vendredi 22 février 2019

Jean-Louis XIV


Théâtre des Béliers Parisiens
14bis, rue Sainte-Isaure
75018 Paris
Tel : 01 42 62 35 00
Métro : Jules Joffrin

Comédie écrite et mise en scène par Nicolas Lumbreras
Décors de Juliette Azzopardi
Costumes de Chloé Boutry
Chorégraphies de Mélanie Dahan
Perruques d’Irina Dyakonova
Lumières d’Arthur Gauvin
Collaboration musicale de Raphaël Alazraki

Avec Emmanuelle Bougerol, Constance Carrelet, Serge Da Silva, Benjamin Gauthier, Nicolas Lumbreras, Benoît Moret

Présentation : Louis XIV aime les femmes. C’est pour ainsi dire sa passion. Mais la Reine ne supporte plus ses infidélités incessantes. Alors, lorsque le Roi s’amourache de Madame de Montespan, l’ambiance devient vite tendax à Versailles !
Arrivera-t-il à ménager la chèvre et le chou ? La Reine dansera-t-elle le flamenco ? Tata Régine passera-t-elle l’arme à gauche ? Vous êtes plutôt beurre doux ou beurre demi-sel ?
Cette comédie boulevardo-musicalo-royaliste tentera de répondre à toutes ces questions…

Mon avis : Sur le plan purement théâtral, cette pièce est parfaitement équilibrée. En effet, au début, elle se déroule uniquement côté Cour, c’est-à-dire à Versailles. Ensuite, pour la deuxième partie, elle nous emmène à la campagne, côté jardin donc. Mais c’est là le seul aspect cohérent de cette énorme farce.

On ne peut pas la raconter tant l’auteur s’est ingénié à accumuler ses situations les plus invraisemblables. Alchimiste aussi gourmand qu'illuminé, Nicolas Lumbreras a d’abord introduit une bonne dose de burlesque a laquelle il a progressivement ajouté une belle rasade d’absurde puis, comme si cela ne suffisait pas, il versé par-dessus un flacon de loufoquerie et il a complété son cocktail avec quelques gouttes d’un liquide farfelu. Il a porté le tout à ébullition et il a obtenu un vaudeville complètement déjanté estampillé Grand Siècle. C’est un peu comme si Molière et Lully, son acolyte musicien, avaient rencontré Georges Feydeau. N’oublions pas que c’est Molière qui a créé vers 1660 un genre tout nouveau qu’il a baptisé « la comédie-ballet », un spectacle intégrant comédie, musique et danse. Jean-Louis XIV, c’est donc ça avec, en prime et pour notre plus grand plaisir, un rythme et des rebondissements propres au père de L’Hôtel du libre échange et d’Un fil à la patte


L’intrigue de la pièce est là. Louis XIV, le Roi Soleil s’il vous plaît, rêve de s’envoyer en l’air avec la belle marquise Athénaïs de Montespan. Le problème, c’est que sa légitime, l’infante d’Espagne Marie-Thérèse d’Autriche, se doutant qu’il est sur le point de donner un énième coup de canif dans le contrat de mariage, lui a mis un fil à la patte. Elle le fait surveiller son bougre de mari. Aussi, lorsque le Louis quatorzième du nom va donner discrètement rendez-vous dans son hôtel du libre échange à lui, qui s’appelle « Le Joyeux Breton », il ignore que la Marie-Thé l’a fait suivre. Comme tous les chauds lapins sur le point de consommer une nouvelle conquête, le Roi est infantile. Face à l’infante, jalouse, froide et machiavélique, il ne fait pas le poids. Et lui qui aurait tant aimé jouer Les Amants magnifiques, va devoir endosser le rôle du Mari confondu… Comment va-t-il se sortir de ce piège ? 


Voici en quelque sorte le synopsis de ce savoureux OVNI théâtral où tout est prétexte à rire. Les dialogues sont truculents, les chansons – à l’instar de La Montespan - joliment troussées, les chorégraphies – astucieusement orchestrées par Mélanie Dahan – sont pour le moins pittoresques, les anachronismes fleurissent à bon escient, les tableaux les plus saugrenus s’enchaînent…
Ce qui rend cette pièce particulièrement réjouissante, c’est que tous les comédiens se prêtent aux situations les plus désopilantes et les plus extravagantes avec le plus grand sérieux. Et puis, autre atout de cette œuvre, c’est l’abondance de scènes toutes plus hilarantes les unes que les autres. Il y en a des trouvailles !

Nicolas Lumbreras n’a reculé devant aucune audace. Parmi les personnages qui se succèdent sur la scène, il a convoqué… Dieu lui-même. Ainsi avons-nous confirmation à la fois de Son existence et de Ses origines. On se doutait bien que, comme son fiston, le Tout-Puissant était Juif ; Séfarade de surcroît. Bonjour le look et l’accent !... On comprend mieux pourquoi l’auberge choisie par le Roi pour jouer la bête à deux dos avec la Marquise s’appelle « Le Joyeux Paysan » ; en effet, on découvre que son tenancier est effectivement plus que joyeux, il est même franchement très, très gai… A un autre moment, nous avons l’infime privilège, réservé aux personnes de haut rang, d’assister en direct à une défécation royale. Preuve intime, s’il en est besoin, que la monar… chie. Enfin, dernier coup de grâce avec l’apparition d’un personnage particulièrement croquignolesque, le fameux super héros « Kouignaman », sorte de Superman celte un tantinet sucré.


Tous les protagonistes joyeusement impliqués dans cette inénarrable gaudriole sont de remarquables chanteurs, avec toutefois une mention spéciale pour Emmanuelle Bougerol (Marie-Thérèse) qui nous scotche littéralement avec sa première chanson toute en espagnol. Superbe ! Mais Serge Da Silva (Louis) fait lui aussi ce qu’il veut avec sa voix (royale bien sûr).
Ajoutez à cela un accompagnement musical en live, quelques effets spéciaux et sonores de bon aloi et vous comprendrez que Jean-Louis XIV est un spectacle total qui donne un plein emploi à nos zygomatiques.
Au fait, pourquoi ce « Jean » devant le « Louis » ? Eh bien, pour le savoir, il faut courir aux Béliers Parisiens. Un, deux, trois… Soleil !

Gilbert « Critikator » Jouin

1 commentaire:

Drrink the Wild Air a dit…

Lovely blog you have hhere