mercredi 13 février 2008

Armelle


Comédie de Paris
42, rue Fontaine
75009 Paris
Tel : 01 42 81 00 11
Métro : Blanche

Mise en scène de Rodolphe Sand

Ma note : 7/10

Mon avis : Armelle... c'est Armelle ! Une jeune femme à nulle autre pareille, une sorte d'extra-lunaire (car elle n'est guère terrestre) évaporée, décalée, surprenante, originale... Unique, quoi ! Armelle c'est une façon de se mouvoir très personnelle et une voix encore plus personnelle. Son image de marque, c'est une attitude physique qui ne correspond pratiquement jamais à ce qu'elle dit. Je m'explique : sur scène, elle évolue avec une sorte de grâce un tantinet maniérée, une affectation précieuse qui confère au détachement. Et en même temps, elle débite force incongruités, insanités et autres grivoiseries. C'est ce décalage qui, en partie, la rend irrésistible. Mais il n'y a pas que cela ; il faut y ajouter un sens aigu de la dérision, des pointes de cynisme et, surtout, des textes admirablement ciselés.

Le titre de son tout premier one-woman show était "Voyage en Armélie", et il convient toujours autant car la demoiselle a l'art de nous prendre par la main et de nous emmener en souriant dans son monde à elle, dans son univers si particulier où tout n'est que décor en carton-pâte. Excessivement féminine, chatte de race, elle n'hésite pas à s'accoutrer des vêtements les plus extravagants, à s'afficher aussi bien en culotte et guêpière qu'en une superbe robe fourreau noire. Sa première apparition dans une robe en mousseline orange donne le ton. Elle, miss Auvergne, vient de se voir couronner du titre de Miss France. Ce sketch se distingue surtout par certaines formules à l'emporte-pièces absolument savoureuses.
A chaque histoire aussi son éléments de décor, très rudimentaire certes, mais on ne peut plus explicite : un candélabre avec des cierges, une cuisinière, un landau, un traîneau russe, un appareil à UV, une barre de tribunal...
Dans la douzaine de sketches et de chansons qu'Armelle nous propose, il y en a trois que j'ai particulièrement appréciés. Dans l'ordre d'apparition en scène : la servante du château, en robe vichy rose, en train de narrer par le menu avec une analyse pleine de fatalisme et de bon sens les péripéties d'une tragédie dont ses maîtres sont les protagonistes ; la bourgeoise très très snob et totalement égocentrique qui parle d'adoption avec son époux avec un cynisme qui frise l'humour noir ; la femme mise en accusation qui témoigne à la barre du tribunal qui raconte les aléas qui ont entraîné sa déchéance (ce texte est particulièrement bien écrit).

N'hésitez donc pas à prendre votre billet pour ce voyage en Armélie, une escapade pour de rire dans un pays où fleurit le non-sens, où les nuages, roses et verts pomme, sont porteurs d'une ironie ouatée et où la fée Armelle se mue souvent, pour notre plus grand plaisir, en Carabosse.

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