mercredi 20 février 2008

Jamil "Pitié pour les femmes"


Théâtre de Dix Heures
36, boulevard de Clichy
75018 Paris
Tel : 01 46 06 10 17
Métro : Pigalle

Ma note : 7/10

Mon avis : Jamil, c'est d'abord une bonne bouille. Frisé comme Charlebois ou Pierre Perret, une voix rocailleuse entre Arno et Patrick Verbeke et un univers digne de Reiser ou de Vuillemin. Voici en gros ce que vous pouvez attendre de lui lorsqu'il arrive sur scène accompagné de ses deux musiciens, un bassiste et un batteur.
Il attaque à tout vitesse avec un accent québécois à couper au couteau. On commence à s'inquiéter car on n'y comprend pas grand chose. C'est sa première blague ! Car ensuite, pratiquement sans accent, il passe aux présentations. Marocain par son père, Auvergnat par sa mère, c'est un croisement dangereux ! Il a vu le jour au Québec en 1961, puis il a vécu en Egypte, en France et au Maroc, avant de réintégrer définitivement Montréal à 18 ans... Ces différents séjours lui ont apporté, en marge de son métissage biologique naturel, une palette de goûts multiculturelle d'une grande richesse. Le lascar aime les mots. C'est un poète facétieux, iconoclaste, provocateur, épicurien, avec énormément d'autodérision et une pointe de cynisme de bon aloi. Oreilles sensibles, âmes prudes, jouvencelles effarouchées, esprits chagrins et pisse-froid s'abstenir...

Son show est construit de chansons entrecoupées de digressions et de monologues savoureux, énoncés sur le ton de la confidence. D'emblée, Jamil s'adresse à son public comme à des amis. Les prenant pour complices, il estime qu'il peut tout leur dire, du plus intime au plus scabreux. Et ça y va !
Les thèmes de ses chansons reposent esentiellement sur les relations homme/femme. Il a choisi son camp : celui des machos. Egoïste, graveleux, limite vulgaire, avec un langage réaliste et très imagé, il nous brosse de lui un portrait tellement beauf qu'au bout de trois titres, on n'y croit plus une seconde. C'est en fait un gros tendre, un admirateur inconditionnel de la gent féminine, qui cache sa pudeur derrière une prolifération d'horreurs.
Si on l'écoutait, il n'y a que sa mère qui mérite des éloges. Alors, histoire de se débarrasser de ce chapitre positif à l'égard des femmes, il le chante en premier et il tourne la page. Et c'est parti pour les insanités ! Tout le monde y passe, et lui avec... Les vieux, la pingrerie, les Arabes (il peut se le permettre), Internet, les bébés... Le pire, c'est qu'on adhère souvent à ses descriptifs, à ses petits scènes de vie inavouables ("Je pète au lit", "C'est pas moi" !). Ce qui permet de tout faire passer, même le pire, c'est que c'est remarquablement écrit. Le gaillard (c'est le terme qui le définit le mieux) possède une sacrée plume. La chanson qui clôt le spectacle, "Les Glands" est du niveau du "Zizi" de Pierre Perret. De toute façon, c'en est l'extrêmité !

Alors, si vous n'êtes pas bégueule mais plutôt bon vivant et amateur de mots, vous vous amuserez énormément aux pitreries verbales de messire Jamil.
Et puis, j'allais oublier, c'est un sacré guitariste, le garçon ! Ses solos sont étourdissants. Et ce n'est pas Dick Rivers, présent dans la salle ce soir-là et fan de la première heure (il avait engagé Jamil en première partie d'un de ses spectacles), qui me contredira.

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