mardi 22 décembre 2009
Désiré
Théâtre de la Michodière
4bis, rue de la Michodière
75002 Paris
Tel : 01 47 42 95 22
Métro : 4 septembre
Une pièce de Sacha Guitry
Mise en scène par Serge Lipszyc
Décors de Charlie Mangel
Costumes d’Emmanuel Peduzzi
Avec Robin Renucci (Désiré), Marianne Basler (Odette Cléry), Jean-Philippe Puymartin (Félix Montignac, ministre des PTT), Marion Posta (Madeleine, la femme de chambre)), Alycia (Adèle, la cuisinière), Nathalie Krebs (Henriette Corniche), Jean-Christophe Barc (Adrien Corniche)
Ma note : 7/10
L’histoire : Désiré, valet de chambre stylé, entre au service d’une actrice, maîtresse d’un ministre ; Malgré les convenances, Désiré tombe amoureux de sa patronne, ce qui lui est déjà arrivé par le passé… Mais cette fois-ci, à son corps défendant, Mademoiselle n’est pas insensible à ses charmes…
Mon avis : Une fois encore le théâtre de la Michodière nous propose une fort bonne pièce de théâtre. Vous pensez, c’est du Guitry. Et Guitry, c’est Guitry quoi ! C’est des bons mots, des aphorismes, de la malice, de la misogynie, de la distance et beaucoup, beaucoup d’esprit. De tout cela, Désiré en est truffé.
Le ton est donné dès la première scène qui met en présence Madeleine et Adèle, respectivement femme de chambre et cuisinière au service d’un personnage important, monsieur Montignac, qui se trouve être le ministre des PTT quand la pièce commence. Très complices, les deux femmes, dans le secret de l’office, se laissent aller à déblatérer sur le couple formé par leur maître et sa jolie maîtresse, Odette Cléry, une comédienne de seconde zone, qui vise un riche mariage en prévision d’une reconversion plus réussie. Les deux domestiques s’en donnent à cœur joie, chacune avec sa propre personnalité, la cuisinière (Alycia) se révélant particulièrement haute en couleurs, alors que la femme de chambre (Marion Posta) est un peu plus posée tout en étant pétillante et pleine de bon sens.. Leurs patrons devant rejoindre leur propriété de Deauville, elles sont en plein préparatifs. Mais il manque toujours un valet de chambre. Or, en voici un qui se présente, répondant à la petite annonce. C’est, bien sûr, Désiré. Un homme élégant, enjôleur, plein de charme. Un charme qui agit d’ailleurs immédiatement sur Madeleine et Adèle ! Puis, d’une manière plus confuse, plus inconsciente, sur Odette Cléry qui, après moult tergiversations, finit par l’engager.
Ce premier acte sert en quelque sorte à dessiner les caractères des différents protagonistes. Désiré, bientôt, se rend indispensable. Très stylé, prévenant, respectueux, suave, anticipant les demandes, il fait le bonheur de ses patrons.
Le deuxième acte sera donc celui du dénouement. Le décor change. Nous nous retrouvons dans le salon d’une villa à Deauville. Adèle et Madeleine, toujours aussi espiègles et désinvoltes, préparent l’arrivée du couple, encadrées par un Désiré qui veille sur tout. La relation entre le ministre et sa maîtresse ne dégage pas une passion évidente. On sent chez l’homme politique une certaine retenue, une dose de calcul. Quant à l’ex-actrice, d’origine modeste, elle joue son avenir et elle a tout intérêt à entretenir le feu. En fait, ils sont tous deux dans une sorte de convention tacite… Mais c’était sans compter avec le pouvoir de séduction de ce cher Désiré. Il est tellement aux petits soins pour Odette qu’elle en subit des effets subliminaux dévastateurs qu’elle ne peut maîtriser dans son sommeil. Ces soupirs et roucoulades aussi nocturnes qu’inconscientes n’ont pas l’heur de plaire au sieur Montignac.
Après une longue scène de jalousie que j’ai personnellement trouvée un peu trop redondante, la suite de la pièce est tout-à-fait savoureuse. L’arrivée du couple Corniche dans la maison permet une belle redynamisation de l’action. La scène du dîner avec une Henriette Corniche affligée de surdité est particulièrement hilarante. Elle en frise le burlesque. Il faut vraiment souligner la présence comique dans ce rôle de Nathalie Krebs qui, en ne surjouant pas une situation qui pourrait se révéler grotesque à la longue, la rend réellement jouissive. Quant à son mari, il campe avec beaucoup d’authenticité un personnage grossier, un mufle sans éducation.
Désiré est une pièce à la fois drôle et élégante. Les sept personnages qui la jouent sont parfaits chacun dans son registre. Les costumes de ces messieurs et les robes de ces dames sont superbes… Robin Renucci est impeccable dans le rôle de Désiré. L’œil qui frise et le geste onctueux est en permanence dans le second degré. On sent qu’il s’amuse énormément avec cette composition… Marianne Basler joue avec candeur de son charme très sensuel, comme si elle ne se rendait pas compte de l’attirance qu’elle provoque. Ce n’est jamais appuyé, c’est tout en finesse… Jean-Philippe Puymartin fait montre de son côté de beaucoup de classe. Il possède un vrai maintien. Il a de l’allure, quoi !
Et, évidemment, le huitième personnage incontournable de cette comédie n’est autre que Sacha Guitry avec ses sentences acérées sur la vie de couple, ses coups de griffe envers le monde politique, sa peinture acide des parvenus, mais aussi avec sa tendresse envers les femmes, son analyse subtile du désir, le tout servi par d’excellents dialogues. C’est frais, léger, agréable, mais, sur un ton apparemment badin, pas mal de vérités sont dites.
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1 commentaire:
Quel actrice, que se soit sur les planche ou au cinéma, elle est rayonnante.
On pourra la voir prochainement dans le film "Les gens ne savent pas peut-être". On peut devenir coproducteur du film et avoir accès à divers infos et bonus donc allez faire un tour si ça vous intéresse : http://www.touscoprod.com/pages/projet/fiche.php?s_id=5099&s_wbg_menu=4
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