mardi 22 septembre 2009
Le chalet de l'horreur de la trouille qui fait peur
Comédie de Paris
42, rue Pierre Fontaine
75009 Paris
Tel : 01 42 81 00 11
Métro : Blanche / Pigalle
Une comédie policière de Patricia Levrey
Mise en scène par Michel Crémadès
Avec : Isabelle Parsy (Christine), Cristelle Ledroit (Sophia), Bertrand Fournel (Julien), Pascal Parmentier (José), Jean-David Stepler (Philippe de Valandry).
Ma note : 7/10
L’histoire : Cinq personnages ayant tous répondu à une mystérieuse invitation se retrouvent en pleine montagne, prisonniers dans un chalet isolé… Pourquoi les a-t-on attirés ici ? Que leur veut-on ? Qui est véritablement qui ?... Bientôt, ils vont tous se suspecter les unes les autres.
Mon avis : En fait, à lui tout seul, le titre de cette pièce en annonce le ton. Le chalet de l’horreur de la trouille qui fait peur… ça ne file pas vraiment les chocottes. Ça prête même gentiment à sourire. On dirait une phrase prononcée par un gamin d’une dizaine d’années qui joue à se faire peur après avoir lu un bouquin de la collection « Chair de poule »…
Avant même que la scène s’éclaire, une musique d’ambiance bien appuyée nous installe dans une parodie du film d’horreur. Ça y est, on est conditionné. Que va-t-il se passer de si épouvantable dans ce chalet ?
Le premier contact que l’on a avec ce spectacle - si important pout donner le la - est sincèrement plutôt réussie. Tout de suite, on est plus dans le cartoon que dans le grand guignol. Le duo fonctionne immédiatement. Entre le costaud menaçant et le petit péteux, il y a un vrai contentieux à régler. Leur antagonisme physique et mental donne lieu à quelques scènes cocasses avec gags à répétition dignes d’un (bon) dessin animé. C’est très plaisant et on se dit que tout cela semble bien parti.
L’irruption d’un troisième personnage, la très caricaturale Sophia dans sa tenue de skaï blanc, nous met dans l’expectative. Comme elle a un peu tendance à surjouer, elle se met illico en décalage avec les deux énergumènes. Et puis arrive Philippe, l’homme politique. Physiquement, plus on le regarde, plus il nous fait penser à un hybride entre Jean-François Copé et Eric Woerth ; chose qui le rend bien sûr très crédible. Lui aussi, au début, a tendance à en rajouter dans les gestes et dans le ton. Mais, je vous rassure tout de suite, Sophia et Philippe vont se ressaisir très vite et trouver heureusement le bon ton et se révéler tout-à-fait impeccables.
Et puis arrive le cinquième élément : LA Christine… Simultanément avec l’ouverture de la porte du chalet, c’est une bourrasque qui entre. Accoutrée de façon ridicule d’un compromis entre l’uniforme de la Jeannette et celui de l’Armée du salut, coiffée d’un béret ridicule, elle apporte immédiatement un surcroît de folie à une situation qui était déjà pas mal engagée côté dinguerie. Et dès qu’elle se met à parler, on sait illico à qui on a affaire ; à une vieille fille, bigote, illuminée, droite dans ses moonboots, et en prise directe avec son saint Patron. Dès lors la pièce entre tout schuss sur la piste noire du délire. La pression monte, chacun cherche à embrouiller l’autre, et les caractères, jusque là esquissés, s’affirment.
Julien, le petit bonhomme lâche, veule et trouillard, est excellent dans ce registre… José, le journaliste baraqué et déterminé, sûr de son bon droit, c’est la force tranquille… Sophia, touchante et ambiguë, enjôleuse et maligne, a l’art de faire passer le chaud et le froid et d’entretenir le mystère… Philippe, plus vrai que nature en politicien véreux, grandiloquent, autoritaire, puant de prétention et velléitaire, est détestable à souhait… Et Christine, qui peu à peu laisse apparaître certaines faiblesses en contradiction à son état de grenouille de bénitier (elle préfère donner la priorité à son foie plutôt qu’à sa foi), révèle un tempérament comique des plus pointus.
Or donc, Le chalet de l’horreur de la trouille qui fait peur s’avère être une sympathique comédie servie par de bons dialogues et parsemée de jeux de mots de bon aloi. On se demande jusqu’à la fin où Patricia Levrey (à qui ont doit entre autre La peur n’évite pas de manger et le drôlissime Quand la Chine s’éveillera) veut nous emmener. En plus, grâce à des situations et à des dialogues pas si anodins que ça, la pièce comporte un aspect satirique particulièrement bien observé sur le monde politique et certaines mentalités… Voici donc un chalet où vous pouvez réfugier pour les longues soirées d’hiver…
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