mercredi 19 novembre 2008

Elisabeth Buffet


Théâtre de Dix Heures
36, boulevard de Clichy
75018 Paris
Tel : 01 46 06 10 17
Métro : Pigalle

Ma note : 8/10

Le contenu : Dans un langage bien à elle, cette quadra un brin fodingue mais au caractère bien trempé, s'attaque au "nouvel éternel féminin" dans lequel bien des femmes se reconnaissent. Un univers dont les hommes ne sont pas exclus, bien au contraire, ils sont omniprésents !

Mon avis : Légèrement introverti, je ne suis pas quelqu'un qui éclate facilement de rire. Quand je trouve quelque chose de vraiment drôle, je souris plutôt. Mais là, je dois avouer que je me suis laissé plusieurs fois prendre. Et j'étais loin d'être le seul. Etant placé au fond, j'ai rarement vu une salle ressembler autant à une houle tant les épaules tressautaient, secouées qu'elles étaient par des fous rires incontrôlables et incessants...
Elisabeth Buffet, est un sacré personnage. Une sacrée bonne femme. le visage expressif et avenant, le corps en exutoire, elle nous rentre immédiatement dans le lard. C'est qu'elle ne recule devant aucune audace la donzelle, ni physique, ni verbale. Elle, elle appelle un chat un chat ; elle ne s'emberlificote pas de périphrases et de circonvolutions. Elle ne tourne pas autour du pot. Du pot, de toute façon, elle n'en a pas. Surtout dans ses relations amoureuses.
D'abord en robe de chambre satinée bleu ciel (si, si...), puis en négligé, elle se bagarre avec ses rondeurs pour enfiler un pantalon qui n'est plus vraiment à sa taille ; et, tout en bataillant ferme, elle part dans des digressions bien senties dont le thème central reste l'amour... Pour aborder l'orgasme féminin, elle remonte à l'Eden et puise dans la Bible... Un peu plus tard, dissertant sur l'onanisme, elle illustre ses commentaires de force détails scabreux et croustillants, décrit quasi cliniquement certaines situations appartennant généralement au domaine de l'intime.
Avec une énergie de tous les instants, sans aucune inhibition, elle raconte, mime. Chaque sketch donne lieu à une histoire finement observée. Elle est tellement expressive que l'on s'y voit. On l'accompagne aux toilettes, on souffre avec elle devant ses problèmes que lui posent les chiottes à la turque ; tout en se poilant beaucoup, on est solidaire de sa séance d'épilation ; on est certes délicieusement choqué par sa visite à la maternité où sa soeur vient de mettre bas. Mais on compatit car, derrière les propos acerbes et fielleux, au-delà de cette jalousie pernicieuse, on sent un profond désarroi ; on partage sa révolte contre un dîner où le vin et l'alcool sont totalement prohibés par ses hôtes ; on est tout nus avec elle sur une plage du Cap d'Agde où elle pratique le naturisme...

Vous l'aurez compris, Elisabeth Buffet est tout le contraire d'un parangon de vertu. C'est plutôt une championne de la gaudriole. Mais pas de la gaudriole gratuite et bêtement provocatrice. En effet, il y a toujours du fond car elle reste de bout en bout terriblement femme. C'est audacieux, osé, très cru, elle ne s'embarrasse d'aucun tabou, et ce n'est JAMAIS VULGAIRE. Ses saynètes sont tellement empreintes d'autodérision (car elle se moque d'abord d'elle-même) qu'on lui pardonne tout. C'est superbement écrit (je vous recommande plus particulièrement ses savoureux poèmes en alexandrins dans lesquels la césure ne rime pas avec censure), c'est remarquablement joué (quelle comédienne ! Quelle vitalité). Elle possède un sens de l'observation unique, très personnel. Bref, elle ne ressemble à aucune autre.
La salle toute entière se marre, se gondole, hoquette de rire...
En guise de conclusion, le mieux est de citer une de ses boutades qui résume à elle seule le ton de dame Elisabeth : "J'adore les vieux. Mais pas pour me les mettre dedans. je ne suis pas un cercueil !"

Aucun commentaire: