neuilly pour se retrouver du côté de Strasbourg Saint-Denis, donc une salle acquise, Axelle Laffont nous entraîne dans un spectacle pour le moins effervescent dont, surtout, il ne faut pas manquer le début…

Avec un débit torrentiel et une gestuelle survoltée, elle nous propose un spectacle hybride, mi stand-up, mi-sketchs. Changeant de voix pour incarner des dialogues à deux personnages, balançant sa chevelure pour affirmer son esprit libre et sauvage, prenant des poses langoureuses ou suggestives, elle occupe la scène avec une incroyable vitalité.
A la mi-spectacle, sur mon carnet de notes, j’avais entre autres inscrit le mot « extravertie » tant elle ne s’impose aucune limite. Or, vers la fin, c’est elle-même qui se définit comme étant « hypersensible » (titre de son seule en scène) ET « extravertie ». Deux termes a priori inconciliables mais qui, à la réflexion, la qualifient parfaitement… En effet, derrière son exubérance et son goût immodéré pour la provocation, il ne faut pas gratter longtemps pour deviner une profonde vulnérabilité. C’est donc pour la masquer et s’en protéger qu’elle adopte ce comportement d’amazone impétueuse. Ce n’est d’ailleurs pas innocent si elle s’affiche masquée et couverte d’une cape. Axelle porte une panoplie à la fois physiquement et moralement. Son personnage tapageur n’est qu’un trompe-l’œil. Je subodore que, dans la vraie vie, elle n’est pas une jeune femme si assurée et si insouciante que cela.


Il faut donc essayer de lire la plupart de ses propos entre les lignes. Axelle Laffont aborde plusieurs thèmes, mais le plus dominant repose sur les rapports hommes-femmes. « Rapports » dans tous les sens du terme. A grand renfort d’images osées et d’attitudes plus explicites qu’équivoques, elle parle sexe, souvent crûment, de ses ex, des soirées unisexe, des réseaux sociaux, de ces jeux improbables qui peuvent survenir en fin de soirée, de la rupture amoureuse avec, en corollaire, l’aspect éphémère de l’amour…
Personnellement, trois sketchs m’ont particulièrement amusé : celui où, l’espace d’un instant, elle se métamorphose en homme et en adopte les comportements les plus parodiquement « virils » ; celui où elle analyse la difficulté à vivre en couple (ça sent fortement le vécu) ; et celui où elle ironise, avec une totale mauvaise foi qui suinte la jalousie et le regret, sur les filles de 20 ans.

Tout au long de son show, outre son énergie dévastatrice, Axelle Laffont fait preuve de grandes qualités de comédienne et se son aptitude à camper des personnages. Mais ça, on le savait déjà.
Sinon, je n’ai pas vraiment adhéré à tout. Je me suis senti parfois largué (le sketch sur les réseaux sociaux est une litanie de termes techniques pour geeks exacerbés), parfois pas concerné (le sketch sur les jeux de fin de soirée n’est qu’une fumeuse surenchère dans le scabreux), sur ma faim (le sketch intitulé « le décalage de le vie des gens connus » est une super idée mais elle n’est pas du tout ou mal exploitée), et perplexe avec le sketch concernant un certain Jean-Jacques…
Pour conclure, j’estime que Hypersensible s’adresse à un public vraiment ciblé, pour ne pas dire
« branchouille ». Axelle Laffont (« X »elle Laffont ?) est la grande prêtresse d’une chapelle Sextine dont les fidèles sont décrits dans le début de ce papier. En tout cas, elle se donne à fond et ne boude pas son plaisir (communicatif) de se retrouver enfin sur scène.


Gilbert « Critikator » Jouin

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