jeudi 5 février 2009

Coup de coeur


Emily Loizeau
Pays sauvage
(Polydor)

On fait tout un fromage de Camille, mais moi je n'adhère pas du tout à sa cacophonie. Elle me hérisse les trompes d'Eustache. Même si je respecte son travail et lui reconnais des dons artistiques très personnels...
En revanche, quel bonheur que d'entrer sur la pointe des pieds dans l'univers d'Emily Loizeau ! Avec sa voix encore juvénile au grain légèrement éraillé, elle nous prend par la main et nous emmène dans son "Pays Sauvage". Il est au beau milieu d'une clairière. Il est donc très bucolique, très en phase avec la nature. Elle n'y est entourée que d'amis aussi bizarres et décalés qu'elle. Elle s'y sent en famille, donc totalement en confiance.
Ce nouvel album aux arrangements très soignés, originaux, contient d'authentiques pépites. Voici mes préférées :
Fais battre ton tambour, bluesy et gospelisant, où sa voix distille un feeling très cousin de celui des jazzwomen qui ont grandi au Sud des States.
Tell Me That You Don't Cry, une superbe ballade mélancolique d'ambiance irlandaise avec, en écho la voix de David Ivar Herman Dune.
Sister, joliment swinguant, balançant nonchalemment, saupoudrée de cuivres, vraiment efficace et très doux à l'oreille.
La dernière pluie, un OMNI (oblet musical non identifié), très intimiste, interiorisé, empli de sons incongrus et hétéroclites. Quand on l'écoute, on se sent presque un intrus qui aurait collé son oreille au trou de serrure de sa chambre...
Songes, une nostalgique comptine, mélodieuse, fluide et légère dans laquelle Emily joue avec la richesse de sa voix.
Coconut Madam', encore un titre aux sonorités et à la construction originales.
La Femme à barbe, une fantaisie trépidante et absurde pour l'interprétation de laquelle Emily s'est entourée de trois copines "poilantes" et gentiment déjantées, Jeanne Cherhal, Olivia Ruiz, Nina Morato. Dans une ambiance qui fleure bon l'Acadie, on sent qu'elles se sont bien amusées, les gueuses...
La Princess And The Toad, une petite pièce chorale dans lequel elle forme un couple charmant avec Thomas Fersen. Deux voix qui se marient vachement bien !
Dis-moi que toi tu ne pleures pas, une plainte émouvante qui nous entraîne aux sources africaines du blues. Magnifique !

L'écriture d'Emily Loizeau n'a l'air de rien à prime abord, mais quand on s'y penche un peu, on découvre qu'elle est énormément travaillée, avec une méticulosité quasi maniaque sur les sons.
Je vais sans doute tomber dans la facilié, mais Loizeau a vraiment une belle plume. Et comme son ramage se rapporte à son plumage, je ne peux que vous inviter expressément à aller rendre une petite visite du côté de son Pays Sauvage, un pays où il fait bon vivre et où l'amitié et les sentiments sont frais et sincères.

Aucun commentaire: