jeudi 7 juillet 2011

Olivier de Benoist


L’Européen
5, rue Biot
75017 Paris
Tel : 01 43 87 97 13
Métro : Place de Clichy

One man show écrit et interprété par Olivier de Benoist

Ma note : 7,5/10

Mon avis : L’autre jour…, hier mercredi, en fait, je suis allé voir Olivier de Benoist à l’Européen. Et, en cours de spectacle, j’ai soudain pensé à ce slogan publicitaire qui s’affichait dans les couloirs du métro dans les années 60/70 : Du bon… du beau… du Benoist… La comparaison ne sera que phonétique car le garçon est plus un plat de résistance qu’un apéritif. De résistance aux femmes. Essentiellement. Et il en faut du courage sachant, comme il se plaît à le signaler, qu’elles sont 10% plus nombreuses que nous les hommes. Donc, mathématiquement, dans son public, il y a plus de représentantes du prétendu sexe faible. Ce qui entraîne à son adresse, vu le thème général de son spectacle, à savoir les relations hommes-femmes et son parti pris résolument misogyne, la vindicte de ces dames et demoiselles. Mais personne n’est dupe… D’abord parce certaines vérités vraies sur la GENT féminine sont subtilement relevées et décrites (Là, je lui ferai un petit reproche grammatical : on ne dit pas la gentE féminine, comme il le fait à trois reprises, car il n’y a pas de « E » à ce mot. Ça heurte les oreilles des puristes. Heureusement, comme il y a une majorité de femmes dans le public, cela réduit les chances de cette erreur sémantique d’être relevée !...), ensuite parce qu’il se complaît habilement à ironiser itou sur les mecs. Et puis, surtout, ce doit être excessivement jouissif pour lui que de se faire huer par des donzelles faussement indignées. C’est un jeu. A faux-cul, faux-culs et demi. Le spectacle d’Olivier de Benoist est très interactif.

Ce grand escogriffe hirsute et élégant au timbre de voix très personnel (certaines de ses intonations nous rappellent parfois Roland Magdane) maîtrise parfaitement la scène. Il ne faut pas se fier à son apparence de grand fauve nonchalant. Il peut faire patte et voix de velours un instant pour endormir notre méfiance. Et dès qu’on commence à afficher un sourire débonnaire, il décoche un terrible coup de griffe. Avec les relations hommes-femmes, ODB s’est trouvé un fonds de commerce inépuisable et universel. Gentiment coquin, un tantinet égrillard, doucereusement acide, délicieusement vachard, il possède toute la palette de ce qui fait un humoriste appelé à durer. C’est qu’il a tout pour lui, le bougre : le physique, la voix, l’écriture, le jeu… Il a une vraie présence, quoi !

Justement baptisé Très, très haut débit (surtout dans la première moitié), son spectacle est construit bizarrement. Mais ce n’est pas gênant. La première moitié, donc, est presque exclusivement consacrée à une analyse comparative jubilatoire des sexes (très) opposés. Si l’olivier en tant qu’arbre symbolise la paix, l’Olivier en tant qu’humoriste n’est certainement pas pour la paix… des ménages. Tout est fait pour attirer l’approbation complice de ces messieurs et l’ire de ces dames. Il y a d’excellentes trouvailles comme l’allocution du témoin au mariage de Michel et Guenièvre, le chapitre sur l’île de la Tentation, la lecture des revendications masculines, l’inventaire du sac à main… On se régale quand il franchit le pas de l’humour noir et féroce avec son « tube », le sketch dans lequel son personnage s’évertue à vouloir faire dormir son fils. Et il nous surprend habilement avec quelques tours de magie de bon aloi.
Ensuite, le spectacle semble plus disparate, plus fourre-tout. Il nous offre un simulacre de rappel d’escroc. On croit qu’il en a fini. On se dit que c’était trop court, qu’on en voudrait un peu plus. Or, ce n’était qu’une feinte de corps car il repart de plus belle avec son fameux et excellent sketch dit de « la maison close » inauguré dans l’émission On n’ demande qu’à en rire… De nouveau, il nous leurre avec une fausse fin que l’on croit se terminer en queue de poisson (rouge) quand il nous sort de son sac à malices un joli lot de bonus dans lequel il traite à sa façon de quelques faits d’actualité.

Incontestablement, Olivier de Benoist est un bon, un très bon. Ses nombreux passages sur France 2 n’ont fait qu’accélérer une notoriété aussi justifiée que méritée. Comme je l’ai dit plus haut, ODB a tout pour lui (ô qu’il est beau le débit de l’O… livier). Je pense qu’il va s’installer pour longtemps dans le peloton de tête de nos meilleurs comiques ; et Dieu sait qu’il y a de la concurrence.