jeudi 26 février 2009

Jérôme Daran


Splendid Saint-Martin
48, rue du Faubourg Saint-Martin
75010 Paris
Tel : 01 42 08 21 93
Métro : Strasbourg Saint-Denis

Spectacle mis en scène Grégoire Dey

Ma note : 8,5/10

Après avoir triomphé au Point-Virgule (deux saisons), puis au théâtre Trévise le temps d'une gestation, Jérôme Daran, le complice de Florence Foresti (il a coécrit ses sketches de On a tout essayé et de On n'est pas couché), gravit une marche supplémentaire en investissant la salle très "Bronzés" du Splendid.

Mon avis : Je me suis régalé ! Pendant plus d'une heure, j'ai bu du petit lait ; mais du petit lait parfumé au vinaigre. Il a bien longtemps qu'un humoriste ne m'avait autant réjoui. J'avais déjà entendu beaucoup de bien de ce lascar, j'avais apprécié sa verve dans ces sketches impayables coécrits avec Florence Foresti, et je trouvais ses chroniques sur France Inter au Fou du Roi particulièrement bien écrites. J'étais donc très heureux de découvrir son spectacle à lui, un spectacle sur la longueur, au cours duquel il peut planter son décor et nous entraîner dans son univers.

Et bien, je n'ai pas été déçu. Au contraire. Rien que le fait de voir tressauter de rire les épaules de la personne devant moi, (non, non, ce n'était pas Sarkozy, c'était un sexagénaire dégarni), c'était du plaisir complice partagé.
En plus de vingt ans de café-théâtre et de one-man show, j'en ai vu des humoristes ! J'ai vu débuter ceux qui tiennent le haut du pavé aujourd'hui. Et bien je peux affirmer que ce Jérôme Daran est un un tout bon, un très bon.
Son spectacle est incroyablement riche et varié. C'est une auberge espagnole où les tapas côtoient les plats consistants. Il est capable de passer du jeu de mot le plus vaseux (mais pas si mauvais que ça !) au sketch avec accent super bien élaboré.
Il est très fort le garçon. Il vous emmène dans une direction, on est content d'y aller avec lui quand soudain il bifurque, en prend une autre, offre une chute, on croit que c'est fini mais ce n'est pas la bonne, et il nous en sort une autre qui nous cloue littéralement. Un rebondissement chasse l'autre, une saillie se rajoute à une autre, c'est vachement balèze. Il a l'rt de pratiquer l'effet de la double lame de rasoir. Résultat : on se poile deux fois plus !

Jérôme Daran a dépassé le stade du sale gosse pour endosser celui du sale pseudo adulte. Il est comme la majorité de ses congénères, les trentenaires : encore au pied du mûr. Et il est bien trop velléitaire pour le franchir de sitôt. Il faut déjà qu'il assume certains traits de caractères assez répandus dont les plus glorieux sont la lâcheté, la mauvaise foi et la pusillanimité. Il en est parfaitement conscient, mais il s'arrange complaisamment avec. Car il y a énormément d'autodérision dans tout cela. Nous autres, les mâles plus dominés que dominants, nous n'avons de cesse que de composer avec les événements en cherchant le plus possible à ne pas prendre nos responsabilités. Il s'empêtre dans es mensonges et dans ses gaffes. Surtout, ne cherchons pas l'affrontement de face. Biaisons...

Le personnage qu'interprète en fil rouge Jérôme Daran, c'est lui, c'est un ami, c'est nous. C'est un glandeur magnifique, un loser chronique, qui voudrait jouir en même temps de tous les plaisirs : les matchs de foot devant la télé avec les copains, les petites mousses au troquet du coin, tout en rêvant d'avoir une vie de couple idyllique avec Sophie. Mais on le sait, elles ont de ces exigences !
Jérôme Daran sait tout faire. C'est un excellent comédien, il prend les accents à la perfection, il chante remarquablement bien. Au fil de son show, il compose une galerie de personnages particulièrement irrésistibles : son grand-père, Jean-Gabriel, le copain un peu affecté, le barman-qui-louche, sa concierge et son sabir incompréhensible, la prof (quels sketch formidable !), Jean-Barnabé, celui qui déclare ingénument "Je tuerais père et mère pour avoir une famille", Daniel, l'animateur ultra ringard... On n'a pas le temps de souffler.
Dans sa façon de raconter ses sketches, de les construire, et de les jouer, l y a parfois du Coluche dans ce gars-là. Et je pèse mes mots. En plus, je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué (je l'ai entendu dire à la fin du spectacle).

Aucun commentaire: