jeudi 26 septembre 2013

Divina

Théâtre des Variétés
7, boulevard Montmartre
75002 Paris
Tel : 01 42 33 09 92
Métro : Grands Boulevards

Une pièce de Jean Robert-Charrier
Mise en scène par Nicolas Briançon
Costumes de Jean-Paul Gaultier et Michel Dussarat
Décors de Bernard Fau
Lumières de Gaëlle de Malglaive
Avec Amanda Lear (Divina), Mathieu Delarive (Baptiste), Marie-Julie Baup (Emilie), Guillaume Marquet (Jean-Louis), Thierry Lopez (Eros)

L’histoire : Claire Bartoli, surnommée « Divina », est une présentatrice star de la télévision. Depuis des années, c’est elle qui souffle le chaud et le froid dans le métier. Lorsqu’un matin, son assistant, le dévoué Jean-Louis, découvre dans le journal que l’émission de Divina est arrêtée, il pressent un véritable drame. Après qu’elle en ait été informée, Divina va tenter de trouver un rebond pour ne surtout pas disparaître du paysage audiovisuel. Son arrivée sur un plateau d’émission culinaire sera un véritable électrochoc.

Mon avis : Impressions mi-figue mi-raisin à l’issue de ce spectacle qui s’est révélé tout à fait conforme à ce que j’avais pu imaginer. Je n’ai donc pas eu la « divina » surprise. C’est un gentil petit boulevard, pas une autoroute.
Les décors sont sympa. Je mets le terme au pluriel car, grâce à une scène pivotante, nous nous trouvons tour à tour dans le loft moderne et lumineux de Divina puis dans un studio de télévision plutôt modeste. Les costumes, signés Jean-Paul Gaultier et Michel Dussarat - excusez du peu – ont évidemment une certaine allure. En particulier les tenues extravagantes que porte Eros et les robes flashy de Divina (hormis cette robe rouge bordée sur toute sa partie droite d’une sorte de verroterie que j’ai trouvée peu seyante).

L’auteur, Jean Robert-Charrier a écrit cette pièce pour Amanda Lear. Il ne s’en est jamais caché, elle a été le moteur de son inspiration. Effectivement, à l’instar de Jean-Paul Gaultier, il a fait du sur-mesure. Ce rôle, c’est du cousu main. Mais les coutures sont très grosses et légèrement boursouflées. Amanda fait de l’Amanda, c’est bien sûr ce que, et l’auteur et le public, attendent d’elle. Le choix du monde de la télévision, un univers qu’elle connaît très bien, est une bonne idée. Elle y est comme un piranha dans le Maroni. Côté dent dure, elle ne craint personne. Elle déchiquète avec une voracité gourmande tout ce qui passe à sa portée. Elle peut se le permettre ; n’est-elle pas la plus grande star du petit écran ? Du moins au début de la pièce… Amanda Lear joue les divas avec une fougue et un abattage impressionnants. Elle a un superbe texte à dire, pimenté de saillies et de vacheries. Elle excelle dans ce registre. Elle n’a pas besoin d’en rajouter, il lui suffit d’être elle-même et ça passe sans problème. Ses outrances sont tout à fait acceptables puisque cohérentes avec sa personnalité narcissique et sa suffisance.


Que l’on se rassure, Divina n’est pas un one woman show. Amanda Lear ne tire pas la couverture à elle et elle est très bien entourée. Aux trois-quarts du moins…
Le personnage d’Eros (Thierry Lopez) est une jolie trouvaille. Il est à fond dans ses délires vestimentaires et dans sa gestuelle précieuse. Et, paradoxalement, non seulement il est crédible, mais sa présence apporte beaucoup de pittoresque… Mathieu Delarive, qui joue Baptiste, avec beaucoup d’élégance et de séduction se prête au jeu sans jamais se départir de son sérieux. On se demande d’ailleurs pourquoi ce comédien racé n’est pas plus souvent utilisé au théâtre. Il a le profil même du jeune premier.
Et puis il y a Marie-Julie Baup… Elle amène à la pièce sa fantaisie proche du burlesque. Elle campe une Emilie un peu nunuche, maladroite et écervelée, mais bougrement attachante. Dans toutes les pièces où je l’ai vue, sa présence a été un enchantement tant sa façon d’être naturellement drôle est originale. Elle possède un sens aigu du comique qui n’appartient qu’à elle. Chacune de ses apparitions est un délice. Son opposition de style et de personnalité avec Amanda-Divina est un des points forts de la pièce.
Enfin, j’ai eu beaucoup de mal avec la prestation de Jean-Louis (Guillaume Marquet). L’assistant servile et obséquieux de Divina perd toute crédibilité tant il en fait des tonnes. Il en ferait moitié moins ça suffirait amplement pour le rendre digeste. Il en fait tellement que ça devient insupportable. Pourtant c’est un rôle très intéressant. Ce genre de personnage qui se gargarise à grands coups de « Ma Patronne », qui lui est dévoué jusqu’à l’avilissement, existe. C’est déjà drôle en soi. Alors, pourquoi forcer si exagérément le trait. En jouant simplement léger, la pièce y eût gagné en crédit. C’est dommage car il est évident que ce garçon possède un vrai talent comique.



Pour être franc, Divina, construite autour du personnage extravagant d’Amanda Lear, est un boulevard conventionnel. Ce n’est pas trop ma tasse de thé car il y manque un peu de fond même si la satire du monde de la télévision n’est pas mal décrite. L’écriture oscille sans cesse entre les jolis traits d’esprit et la facilité. Pas évident de tenir la route pendant une heure et demie. Mais, en même temps ce genre de pièce peut attirer un large public parce qu’elle offre un vrai moment de détente pour qui n’est pas trop exigeant. Il suffisait d’ailleurs de voir et d’entendre l’enthousiasme du public au moment des saluts.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ecrire une pièce de théatre, même de boulevard, n'est pas à la portée du premier venu. N'est pas Marivaux ou Labiche qui veut! Pour un coup d'essai Jean ROBERT-CHARRIER n'a pas fait un coup de maître! Acteur est un métier si en plus le don est là c'est la panacée! Amanda LEAR n'a ni l'un ni l'autre!! Le résultat est un personnage sans saveur qui récite un rôle sans lui apporter un peu de piment. Par contre 3 jeunes: Guillaume MARQUET (Jean-Louis), Mathieu DELARUE (Eros) et Marie-Julie BAUP sont magnifiques, ils expriment leur plaisir de jouer et donnent à leurs personnages beaucoup de relief. Les décors de Bernard FAU sont admirables.