lundi 25 février 2008

Le Plan B


Studio des Champs-Elysées
15, avenue Montaigne
75008 Paris
Tel : 01 53 23 99 19
Métro : Alma-Marceau

Une pièce d'Andrew Payne
Adaptatée poar Vanessa Chouraqui et Robert Plagnol
Mise en scène par Michel Fagadau
Avec : Aure Atika (Sarah), Natacha Régnier (Annie), Robert Plagnol (Tom), Thomas Chabrol (Craig)

Ma note : 6/10

L'histoire : Qu'est-ce qui réunit Sarah, Craig, Thomas et Annie ?
Le sexe ? L'amour ? L'argent ? Le pouvoir ? La drogue ? Le besoin d'exister ? Le besoin d'être aimé ?
A travers quatre personnages, Andrew Payne nous dresse avec humour et une étonnante simplicité le miroir reflet d'une société et d'une époque désolée et désolante, déstabilisée et déstabilisante...

Mon avis : D'emblée nous sommes en présence d'un couple très libre. Tom et Sarah parlent cul tout à fait banalement. Déjà, dès le premier tableau, on pressent que Tom est un garçon un peu compliqué et Sarah une maîtresse femme... Le tableau suivant met en présence Sarah et Craig, son mari. C'est un homme ronchon, maniaque, autoritaire, dont le langage lui aussi n'est guère châtié. On ne s'embarrasse pas de politesses et de prévenances. On appelle un chat un chat. Des adultes, quoi ! Sarah, qui vient de tromper Craig allègrement tout l'après-midi laisse glisser...

Le décor de cette pièce est on ne peut plus simpliste : des panneaux de contreplaqué, un canapé, une chaise et, un peu plus tard, une table à dessin, que l'on déplace au gré des situations. Mais le décor n'a que peu d'importance car ce sont les personnages et leurs caractères qui nous intéressent. Chaque changement de tableau - et ils sont nombreux - est accompagné d'une musique pop-rock années 70 tonique et de bon goût.

Très vite, Tom devient le personnage central. Ami d'enfance de Craig, amant inévitable de Sarah, il a beaucoup de mal à assumer. Alors, comme ses amis, il puise une forme d'assurance dans la boisson. J'espère que cette pièce est sponsorisée par les Vins Nicolas parce les bouteilles s'y vident vitesse grand V. Craig passe son temps le tire-bouchon à la main. Or, ce qu'appréhendait Sarah survient : Tom fait une rencontre, Annie, aussi blonde qu'elle est brune, aussi nunuche qu'elle est manipulatrice, aussi puérile qu'elle est sûre d'elle. Problème, Annie balade de la coke sur elle. Et Tom qui s'efforçait de ne plus y plonger... Deux lignes plus tard, c'est l'euphorie, puis l'hystérie. Annie s'installe chez Tom avec sa planche à dessin... Et Tom, additionnant l'alcool et la dope devient une grenade dégoupillée à la recherche permanente d'argent pour assouvir son vice.

Le Plan B vaut par le jeu des comédiens. Craig est une sorte de Bacri acariâtre, souvent odieux et cruel. Mais il se sait cocu et ceci explique cela. Sarah, directrice de magazine féminin et mère de deux enfants, sûre de son pouvoir de séduction, trouve son équilibre dans ses coucheries de l'après-midi. Annie, c'est la midinette parfaite, un peu fleur bleue, romantique et paumée, en recherche permanente de sécurié et d'amour. Quant à Tom, il compense son manque d'assurance par une agressivité quasi permanente.

Ils sont excellents tous les quatre, mais la palme revient à Robert Plagnol qui joue l'homme sous dépendance avec un brio époustouflant. Il est confondant de réalisme. Il faut voir comment il nous joue une crise de manque ! Il nous fout la trouille. Mais il a l'art de toujours retomber sur ses pattes et de se montrer parfois tellement attachant...
Cette pièce ne repose donc que sur les affrontements. On y rit souvent ; jaune la plupart du temps. Et on essaie de se rassurer en se disant que ces gens qui évoluent là, devant nous, ne sont qu'une minorité. En tout cas, au-delà ce qu'elle raconte, cette pièce vaut par la prestation impeccable de ses quatre comédiens au jeu remarquablement maîtrisé.

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