vendredi 27 mars 2009

Martin Rappeneau "1800 désirs"


"1800 désirs"
(Disques AZ)

Mon avis : Dès l'apparition e son premier album, La moitié des choses, j'ai tout de suite aimé la voix, le rythme et l'univers de Martin Rappeneau. Garçon discret qui ne met jamais sa célèbre filiation en avant, il se revendique sans aucune ambiguïté "chanteur de variété". Pianiste autodidacte, il a d'abord exercé ses talents dans un piano bar des Champs Elysées où il interprétait principalement des chansons d'Elton John. Son plus grand fan n'était autre que Frédéric Beigbeder. Mais c'est sa rencontre avec Sinclair qui allait l'amener à enregistrer sous sa houlette bienveillante son premier album.
Son second opus, L'âge d'or, sorti en 2006, avec l'excellent titre Julien, n'a fait que confirmer tout le bien que je pensais du jeune homme.
L'univers de cet admirateur de Stevie Wonder est tout simple : il chante l'amour, et plus particulièrement les souffrances qu'il peut provoquer : "C'est un schéma qui se répète, confie-t-il, on tombe amoureux, on aime, on se sépare, on souffre, on écrit... Il m'arrive de raconter la même histoire vue sous des angles différents... En fait, je m'inspire un peu des chanteurs américains comme Carol King ou James Taylor, qui aiment évoquer leurs malheurs".

Plus je l'écoute, plus je me dis qu'il pourrait être le rejeton contre nature qu'auraient engendré Michel Berger et William Sheller. Il a l'art de la mélodie efficace, et ce don si personnel faire sonner et swinguer les mots.

1800 désirs contient douze chansons, douze raisons supplémentaires d'aimer Martin Rappeneau. C'en est presque énervant, elles sont toutes bonnes, voire très bonnes. Elles ont toutes leur grain, leur identité, leur personnalité propre avec, pour les réunir entre elles, cette voix pure, éthérée, presque fragile. Voici la liste de mes chouchoutes, par ordre d'apparition sur la galette :
- Elle disait, elle disait. On dirait une chanson californienne, ensoleillée, imagée, une véritable petite carte postale aux tons pastels.
- Après l'orage. Chanson climatique. Le couplet avance un peu lentement comme des cumulus menaçants. Et puis, au refrain, ça éclate. Et, dès lors, la mélodie devient une averse de notes discontinues avec, aux trois-quarts, une brève accalmie ; et ça se remet à tomber dru !
- Julie & Sarah. Chanson magnifique de douceur, on est tranbsplanté dans un univers vaporeux à la David Hamilton. La voix de Martin a la légéreté de la soie, la finesse de la dentelle. Superbe !
- Pas ce regard-là. Un arrangement épuré au maximum, voix très devant qui s'envole délicieusement. Peut-être le titre le plus mélodieux de cet album.
- Ce n'était pas moi. Chanson lancinante et obsessionnelle qui nous emporte elle aussi au firmament, à frôler la voûte céleste.
- On n'a pas fini de s'aimer. C'est la plus rythmée. Véhémente et tonique, cette chanson nous fait hocher la tête, snapper les doigts, sautiller les genoux, et trépider des pieds. Super swing !
- Et solitaire et solitude. Quel texte ! Un bijou ciselé d'une élégance remarquable serti dans l'écrin d'une voix posée sur son coussin de souffle.

Vraiment, il FAUT faire connaître Martin Rappeneau. C'est tellement beau. C'est ça la bonne, très bonne chanson de variété. Simple, agréable à entendre, intelligente. Trois albums, trois pépites. En plus, sur scène, ça dépote. Autant dans la vie il semble plutôt réservé, autant devant son piano, légèrement tourné vers le public, totalement métamorphosé, il fait preuve d'un dynamisme et d'une convivialité qui mettent une ambiance folle à ses concerts. Un grand moment de partage...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo pour cette critique ! Que rajouter de plus ? Tout est dit !
Pour info , un forum de fans a vu le jour pour promouvoir un maximum le talent trop peu exploité de Martin : http://martinsansarmure.forumactif.net/forum.htm

Anonyme a dit…

Nous revenons du concert à la Rotonde (Bruxelles): Martin Rappeneau accompagné du quatuor à cordes féminin "Musica4". Talentueux et amusant, il a su mettre "La fièvre" chez les Belges.Il a aussi fait une reprise de Dick Annegarn (qui jouait dans la salle voisine): "Sacré géranium". "Every little thing" he "does is magic" !