mardi 1 septembre 2009

No pasaran


Un film de Martin & Caussé
Avec Cyril Lecomte (Maxence), Elodie Navarre (Scarlett), Bernard Blancan (Bouzigue), Murray Head (Peter), Rossy de Palma (Inès), Didier Pain (Jean Laborde), Jacques Serres (Pierre Laborde), Roger Souza (Viguier), Pierre Durand (Fabrice)
Sortie le 2 septembre 2009-09-01

Ma note : 7,5/10

L’histoire : Maxence Lafourcade, célibataire tranquille, élève des cochons dans les Pyrénées. Sa vie bascule soudain le jour où il apprend qu’une autoroute va traverser sa ferme !
Pour affronter le député-maire et son projet, il doit faire une alliance contre nature avec « l’Américain du coin ». Peter Konchelsky, avocat désabusé à la retraite, adopte la cause du fermier sous le regard étonné de Scarlett, sa fille, une artiste excentrique, qui découvre en Maxence un modèle humain inattendu.
Se joignent bientôt à cette bande de « résistantsé : Inès, éco-terroriste toujours à la pointe du combat, Fabrice, champion de l’équipe de rugby locale, et Bouzigue, le cousin de Maxence, qui craint de perdre la clientèle de sa station service…

Mon avis : Quelle jolie surprise que ce film ! Déjà par sa situation géographique – les contreforts pyrénéens de l’Ariège – il se place d’emblée hors des sentiers battus. Ensuite, il se démarque par une distribution sans tête d’affiche véritablement « bankable », et c’est sans doute mieux ainsi car il gagne en authenticité. Enfin, c’est un film frais, sans autre prétention que de distraire tout en distillant habilement un message militant suffisamment fort pour qu’il nous donne à réfléchir.
En fait, No pasaran est une comédie traditionnelle. Son côté rural lui donne paradoxalement une sorte d’exotisme. C’est justement cet exotisme qui excite l’intérêt de la jeune Scarlett, artiste américaine extravagante et indépendante, dont la culture est diamétralement aux antipodes du mode de vie de Maxence, paysan discret, simple et travailleur. Maxence est certes simple, mais il n’est pas naïf. Loin de là ! Sa révolte contre le projet d’autoroute qui va non seulement défigurer ses chers paysages mais qui menace également l’existence de sa petite exploitation porcine est parfaitement saine. Alors il va se battre, avec autant de maladresse que de détermination, avec ses propres armes…

Ce film d’apparence modeste contient tous les ingrédients qui font une excellente comédie. Dédié à la sauvegarde des vallées pyrénéennes (Aspe et compagnie…), il nous offre de superbes images de paysages naturels. Il vaut ensuite pour sa distribution. Chacun des neuf personnages principaux est scrupuleusement à sa place. Même avec leur truculence réjouissante, ils sont crédibles. Et son identité « sud-ouestique », avec son accent chantant, son langage fleuri, ses expressions imagées, lui confère une absolue véracité. Les dialogues sont d’ailleurs particulièrement savoureux.
Cyril Lecomte, qui joue Maxence, est plus vrai que nature. Il joue avec justesse ce personnage introverti, mais tellement normal qu’il en devient vite attachant. Bernard Blancan, qui campe le cousin Bouzigue, est son total opposé. Il est madré, intéressé, frimeur, réaliste, sans scrupules, mais devant la crainte de voir sa juteuse station service désertée au profit d’une éventuelle station d’autoroute, il va faire cause commune avec Maxence et les deux hommes vont s’avérer très complémentaires… Elodie Navarre, en Scarlett, est épatante de féminité. Avec ses tenues surréalistes, frisant parfois le gothique, elle détonne dans ce paysage. C’est une jeune femme libre, sans tabous, pleine de vie et capable de sentiments… Rossy de Palma, en « terroriste » haute en couleurs et forte en gueule, est criante de vérité. Ses joutes verbales avec Bouzigue sont un délice… Murray Head joue tout en finesse cet avocat froid et calculateur… Didier Pain, sorte de Peppone pyrénéen, interprète un homme politique local comme il en existe tant dans nos campagnes, imbus de leur petit pouvoir, toujours à l’affût de la moindre combine qui peut rapporter autant d’argent que de prestige ; du coup, il n’est jamais caricatural. Jacques Serres (qui joue Pierre Laborde) et Roger Souza (excellent dans le rôle de Viguier), ont quelques morceaux de bravoure particulièrement jubilatoires. Enfin, Pierre Durand, qui endosse le rôle de la vedette sportive locale, démontre subtilement due derrière la carapace de ses muscles bat un cœur romantique, sentimental et épris de justice.

En conclusion, No pasaran, est un film éminemment charmant et sympathique, qui fait passer en nous distrayant un vibrant message écologique plein d’une profonde humanité. On en sort avec à l’âme un joli sentiment de fraternité et un réel amour pour nos si belles régions françaises qu'il faut absolument préserver.

3 commentaires:

Joel a dit…

Je vous met dans la revue de presse.
http://www.no-pasaran.fr/nopasaranmediapresse.htm

Anonyme a dit…

Quel bonheur de vous lire !
Vous avez tout... ressenti :-)

Anonyme a dit…

Je vous découvre et je reviendrais :)
J'ai eu la même perception...
Un vrai moment de partage.
Merci

laurence