jeudi 15 novembre 2012

Hommage à Jacques Brel



Suite à mon poème "Hommage à Georges Brassens", on m'a demandé de refaire quelque chose dans le même esprit avec un autre artiste. Ce n'est pas l'ordre alphabétique qui m'a inspiré, mais le talent. Après "Tonton Georges","Le Grand Jacques" s'imposait...


Quand on voit le jour au printemps
Dans les environs de Bruxelles
On voudrait rester un enfant
Dans les jupons de quelque vieille
J’ai grandi dans le plat pays
Là où vite on comprend pourquoi
Faut-il que les hommes s’ennuient
Mais chez ces gens-là, c’est comm’ ça

Je me souviens mon pèr’ disait
« Regarde bien petit, c’est toi
Qu’en tant que « fils de » je prendrai
Ma cartonnerie est à toi
Pour moi c’était de la parlotte
Dès l’enfanc’ j’ n’étais pas enclin
A fair’ partie de la cohorte
Des paumés du petit matin

Moi, quand la ville s’endormait
Tout seul dans mon lit je rêvais
Je ne sais pas pourquoi j’aimais
Moins les moutons que les bergers
C’était peut-être l’âge idiot
On se veut prince ou fou du roi
Tête en l’air, pieds dans le ruisseau
Un jour la lumièr’ jaillira

Fuyant une vie cass’-pompon
A l’étroit comme à la Bastille
La colombe s’est faite lion
A moi les prénoms de Paris
J’étais l’homme dans la cité
Qui aimait les filles et les chiens
Par la Toison d’or entêté
Avide comm’ le diable à jeun

De l’aventur’ j’étais en quête
J’étais heureux avec les filles
Clara, Mad’leine ou la Fanette
Je t’aim’, demain l’on se marie
Je prenais l’air de la bêtise
En pleine foir’, j’aimais bien faire
Avec les biches ou les marquises
La bourrée du célibataire

Je me prenais pour le bon Dieu
Voici ma prière païenne
Grand-mèr’, les bigotes et les vieux
Sans pardons, me couvraient de haine
Mais Grand Jacqu’ veut vivre debout
La dam’ patronness’, les Flamandes
Sont pour lui des sing’, des hiboux
Il s’en fout comm’ de mai quarante

J’ai bu d’ la bière à Amsterdam
Sous les remparts de Varsovie
Même à Vesoul, pour une femme
Y’a rien à voir, on s’y ennuie
Dans les jardins du casino
Avec Fernand, Jeff et Jojo
Meilleurs ivrogn’ que gigolos
On dansait l’ Knokk’-le-Zout’ tango

Il pleut ou il neige sur Liège
Gris’ litanie pour un retour
Je sais que Rosa l’Ostendaise
Ne s’ra pas le prochain amour
Ell’ miaulait : « Ne me quitte pas »
Cette fill’ blond’ comme les blés
Ainsi que font les maladroits
Les timid’, les désespérés

Les cœurs tendres aspirent à vieillir
Façon Chanson des vieux amants
Les toros ça veut vit’ mourir
Pour laisser la place au suivant
Moi je n’ai pas peur de la mort
Une îl’ m’accueill’ra moribond
Voir un ami pleurer d’accord
Mais faut pas m’ casser les bonbons

J’arrive à mon dernier repas
J’ veux partir avec élégance
Saint Pierr’, surtout, ne m’attend pas
J’ suis trop fier, donc sans exigences
Mais qu’avons-nous fait bonnes gens
En face il nous faut regarder
La vie est un’ valse à mill’ temps
A grandes dents, je l’ai bouffée

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