mardi 29 septembre 2009

Valérie Lemercier à l'Olympia


L’Olympia
28, boulevard des Capucines
75009 Paris
Tel : 08 92 68 33 68
Métro : Madeleine / Opéra / Auber

Ma note : 7,5/10

Mon avis : Honnêtement, les échos que j’avais eus du spectacle de Valérie Lemercier au Palace étaient plutôt mitigés. J’étais donc très curieux de la découvrir à l’Olympia et désireux de me faire mon propre jugement. Et bien, je me suis régalé… Et de bout en bout !
Intelligente et fine mouche, Valérie Lemercier a dû écouter et prendre en compte les quelques critiques négatives pour resserrer les boulons de son spectacle. N’ayant pas vu celui du Palace, je ne sais pas où elle a plus particulièrement porté son effort. En tout cas, j’ai assisté à une heure trois-quarts d’un show d’une grande qualité.
De toute façon, Valérie Lemercier évolue dans un univers et avec un ton qui n’appartiennent qu’à elle. Elle fait du Lemercier. Point. C’est pour ça qu’on est venu, parce qu’elle est unique en son genre, unique dans ce registre, unique dans sa façon de parler et de se mouvoir.

Décor minimaliste, le plus souvent absent. Il lui suffit d’un cube, d’un pouf, d’une posture pour installer un sketch. Son astuce à elle, c’est ce bout de chiffon rouge qu’elle met à toutes les sauces en fonction du sujet : ceinture de femme enceinte, foulard, écharpe, chiffon de ménage, musette, collerette, pagne… Sur sa très élégante et seyante tenue anthracite, ça ressort on ne peut mieux. Le rouge et le noir ont toujours fait bon ménage…
Pour moi, le spectacle ne cesse d’aller crescendo, un peu comme un coureur de fond qui s’échauffe progressivement pour prendre son rythme de croisière et pour terminer au sprint. Et du rythme, on peut dire qu’il y en a ! Elle enchaîne les sketches les uns après les autres, sans aucun temps mort. Mais, en même temps, elle les a entrecoupés d’une astucieuse série de traversées de scène – dans un sens ou dans l’autre – au cours desquelles elle se livre à une réflexion ou à une cogitation qui la tracassent ; des petits boulets mentaux qu’elle appelle ses « hontes ». C’est une excellente idée, et on se surprend petit à petit à attendre ces sortes de « brèves de comptoir » chères à Jean Carmet dans la série Palace qui nous a permis de la découvrir.
Fidèle à son habitude, Valérie Lemercier, nous propose toute une galerie de personnages, personnages qui lui sont directement inspirés par des gens de son entourage ou qu’elle a croqués au cours de rencontre ou de reportages (la fille adoptive de Jacques Chirac, par exemple)… Hommes, femmes, ados, elle se glisse avec un mimétisme confondant dans la peau de n’importe qui. Pour les rendre encore plus crédibles, plus consistants, elle n’hésite pas à les affubler d’accents (baba cool, marseillais, campagnard, fille éméchée, asiatique, geignarde, snobinarde, belge, suisse, russe). Un festival !
Sans avoir l’air d’y toucher, tout en campant ces personnages pour la plupart très hauts en couleurs, elle distille ça et là quelques messages et assène quelques vérités qui donnent à réfléchir : « Toute religion bonne à condition pas excès », « Tu ne risques pas de retrouver ta tête sur un billet de 50 francs (comme Saint-Exupéry) ». « Voilà une femme qui n’a jamais eu mal au crâne ! »… Elle parsème également ses sketches de « running » phrases qui, à l’instar des running gags, sonnet à la manière de gimmicks, un procédé particulièrement efficace en humour : « C’est que de l’humain ! », « Elle – ou il – est très sensible de la pointe », Cinéma ! », « Porcherie 5 étoiles ! »…

Valérie Lemercier, au sommet de son art, à l’aise avec son corps, doit s’amuser intérieurement comme une petite folle sans rien en laisser paraître sur scène, cachée derrière le masque de ses personnages. Et pourtant, elle va parfois très loin. Très loin dans la méchanceté avec cette femme de la campagne absolument odieuse ; très loin dans le comportement abusif d’une mère hyper possessive ; très loin dans l’affectation maniérée d’une bourgeoise catho, mère de famille nombreuse (pléonasme) plutôt déconnectée avec la réalité ; très loin dans les états d’âme de cette jeune épousée qui ne supporte plus son mari au bout d’un an d’exercice ; Très, très loin dans les propos tenus par cet qui vient de perdre sa femme et qui en brosse le portrait à son fils (pisse-froid s’abstenir !)…
Humoriste à part, Valérie Lemercier s’inscrit donc dans un registre qui n’appartient qu’à elle. Si on adhère, on prend un bon grand pied. Si on n’est pas client, la cause est perdue d’avance. Elle ne fait que ce qu’elle sait faire – du Lemercier - et elle le fait vachement bien.

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