Théâtre du Rond-Point
2bis, avenue Franklin-Roosevelt
75008 Paris
Tel : 01 44 95 98 21
Métro : Franklin-Roosevelt / Champs-Elysées Clémenceau
Ecrit par Christophe Alévêque
Mis en scène par Philippe Sohier
Lumière de Fred l’Indien
Avec Julien Bonnard (clavier), Francky Mermillod (guitare), Maxime Perrin (accordéon et cor), Stéphane Sangline (batterie)
La déclaration du candidat virtuel : « Ce que je vais faire ? Tout comme eux, mais en pire… ». Le Rond-Point se transforme en QG des Présidentielles. Super Rebelle, candidaat hors listes, se présente. Il casse la baraque, drague les petits commerçants et les gros, ratisse large et rassemble toutes les volontés du peuple dans un programme ultra démagogique et ultra populiste afin d’être élu. C’est Super Rebelle qui détrônera à coup sûr le tyran Zébulon et tous les prétendants au trône et siphonnera les voix nationalistes extrêmes : quitte à voter nul, votez pour moi…
Mon avis : Après avoir mené campagne en province, Christophe Alévêque, alias Super Rebelle, s’est installé au Rond-Point depuis le 11 avril pour y tenir tribune avant et pendant les deux tours des élections présidentielles.
Je ne sais ce qu’on lui a fait déguster sur les marchés de province, mais c’est un candidat gonflé à bloc et au mieux de sa forme qui nous offre pendant deux heures un show époustouflant. Il accomplit un véritable sans-faute sans aucun temps mort. Plus le dénouement final approche, plus il est affûté, plus il est lucide, plus il est mordant. A une semaine de l’échéance, il ouvre les vannes (dans les deux sens du terme) et se lâche. A plusieurs reprises, en guise de leitmotiv, une même phrase revient : « Je n’ai plus de limites ». Effectivement, à ce point de la campagne, en plein deuxième tour, il s’arroge le droit de « ne plus être objectif ».
Super Rebelle est né en octobre 2009. C’est un personnage que l’on connaît bien désormais. Avec sa cape et son slip rouges, il s’est autoproclamé « bouffon de la République » et apporte sa vision clinique de la politique française. Il n’a pas attendu la parution du livre de Stéphane Hessel pour être indigné. Il l’est de façon chronique, viscérale. Il est entré en résistance avec l’humour pour seule arme ; un humour vachement explosif avec lequel il s’évertue à dynamiter les différents systèmes mis en place par ceux qui nous gouvernent. Avec un plaisir non dissimulé, il leur mine le terrain et sabote leurs postures.
C’est un sain, Christophe…
Son spectacle est fort bien structuré… Après avoir effectué une entrée en fanfare, il se livre à une première allocution au cours de laquelle il dresse le bilan du premier tour… A l’instar de toute la suite de son show, ses propos sont émaillés de métaphores osées, d’images d’apparence saugrenues mais qui donnent à réfléchir. Avec son sens de la formule, avec un cynisme assumé et une mauvaise foi élevée au rang de religion, il distille moult horreurs en les accompagnant soit d’un petit rire sardonique d’hyène ou d’un gloussement truculent de dindon. Je vous l’ai dit, il est très, très en forme… Les plus percutantes de ses saillies sont soulignées par des roulements de batterie ou des trilles de cor de chasse. Diable, quand on a un orchestre sous la main, autant en profiter.
Ensuite, il nous offre un petit flash back sur sa vie avant d’effectuer un retour cinglant sur la politique. Il aborde alors une analyse incisive sur la crise économique et financière. C’est vraiment pointu. C’est aussi pour ça que ça pique ! Là encore quelques formules et vérités font mouche : « Nous sommes tous des Grecs-Allemands », « La courbe démographique suit celle du chômage », « La crise est grave parce qu’elle touche les pays riches », Si l’hypocrisie était liquide, ils seraient tous morts noyés »… Il y en a des dizaines comme celles-là. Toutes aussi pertinentes les unes que les autres…
Il s’amuse à reprendre les termes techniques qui ont fleuri tout au long de la campagne pour dénoncer leur incohérence. Il cite ainsi « la recapitalisation systémique », et en profite pour allumer les agences de notation. Très sincèrement, dans le ton comme dans sa manière de créer un effet loupe sur les absurdités, je lui ai parfois trouvé des élans et des accents coluchiens. Il est en effet arrivé à ce niveau… Après quoi nous assistons à une interview de candidat plus vraie que nature et con comme la une (je sais le « l » s’est envolé). Pour cela, il reçoit le concours irrésistible d’un de ses comparses affublé d’une perruque blonde façon présentatrice d’un hypothétique journal de 20 heures… Comme il suit l’actualité au jour le jour, il est tenu à une grande part d’improvisation, ce qui ne nuit pas, bien au contraire, à la qualité de ses observations et de ses déductions. Il ironise par exemple sur les trois chiffons rouges qui reviennent comme des gimmicks que la Droite agite à l’encontre de son adversaire : les trois débats, le temps de parole et le vote des étrangers…
Il s’amuse à reprendre les termes techniques qui ont fleuri tout au long de la campagne pour dénoncer leur incohérence. Il cite ainsi « la recapitalisation systémique », et en profite pour allumer les agences de notation. Très sincèrement, dans le ton comme dans sa manière de créer un effet loupe sur les absurdités, je lui ai parfois trouvé des élans et des accents coluchiens. Il est en effet arrivé à ce niveau… Après quoi nous assistons à une interview de candidat plus vraie que nature et con comme la une (je sais le « l » s’est envolé). Pour cela, il reçoit le concours irrésistible d’un de ses comparses affublé d’une perruque blonde façon présentatrice d’un hypothétique journal de 20 heures… Comme il suit l’actualité au jour le jour, il est tenu à une grande part d’improvisation, ce qui ne nuit pas, bien au contraire, à la qualité de ses observations et de ses déductions. Il ironise par exemple sur les trois chiffons rouges qui reviennent comme des gimmicks que la Droite agite à l’encontre de son adversaire : les trois débats, le temps de parole et le vote des étrangers…
Mais Alévêque ne s’appellerait pas Alévêque s’il n’était œcuménique. Il distribue tous azimuts, à gauche, à droite, au centre, sans oublier d’arroser les extrêmes. Bon, on sent bien qu’il a plus d’appétence d’un côté, mais un seul résultat compte aux yeux de Super Rebelle : l’éradication de « Zébulon » et de ses sbires.
Christophe Alévêque nous offre donc un meeting politique très complet. Le tamis de sa satire ne laisse rien passer. Il se livre à un grand numéro qui va bien au-delà du spectacle de chansonnier. Quelles que soient nos opinions politiques, on est bien obligé de rire tant le trait est précis, même s’il est parfois un peu grossi sous le crayon de la mauvaise foi. De toute façon, on va voir Super Rebelle pour ça. C’est un peu comme aux échecs : entre deux tours, il faut bien que se dresse un roi… de l’impertinence.