vendredi 27 janvier 2017

Mademoiselle

Théâtre du Marais
37, rue Volta
75003 Paris
Tel : 01 71 73 97 83

Tous les jeudis à 20 h jusqu’au 30 mars

Spectacle musical écrit par Isabelle Layer et Philippe d’Avilla
Adaptations d’Isabelle Layer
Arrangements de Vincent Gaillard
Mise en scène de Philippe d’Avilla

Avec Isabelle Layer, accompagnée au piano par Vincent Gaillard

Présentation : Quand le chic parisien rencontre Cabaret, Chorus Line ou Chicago. Quand le glamour à la française embrasse l’univers de Liza Minnelli, Frank Sinatra, Marilyn Monroe ou Peggy Lee…
« Mademoiselle » est une célèbre meneuse de revue. Elle enflamme depuis des années les plus grandes scènes parisiennes. Le soir de ses adieux, dans l’intimité chaleureuse de sa loge, elle nous livre l’histoire de la petite fille aux grands rêves… son histoire ! Entre rires, larmes, émotions et situations cocasses, nous réaliserons avec elle que, dans la vie, l’essentiel n’est pas l’argent ni la gloire mais bien l’amour et le respect des autres… et surtout de soi…

Mon avis : On commence par la fin. « Mademoiselle », au faîte de sa gloire, vient de donner une ultime représentation. Quand les vivats et les projecteurs se sont éteints, elle réintègre la solitude de sa loge. Pour ne pas sombrer dans la mélancolie du « post coitum artistus triste », elle décide de refaire en notre compagnie le chemin qui l’a amenée du bas au sommet de l’affiche.


Le bonus de ce spectacle musical, c’est qu’il nous raconte une histoire. L’histoire d’une vie au service d’une passion. Même si le parcours artistique de « Mademoiselle » reste somme toute conventionnel et sans surprise, c’est la sincérité avec laquelle il est décrit qui en fait la force et la profondeur. Pour résumer de manière quelque peu elliptique : la vie de meneuse de revue de « Mademoiselle » est aussi standard que les titres qu’elle interprète. Son rêve de petite fille encouragé par son père et sa grand-mère, mais contrecarré par sa mère, elle « monte » à Paris en cachette pour y vivre de ce qu’elle a travaillé durant toute son enfance, le chant et la danse. Mais pour une toute jeune provinciale, la vie montmartroise n’est pas si rose que dans ses rêves. Night-clubs glauques, rencontres interlopes, auditions humiliantes, compromissions, faux sentiments, trahisons… « Mademoiselle » perdra vite ses illusions. Mais elle y gagnera une force : on a profité et abusé de sa naïveté, elle y a laissé des plumes, alors désormais ; ce sera elle la prédatrice. C’est elle qui va les plumer ces foutus oiseaux de nuit. Métamorphosée en femme fatale, désirée, adulée, elle devient « fatalement » une star. L’artiste y gagne une carrière, la femme y perd son cœur… Un grand classique.



Et puis, et puis… Mais je ne vais pas tout vous raconter. Surtout pas la suite et la fin. Isabelle Layer, alias « Mademoiselle », le fait bien mieux que moi. Elle a tant d’autres arguments : une voix modulable à souhait, capable de puissance mais sans trop en abuser, un talent prononcé pour la danse, la comédie et même le mime, une silhouette très agréable… Bref, elle est convaincante. Elle vit ce qu’elle chante avec une générosité, une intensité et une sensualité qui nous happent et nous séduisent. Elle est une vraie « interprète ». Ses sentiments se lisent sur son visage expressif. Elle est l’actrice de sa vie. Elle nous amuse, elle nous émeut, elle nous touche (au propre – si on est au premier rang- comme au figuré), elle nous fait rire et elle nous enchante avec le choix de ses titres, d’énormes tubes mis entièrement au service de son scénario. Les adaptations en français sont très réussies (J’ai adoré sa version de My Heart Belongs To Daddy et de Mister Cellophane qui, devenant la complainte d’une femme qui se sent transparente, prend ici tout son sens).


La mise en scène de Philippe d’Avilla est élégante et soignée, les jeux de lumières sont tout simplement stupéfiants dans un aussi petit théâtre, les costumes sont ravissants, les décors efficaces. Quant aux arrangements de chansons dont les airs sont gravés dans le rayon « Musique » de notre mémoire, ils sont riches, inventifs, parfois drôles. Il faut saluer le travail et la présence au clavier de leur auteur, Vincent Gaillard, qui accompagne sa « Mademoiselle » de tout son chœur.


Enfin (at last but non the least), ce qui m’a peut-être le plus touché dans ce spectacle musical, c’est le message distillé par Isabelle Layer. Il faut croire en ses rêves, ne pas se prendre la tête, ne jamais abdiquer. La foi en soi est le plus puissant des moteurs. On sait que l’on peut prendre des coups, tomber, mais qu’on se relèvera à chaque fois plus fort…
« Mademoiselle » est une belle leçon de vie racontée et chantée avec une authentique sincérité.

Gilbert « Critikator » Jouin

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