mercredi 6 février 2019

Les Vice Versa "Imagine"


Gaîté Montparnasse
26, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 16 18
Métro : Gaîté / Edgar Quinet

Ecrit et interprété par Anthony Figueiredo et Indiaye Zami (Les Vice Versa)
Mis en scène par Régis Truchy
Lumières de Frédérick Douin

Présentation : Plongez dans l’imaginaire de ces deux artistes hors du commun influencés par les cartoons et les personnages de Jim Carrey.
Une véritable bande dessinée en live qui détonne par son humour et les performances physiques… L’imaginaire de l’un met sans cesse à l’épreuve celui de l’autre et Vice Versa.

Mon avis : Voici un divertissement frais et réjouissant. Il suffit de s’installer dans son fauteuil et de se laisser emmener dans l’univers gentiment foldingue de ces deux hurluberlus. Même si les échanges, bien écrits, sont indispensables, ils ne servent qu’à nous préparer aux actions qui s’y rapportent. En effet, Imagine est un spectacle avant tout visuel ; et sonore aussi car la bande-son – vraiment bien chiadée - y tient un rôle prépondérant. Elle est le troisième personnage de cette fantaisie qui réussit la gageure de nous paraître totalement débridée alors qu’elle est parfaitement maîtrisée car elle est le fruit d’un incroyable travail en amont. Les gags sont si millimétrés qu’ils ont dû nécessiter des heures et des heures de répétitions et d’ajustements.
Mais tout cela, c’est leur problème après tout. Ce qui compte pour nous, c’est la qualité des images délirantes et farfelues qu’ils nous proposent.


Le spectacle est bien construit. Ça part d’un rêve un peu fou partagé par deux amis qui travaillent modestement dans le même hôtel, un comme serveur, l’autre comme pianiste de bar. Passionnés du cinéma et des comédies musicales des années 50, ils fantasment sur Hollywood et Broadway. Alors, nourris des performances chorégraphiques de Fred Astaire ou Gene Kelly, et fans des compositions burlesques de Charlie Chaplin ou Jerry Lewis, ils vont monter en hommage à ces idoles leur propre numéro de music-hall.

Comme leur nom de scène l’indique, les Vice Versa sont un duo. Grâce à leurs physiques respectifs contrastés, ils forment un binôme somme toute classique, un mix d’Auguste et de clown blanc et de Laurel et Hardy ; il y a le meneur et son souffre-douleur… Leur jeu de scène est très complet. Véritables athlètes et mimes accomplis, ils dansent, font des cascades, pratiquent toutes formes de bruitages dont le beat box. Toutes ces aptitudes leur permettent de nous offrir un éventail très large de situations jubilatoires. Au vu de leur tonicité, de leur souplesse, de leur énergie, on ne peut surtout pas les taxer de « vice » de forme !


Bien sûr, en voulant présenter le maximum de l’étendue de leurs talents, il y a dans leur show du très bon et du moins bon. Et vice versa. Heureusement, les hauts sont bien plus nombreux que les bas. Certains numéros sont excellents (les claquettes, les ombres chinoises indisciplinées, les jeux de mains en gants blancs…). Et le final, à lui seul, vaut le déplacement. C’est un véritable feu d’artifices (« artifices » dans le sens littéraire du terme : « moyen ingénieux d’agir »), un concentré de tout ce qu’ils savent faire.
Mes rares réserves concernent deux-trois sketchs un tantinet peu redondants, un peu trop longs (la lutte pour le micro, l’excès de vitesse), et deux petites vulgarités vraiment superflues surtout dans un spectacle qui devrait emballer un jeune public.

Imagine est un spectacle inventif, généreux, parfois poétique, et toujours drôle. Les duettistes, complices et complémentaires (quand l’un bruite, l’autre mime), très sympathiques, sont deux remarquables performeurs à l’américaine. On y rit énormément… Il faut également souligner le travail accompli sur les lumières et, j’insiste, sur le choix des projections et de la bande-son (j’ai par exemple adoré cette image illustrant de façon subliminale It’s Raining Men sur la musique de Singin’ In The Rain).
Allez voir les Vice Versa. Ils nous donnent un spectacle total, jouissif qui, pour notre plus grand plaisir, nous en met plein les yeux et plein les oreilles. A travers eux, Broadway vous donne rendez-vous rue de la Gaîté.

Gilbert « Critikator » Jouin

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