vendredi 20 février 2009

Tout le monde aime Juliette


Le Splendid

48, rue du Faubourg Saint-Martin
75010 Paris
Tel : 01 42 08 13 45
Métro : Strasbourg Saint-Denis

Une pièce écrite et mise en scène par Josiane Balasko
Décors de Stéphanie Jarre
Costumes de Fabienne Katany
Avec Marilou Berry (Juliette), Jacky Nercessian (Magir), Lannick Gautry (Vincent), David Rousseau (Frédéric)

Ma note : 6/10

L'histoire : Après le naufrage de leur bateau de croisière dans la mer des Caraïbes, quatre rescapés vont se retrouver dans une île déserte. Vincent et Fred, jeunes cadres plutôt frimeurs, qui travaillent dans la même boîte, Juliette, jeune fille simple et naïve secrètement en quête du grand amour, et Magistro le Fakir, qui faisait son numéro de double-vue à bord au moment du naufrage. Leur cohabitation ne va pas être aisée, Juliette ayant le don d'exaspérer les jeunes gens qui en font vite leur tête de turc. Mais Magistro va révéler d'étranges pouvoirs, lesquels ne vont pas forcément arranger la situation...

Mon avis : Le pitch et la distribution sont attrayants. Qui, en effet, mieux que Josiane Balasko pouvait concocter du sur-mesure pour sa fille Marilou ? La complicité mère-fille étant évidente, l'auteur pouvait se permettre de pousser le bouchon assez loin pour l'actrice. Et pourtant, à l'issue du spectacle, on est en droit de se demander si cette connivence affectueuse n'a pas mis inconsciemment un frein à la veine irrévérencieuse de madame Balasko. On peut penser que, vu la situation dans laquelle elle place ses quatre naufragés, elle aurait pu aller plus loin dans le délire. Analysons donc Tout le monde aime Juliette...

D'abord, il faut saluer la beauté du décor élaboré par Stéphanie Jarre. Son exotisme est si réaliste que nous nous trouvons effectivement dans une île des Caraïbes en compagnie de nos naufragés. Des palmiers, des rochers, c'est superbe ! Ensuite, les costumes eux aussi sont intéressants. Originale l'idée de placer le naufrage au beau milieu d'un bal masqué. Ce qui fait que nous voyons débarquer trois personnages insolites : un Chaperon Rouge avec son petit panier d'osier, un pirate avec un ridicule sabre en plastique, et un cow boy avec toute sa panoplie. Finalement, seul le Fakir Magistro n'est pas déguisé, mais son costume de scène, particulièrement flashy, est tout aussi saugrenu. Enfin, il faut également souligner l'importance de la bande-son : bruit des vagues, orages, coups de tonnerre, chant de grenouilles... Tout cela est remarquablement restitué.
Le décor est donc planté. Dépaysement garanti...

Avec l'arrivée des naufragés, l'action peut commencer. Très vite, on discerne le profil psychologique de chacun. Juliette est une gentille fille, un peu naïve mais pas dupe non plus, c'est une fine observatrice, elle aime à rendre service, mais c'est également une sorte de midinette rêveuse et romantique, tout en ayant sur son apparence physique une totale lucidité. Fred, le cow boy, est un garçon plutôt cool, accomodant, son naturel optimiste lui permet de s'adapter assez bien à la situation pourtant dramatique dans laquelle il se trouve. Vincent, le pirate, est son parfait opposé ; il est vindicatif, agressif, il se plaint tout le temps, en fait il est tétanisé par la trouille... Quant à Magistro, c'est une sorte de mage ; il possède donc énormément de recul sur tout, il est plein de sagesse et l'empathie qu'il ressent pour Juliette l'amène à user de ses pouvoirs pour la protéger. Voire, à en abuser...

La première partie de cette pièce est réellement agréable. Elle est vive, enlevée, truffée de siruations cocasses, un peu convenues certes, mais vraiment drôles. Marilou Berri fait une fois de plus preuve d'un formidable abattage. Elle a une vraie présence (il faut dire qu'elle a de qui tenir et, parfois, elle possède le timbre de voix de sa mère et certaines de ses mimiques). Elle joue avec son physique avec énormément d'autodérision. D'autant que les deux garçons, qui ne la supportent pas, ne lui font pas de cadeaux à ce sujet... Une des meilleures trouvailles de la pièce est le journal que tient Juliette. Quand elle se confie à lui à voix haute, cela donne lieu à de savoureux apartés pleins de candeurs et émaillés de bonnes réflexions. Ce sont de très bons moments.
Marilou est donc impeccable, et les deux garçons le sont aussi. Sans cesse à se chamailler, ils ne sont d'accord que sur une chose : pourrir la vie de ce Chaperon Rouge envahissant et intarissable. Jacky Nercessian, de son côté, campe un personnage de mage impayable, plus vrai que nature, un peu grandiloquent, sûr de lui, à l'élégance un peu trop voyante. C'est un brave homme qui déteste l'injustice. Il est en permanence dans le second degré...

Et puis, inexorablement, aux abords de la deuxième moitié, la pièce commence à s'essoufler, à perdre du rythme. Les dialogues se font moins incisifs. L'intervention du surnaturel accroche mal avec nos esprits cartésiens. Il y a certes encore de bonnes répliques et quelques situations drolatiques, mais l'auteur tourne un peu en rond comme un requin repu ferait nonchalamment le tour de l'île en jetant un regard quasiment dédaigneux sur ses éventuelles futurs repas.

Ben sûr que tout le monde ne peut qu'aimer Juliette. Elle est attachante et sympa et elle nous fait passer un bon moment de comédie. Mais on quitte le Splendid avec un petit goût d'insatisfaction. On sent que Josiane Balasko aurait pu aller un peu plus loin dans la férocité. Mais sa fille a bien du talent...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hey, I am checking this blog using the phone and this appears to be kind of odd. Thought you'd wish to know. This is a great write-up nevertheless, did not mess that up.

- David